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Delphine Nouvian, à la poursuite de la licorne

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La consultante et entrepreneure, spécialiste de l’innovation auprès des grands comptes et de la croissance des start-up et PME, partage sa vie entre la capitale et la Normandie. Une façon de trouver son équilibre dans une vie à 100 à l’heure pour celle qui s’investit passionnément pour ses clients et ses projets.

Au fond, Delphine Nouvian est une vétérinaire contrariée. L’idée résume bien le caractère de cette consultante, nerveuse et pétulante. Quand elle n’est pas à Paris pour rencontrer clients et prospects, elle passe son temps en Normandie à monter ses chevaux et à arpenter la nature. Arpenter ? Oui, puisqu’elle marche quelque 50 km tous les week-ends. Et quand elle rêve d’une autre vie, celle qu’elle se bâtira à l’heure de la retraite, elle s’imagine dans une ferme du Gers, à recueillir les animaux blessés et égarés.

Mais voilà, dans le milieu dont est issue Delphine, s’occuper des animaux n’était pas vraiment un métier. Non pas qu’elle ait été malheureuse durant son enfance et sa turbulente adolescence, mais ses parents ne l’ont pas encouragée dans cette voie. Et le temps qu’elle se lance par elle-même, il était trop tard pour passer les concours. Un peu dépitée, elle se tourne alors (sans conviction) vers des classes préparatoires et intègre dans la foulée HEC. “Il fallait bien faire quelque chose et je ne savais pas trop quoi. Une école de commerce m’est apparue comme la meilleure façon de m’ouvrir le plus de portes et de rester généraliste”, résume l’intéressée.

Plus créative que ses condisciples, elle se spécialise naturellement dans le marketing et rejoint le cabinet Accenture en 1996. “Honnêtement ? J’ai détesté. Pas le job, mais la façon dont l’entreprise était organisée. C’était trop cadré”. Par définition, Delphine s’épanouit là où elle trouve une forme de liberté dans l’exercice de sa profession. D’ailleurs, la quadra n’a pas vraiment le look de l’emploi. Cheveux en bataille, débit de parole pétaradant, regard pétillant sans aucun artifice… Elle ne correspond pas à l’avatar du parfait consultant. Avec sa rigueur et sa simplicité naturelles, son hyperactivité et son organisation millimétrée, on l’imagine plus à expérimenter dans un laboratoire de haut vol, que vissée devant un ordinateur à compiler les données.

Serial entrepreneuse

Elle rejoint le cabinet Altis en 1998. “À mes yeux, c’est le plus beau cabinet de conseil qui ait jamais existé. C’est d’ailleurs intéressant de noter que tous ceux qui y sont passés, ont suivi une trajectoire qui sort de la norme…” Elle participe à la création de Wanadoo et découvre l’univers balbutiant des nouvelles technologies. Quand Altis est racheté par Ernst & Young deux ans plus tard, Delphine se dit que c’est le bon moment pour faire autre chose. Pendant plusieurs années, elle vit ainsi : en enchaînant les missions et en intégrant différents cabinets. “J’ai du mal à rester en place. Dès que les choses sont un peu plan-plan, je préfère prendre le large”, affirme-t-elle décomplexée.

Impulsive et volontaire dans l’âme, elle décide fin 2006 de prendre le taureau par les cornes et de créer sa propre structure avec des associés : Cepheid Consulting, puis Ad’Just en 2010. Le principe est simple : d’un côté, elle travaille avec des partenaires privilégiés comme consultante ; de l’autre, elle monte des projets d’entreprise. “Je pense que fondamentalement j’ai un esprit d’entrepreneur. Être consultant est extrêmement enrichissant. Par essence, il s’agit de faire des recommandations et d’observer le marché. Être chef d’entreprise, c’est être aux commandes. Cela implique une grande responsabilité, mais c’est ce qui me plaît.” La soif de liberté de Delphine ne connaît pas de limites.

Recharger les batteries

Et pendant 13 ans, Delphine Nouvian va jongler entre ses deux profils. Si tout se passe bien en consulting, la vie comme lanceuse de projets est plus ardue. Souvent, le marché n’est pas encore mûr ou en plein retournement. Parfois, les partenaires ou les finances ne sont pas au rendez-vous. “Nous avons pu développer de manière assez poussée plusieurs concepts autour de la dépendance, l’intelligence artificielle ou la réalité virtuelle. Mais nous ne sommes jamais devenus une licorne.” Et c’est bien l’objectif de Delphine depuis toujours : devenir une licorne, être moteur de croissance et lever des fonds auprès d’investisseurs. Pour ça, elle ne ménage pas sa peine, ne compte pas ses heures, prend des risques, se montre audacieuse. Pour compenser ses hautes montées d’adrénaline et de stress, la workaholic pratique le sport à haute dose. Très hautes même. Jamais de transport en commun à Paris, elle préfère marcher. Plus les trois à quatre heures d’équitation le week-end. Plus la course. “Et en plus, je suis insomniaque ! raconte, hilare, Delphine. Le Kindle a sauvé mes nuits.”

Mais en 2019, Delphine décide de prendre du recul. Trop de déceptions et le besoin de faire une pause : « L’entrepreneuriat, c’est exaltant mais aussi source de frustrations. Surtout quand vous vous investissez pendant des années et que le travail ne paye pas comme vous le souhaiteriez. Quand il ne reste plus que 1000€ sur le compte de votre société, vous n’avez pas le temps d’attendre pour prendre les décisions qui s’imposent”, explique-t-elle pudiquement. Elle se recentre donc sur le consulting pour panser ses plaies et recharger ses batteries. Aujourd’hui, son quotidien oscille entre soutien à la croissance des start-up, stratégie marketing pour les PME et soutien à l’innovation des grands comptes.

De fait, elle garde une vue à 365° sur le marché, multiplie les activités et retrouve confiance en l’avenir. “Je suis en pleine réflexion pour des prises de participation sur différents projets. Et j’ai ma petite idée…” Désormais, Delphine Nouvian ne se rêve plus en licorne, elle projette de trouver l’animal mythique. Mais au fond, pourquoi une telle quête ? “Pour pouvoir acheter ma ferme dans le Gers, pardi !”

Déborah Coeffier