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Agnès Guillard

Basée au Maroc depuis onze ans, avec un carnet d’adresses à faire pâlir d’envie n’importe quel communicant en Afrique, l’enthousiaste indépendante accompagne les dirigeants et les entreprises dans leurs relations médias et le développement de leur notoriété sur les réseaux sociaux, devenu le nerf de la guerre.

La technologie fait vraiment des merveilles. Les frontières physiques et virtuelles sont abolies grâce à de simples écrans. En cette fraîche matinée du mois de novembre, Agnès Guillard, 47 ans, est tranquillement installée dans un fauteuil à Tanger et sirote un café. La mèche folle, les écouteurs aux oreilles. Naturelle et pourtant sophistiquée. L’ancienne attachée de presse parisienne, aujourd’hui basée à Casablanca, s’échappe le temps d’une interview de son week-end en famille.

Elle raconte sa vie en mêlant vraies confidences et discours parfaitement rôdé, preuve de sa grande maîtrise de l’exercice auquel elle forme au quotidien ses clients. “J’accompagne les dirigeants d’entreprise – des groupes hôteliers, des cabinets d’avocats… – dans leur prise de parole publique dans toute l’Afrique. Je soutiens aussi les institutions africaines comme des ministères qui cherchent un rayonnement international », résume-t-elle claire et concise. Entre deux rendez-vous avec la BBC Afrique ou Les Echos, elle se consacre au bénévolat. Elle met ses compétences et sa longue expérience au service de causes qui lui sont chères comme Lean In Morocco Chapter, un réseau féminin qui encourage les femmes à réaliser leur plein potentiel, ou encore l’association Je m’engage pour l’Afrique qui œuvre pour la construction des relations entre l’Afrique et l’Europe par la valorisation des innovations. Un quotidien qui est le reflet d’un parcours pas toujours linéaire, fait de déconvenues, de résilience et de jolies surprises.

Myriam Sander, son mentor

Tout a commencé pour Agnès Guillard un peu par hasard, il y a plus de vingt ans. Issue d’un milieu modeste et fraîchement diplômée d’une école de commerce après des classes préparatoires, elle se lance dans la production audiovisuelle en tant que free-lance. En parallèle, pour pouvoir payer son loyer et rembourser son prêt étudiant, la jeune femme travaille dans un restaurant gastronomique. Son employeur, qui gère six établissements, lui propose à brûle-pourpoint de s’occuper de la communication de tout le groupe. “J’avais zéro formation mais ça me plaisait. J’ai appris sur le tas en allant toquer à la porte des journaux.”

Cette première expérience lui permet de décrocher un stage à l’agence Go Public, que Myriam Sander vient tout juste de créer. Trois mois vont se transformer en cinq années. “Myriam a été un véritable mentor. Elle m’a tout appris. Elle avait un aplomb, une audace, une grande gueule… Bref, tout ce que je n’étais pas et on formait une super équipe !” L’entreprise florissante est rachetée en 2006 par Le Public Système. Agnès est alors bombardée responsable des relations médias et encadre une équipe de 25 personnes. Elle travaille pour Vinci, Accor, le Musée Grévin… L’aventure est fantastique mais la roue du destin va s’en mêler.

Son “serial entrepreneur” de mari se voit offrir une opportunité au Maroc. Le couple et ses deux filles décident alors de tenter l’aventure de l’expatriation en 2010. De fait, ils ne sont jamais repartis. En s’installant à Casablanca et en découvrant un nouveau pays, une nouvelle mentalité et un nouveau continent, Agnès se lance également dans le conseil en communication stratégique comme indépendante. La gastronome qu’elle est découvre l’artisanat et les produits du terroir marocains, des trésors véritablement inconnus du grand public à l’époque. “C’est étrange de se dire qu’en France au tournant des années 2010, personne ne connaissait bien l’huile d’argan ou certaines épices. Je trouvais ça fou que des produits d’une telle qualité ne soient pas vendus en Europe.” L’explication est pourtant simple : des packaging qui n’attirent pas l’œil, une chaîne de conditionnement encore balbutiante, peu de traçabilité… Avec un associé et la cheffe Meryem Cherkaoui, passée par l’école Bocuse, Agnès s’associe en 2013 à Dima Terroir Maroc, une marque d’épicerie fine qui aide les artisans marocains à exporter leurs produits que ce soit du safran, de l’huile d’olive du Rif, de la fleur d’oranger… “C’était génial, ça me prenait une énergie folle. Mais Dima, c’était dans mes tripes”, confie la quadragénaire.

La food et les femmes

Pourtant, la roue du destin va encore tourner en 2013, alors que Dima Terroir est sur le point d’être lancé. Ses anciens supérieurs du Public Système appellent Agnès pour lui proposer de prendre la tête de leur nouvelle filiale africaine à Casablanca : Hopscotch Africa. Comment dire non ? Comment dire oui ? Le défi est beau, les embûches nombreuses mais Agnès tente l’aventure. “Pendant cinq ans, j’ai dirigé le bureau en faisant le lien avec Paris. Autant vous dire que les nuits ont parfois été courtes”, s’amuse Agnès Guillard.

Mais derrière le sourire assuré de la consultante, on devine aussi des épreuves et des remises en question. En 2019, fatiguée et en proie aux doutes, elle décide de prendre du temps pour elle. “En toute sincérité, j’ai eu peur de ne plus aimer mon métier à un moment.” Mais non l’étincelle est toujours là, intacte. Il suffit juste de la raviver pour qu’Agnès reprenne du poil de la bête. Mais en solo cette fois. Elle lance alors Sila Collective Consulting. En plus de son travail quotidien auprès des chefs d’entreprise, la consultante s’attelle à faire émerger de nouveaux visages, notamment celui des femmes. “On voit trop de plateaux télé où il n’y a que des hommes. Mais pourquoi ? Parce que les femmes vivent constamment avec le syndrome de l’imposteur. Elles ont l’impression que si elles ne maîtrisent pas un sujet parfaitement, elles ne sont pas légitimes. Alors que 99% du temps, à compétences égales, elles maîtrisent mieux que les hommes.” Alors Agnès s’est donné pour mission de lutter contre l’invisibilité des femmes et sillonne les écoles pour dire que oui, il est possible de diriger un foyer et de faire carrière en même temps. Elle va à la rencontre de femmes, jeunes et moins jeunes, pour les aider à faire valoir leur identité, faire entendre leur voix mais aussi contribuer à faire émerger de nouveaux “role model” féminins.