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Hichem Jouaber, ancien associé de Capgemini Invent et directeur de groupes industriels, rejoint les équipes de BlueBirds en tant que Client Partner. Un pied en Europe, un pied au Maghreb, il sera en charge des secteurs automobile et pharmaceutique au sein de la communauté.
Des yeux pétillants, un sourire charmeur et un indéniable talent de conteur, Hichem Jouaber est un personnage affable. En ce premier jour de reconfinement tunisien, ce sémillant quinquagénaire est confortablement installé dans sa maison de Tunis. Chemise à carreaux et vapoteuse aux lèvres, difficile d’imaginer que l’homme a été directeur d’un groupe automobile, vice-président d’un groupe pharmaceutique et associé pendant plusieurs années du très influent cabinet de conseil Capgemini Invent. Il revient sur son parcours professionnel et personnel, avec humilité.
Hichem Jouaber sait ce qu’il vaut mais aussi que la chance lui a parfois souri. Comme au début des années 1980. Ce jour-là, Hichem débarque à Roissy avec en tout et pour tout une petite valise, quelques effets personnels, l’adresse du studio de son oncle aux confins de la région parisienne et 500 francs en poche (environ 70 € aujourd’hui). Une véritable fortune pour l’étudiant qui a grandi sous la dictature de Bourguiba, au milieu d’une fratrie de neuf enfants. « Il était tard, je devais me rendre à Boissy-Saint-Léger et je n’avais d’autre choix que de prendre un taxi. J’ai hélé un chauffeur et lui ai dit de rouler jusqu’à ce que son compteur affiche 50 francs maximum ; je ne pouvais pas dépenser plus. En route, je lui ai raconté mon histoire. Une heure plus tard, j’étais arrivé à bon port mais le compteur affichait 140 francs. J’ai payé sans sourciller même si je n’en menais pas large. Le chauffeur m’a rendu la monnaie et est parti. Quand j’ai regardé dans ma main, il m’avait rendu tout l’argent et y avait ajouté 200 francs. J’étais très touché. Nous sommes devenus amis. »
« Je n’ai rien à vous léguer, si ce n’est vos études »
Le Tunisien rejoint alors les bancs des Ponts et Chaussées pour préparer son diplôme d’ingénieur. En parallèle, il enchaîne les petits boulots : il donne des cours particuliers, sert des hamburgers ou rédige des chroniques de présentation de films. Dans la foulée, il passe un DEA en intelligence artificielle à l’Université Pierre-et-Marie-Curie. Toujours il travaille. Avec acharnement. C’est presque à se demander s’il dort… Une constance chez Hichem Jouaber : c’est un bourreau de travail qui ne dit pas son nom. « Mon père était préfet en Tunisie. Il est décédé quand j’avais 15 ans dans un accident de voiture avec l’un de mes frères. Il disait toujours « Je n’ai rien à vous léguer, si ce n’est vos études. » Ma mère — qui était pourtant illettrée et n’avait jamais travaillé de sa vie — a repris cet adage après sa mort. Aujourd’hui, ses enfants sont devenus professeurs d’université, médecins, institutrice ou prof de maths… » La pugnacité est une affaire de famille chez les Jouaber.
Fraîchement diplômé et déterminé, Hichem est engagé chez Bossard en 1988, cabinet qui fusionne avec CapGemini en 1997. Le jeune homme gravit les échelons un à un jusqu’à devenir associé à seulement 32 ans, en charge des sciences de la vie et des supply-chain/manufacturing. Boulimique de travail, il enchaîne les voyages d’affaires et les jetlag, comme d’autres avalent leur expresso le matin. Les missions sont passionnantes, pour ne pas dire exigeantes. Parfois, des deals sont bouclés sur le fil du rasoir. Au bout de dix-neuf années de collaboration fructueuse chez CapGemini, il décide pourtant de mettre les voiles. « Le cabinet voulait se recentrer sur son cœur de métier : l’informatique. Sincèrement, je n’étais pas plus emballé que ça et j’avais envie de voir autre chose, de rejoindre le monde de l’entreprise. »
Une double casquette
C’est ainsi qu’il devient en 2007 directeur du groupe automobile Valeo (130 usines à travers le monde), en charge du système de production. Il y passera sept années particulièrement enrichissantes. « L’expérience managériale m’a permis de voir l’autre bout de la lorgnette. En étant confronté aux enjeux du quotidien d’une grande entreprise, j’ai réalisé qu’on avait plus d’une fois dû me prendre pour un fou lorsque je travaillais en cabinet. Contrairement à ce qu’ils pensent, les consultants ne sont pas les seuls détenteurs de la vérité. Mon passage en opérationnel m’a permis d’adapter mes exigences et de rendre mes conseils plus en phase avec les réalités du terrain. Plus question de vivre dans une bulle. » En 2014, Hichem est chassé et part pour Londres. Il devient vice-président de GSK, groupe industriel pharmaceutique, avant de revenir poser ses valises à Paris en 2017, en tant que directeur chez AlixPartners.
Hichem aurait pu boucler la boucle et poursuivre ainsi jusqu’à l’âge de la retraite. Mais non. Comme beaucoup, le confinement de 2020 l’a poussé à l’introspection. « J’ai passé quatre mois enfermé seul. Croyez-moi, vous avez le temps de remettre les choses en perspective. » À la sortie du confinement : sa décision est prise. Il veut passer plus de temps avec sa famille, se consacrer à ses activités bénévoles en Libye et politiques en Tunisie (il a été candidat aux législatives) et arrêter de passer sa vie entre deux avions. « Peu l’avoueront : la vie de consultant est absolument exaltante — la définition même de la performance et de l’excellence —, mais elle est aussi littéralement épuisante. » Plus question de faire passer sa vie personnelle au second plan, comme il l’a parfois fait au cours de sa carrière. En bon workaholic, bien sûr, il est pour autant incapable de complètement mettre fin à ses activités. C’est ainsi qu’il a décidé de rejoindre la communauté de BlueBirds, en tant que Client Partner en charge des secteurs automobile et pharmaceutique. « Ma double casquette de consultant et de dirigeant d’entreprise me permet de comprendre très exactement les attentes à la fois des cabinets de conseil mais également des PME et grands groupes. »
Déborah Coeffier