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Indépendante avant-gardiste, Marion Pelletier accompagne grands groupes, PME-ETI et start-ups dans leurs projets de transformation RSE. Pour quelques jours ou plusieurs années. Aussi bien dans des missions de conseil, de management de transition ou de coaching.
« Ça fait dix ans que j’ai le meilleur job du monde ! » À voir l’œil pétillant et épanoui de Marion Pelletier, on se dit qu’elle a sans doute raison. Dans sa maison des Landes, planches de surf au-dessus des armoires, l’indépendante sirote de l’eau à même sa gourde. Quand on lui demande quel est son métier, la réponse fuse : « J’en ai plusieurs. En plus, j’en invente régulièrement », sourit-elle. Il serait réducteur de résumer par une formule galvaudée ses activités. Les anglo-saxons parlent de « portfolio career », mais là encore l’expression est trop simpliste.
Marion Pelletier accompagne les organisations — du grand groupe à la start-up, en passant par les PME-ETI — dans tout ce qui touche de près ou de loin à l’impact ou à la RSE (Responsabilité sociétale des entreprises). Un exemple ? Depuis peu, elle travaille sur la certification B Corp, un label international qui a pour ambition de concilier pérennité économique et intérêt collectif dans les entreprises. « Je crois profondément au fait qu’une entreprise a une raison d’être et doit la garder. Cette idée me vient sûrement de mon grand-père qui a été un grand patron d’entreprise. Les dirigeants devraient toujours se poser la question : à quoi sert mon organisation et au service de qui est-elle ? La simple optimisation de valeur économique ne peut pas être l’unique finalité. C’est comme ça qu’on finit par multiplier les bullshit jobs et les burn-out. » Marion Pelletier a le verbe haut et l’éloquence de l’intelligence.
Mais au-delà de la simple prise de conscience, l’aide de Marion aux entreprises qui cherchent à repenser leur stratégie se veut concrète. « J’utilise souvent cette métaphore : quand les entreprises ont lancé leur transformation digitale, elles ne se sont pas contentées d’investir dans un logiciel, elles ont dû complètement se réinventer. C’est ce que je les aide à faire avec la RSE. » Dans un monde de plus en plus complexe, remettre du sens là où il a tendance à s’effacer n’est pas toujours une partie de plaisir. Il faut savoir mettre des mots sur les maux, tout en restant constructive, composer avec une résistance naturelle au changement, s’adapter et inventer de nouveaux processus qui n’ont de raison d’exister que dans une structure singulière… Bref, mettre les mains dans le cambouis. Pas le genre de missions à effrayer la très adaptable et débrouillarde quadra.
Marion Pelletier est de ceux qui se sont faits seuls. « Bizarrement, je me considère comme une autodidacte alors que j’ai fait beaucoup d’études. » Après un parcours classique « maths sup – maths spé – école d’ingé », la jeune femme décide à 24 ans de prendre une année sabbatique et de partir en Inde, à une époque où un tel projet était considéré comme téméraire et un peu fou. « Je voulais aller au bout d’une démarche entamée quand j’étais lycéenne et engagée dans divers projets associatifs. On dit toujours que quand on donne beaucoup, on reçoit beaucoup plus. Cette notion m’interpellait et je voulais l’expérimenter de manière plus approfondie. » Sur place, elle travaille comme formatrice en informatique dans un orphelinat « dans un hameau où il n’y avait l’électricité qu’une heure ou deux par jour », crée le site internet d’un centre de formation pour Intouchables, travaille aussi dans un centre pour enfants handicapés à Calcutta, réalise mille tâches parfois insignifiantes et pourtant essentielles. L’expérience va la marquer profondément même si elle mettra plusieurs années à réaliser l’importance de ce voyage initiatique.
En rentrant en France, elle intègre comme consultante un petit cabinet appelé à disparaître. Lâchée sur le terrain, presque sans hiérarchie et sans bureau, elle apprend sur le tas et travaille plus comme une indépendante qu’une salariée. Deux ans plus tard, elle fonde sa propre structure de conseil en stratégie et fait des choix radicaux. Elle travaille de chez elle quand le mot télétravail n’existe pas encore, accepte d’être moins payée si elle juge le projet intéressant, collabore aussi bien avec des banques que des associations caritatives… « En Inde, où le rapport au temps, à l’argent ou à la hiérarchie sont très différents, j’ai appris à penser en dehors du cadre, à prendre les normes pour ce qu’elles sont : des règles qui ont un sens mais dont on peut parfois, avec discernement, s’affranchir. Par exemple, le salariat comme modèle unique d’engagement dans une organisation. » Parallèlement, elle continue à se former et déroche un MBA à l’Insead en 2007, avant de passer trois ans très formateurs chez Roland Berger. Mais l’appel de l’indépendance est trop fort et Marion reprend sa liberté pour se consacrer exclusivement à ce qui la passionne vraiment : l’impact et la RSE.
Aujourd’hui, Marion consacre une bonne partie de son temps au bénévolat et travaille uniquement sur des projets qui l’intéressent, avec des personnes dont elle partage « les valeurs mais pas toujours les opinions ». D’ailleurs, elle vient de cofonder une association en Belgique : The Pond & The Waterfalls, dont la finalité est d’accompagner les projets philanthropiques et les collaborations polyphoniques, aussi bien sur les questions du sans-abrisme, des migrations ou de la protection de la biodiversité… « On sait que pour régler des problèmes de société à la source, il faut faire collaborer les entités : entrepreneurs sociaux, pouvoirs publics, associations plus classiques et entreprises privées. Pourtant, tous ne parlent pas la même langue, n’ont pas la même analyse du problème ou les mêmes ambitions pour le résoudre. Pour réussir, ils doivent apprendre à s’écouter. C’est facile à dire, difficile à mettre en œuvre. Autour d’une table, il y a ceux qui parlent à tort et à travers, ceux qui n’arrivent pas à s’imposer, ceux qui sont réticents… Le but est de les faire collaborer au-delà de la simple prise de conscience. » Avant-gardiste et pragmatique toujours.