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Portrait Juin 2021

Fabien Chalot

Après une formation d’ingénieur aux Mines et une première vie dans l’industrie aéronautique et dans le conseil en stratégie, Fabien Chalot a fondé son cabinet de consulting en stratégie et en management en 2013 à Marseille. Aujourd’hui, il travaille avec ambition au développement de son entreprise aux côtés de ses deux collaborateurs.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que Fabien Chalot a la bougeotte. Aussi bien à son bureau que dans la vie. L’homme nerveux et sec parle vite. Très vite. Il retrace sa vie à la vitesse de l’éclair, fait une pause pour s’assurer que je suis bien harnachée et repart de plus belle. « C’est vrai qu’on me dit souvent que je ne sais pas m’arrêter, sourit malicieusement le jeune quadragénaire. Je suis du genre à fêter la signature d’un contrat en me demandant quel prospect rappeler pour en signer un autre [rires]. Mais promis, je me soigne ! »

Doué et intéressé par les sciences, le parcours étudiant de Fabien Chalot passe par des classes préparatoires qui lui permet d’intégrer les Mines. « Dès la 4e, j’ai compris que je voulais comprendre la mécanique des choses et me rendre utile. Même si ma mère a travaillé dans la recherche scientifique, cela ne m’intéressait pas plus que ça. J’aime la science appliquée. Forcément, l’ingénierie était une évidence. » Son diplôme en poche, il rejoint les rangs de Sagem en 2002 (qui deviendra plus tard le groupe Safran). Il enchaîne les missions et grimpe rapidement les échelons. Rappelez-vous Fabien Chalot aime le mouvement. « J’ai besoin de me challenger au quotidien. Je ne supporte pas de tourner en rond. J’ai donc continué à me diversifier jusqu’à devenir un archétype du généraliste. Je pense que c’est une vraie force. »

Sa carrière est belle et bien lancée. Sauf qu’en haut lieu, on décide de freiner les ambitions des jeunes loups de l’entreprise et Fabien fait partie du lot. « J’ai postulé chez la concurrence mais franchement, ça ne faisait pas rêver. » Dans la foulée, il croise un vieux copain d’école d’ingénieur, lui-même consultant au BCG (Boston Consulting Group), qui lui propose d’intégrer la boucle des recrutements. « Comme beaucoup, j’avais une opinion réservée sur les consultants. Ceux qui quittaient les entreprises pour rejoindre ces structures, c’étaient ceux qui avaient des dollars dans les yeux et les dents qui rayaient le parquet… » Six entretiens plus tard, le BCG lui offre un emploi en or et une bouteille de champagne. Fabien Chalot se jette à l’eau. « Quand j’ai vu le niveau d’exigence, la rigueur du processus de recrutement, je n’ai pas hésité. »

D’une idée fumeuse à la modélisation 3D

Au BCG, il apprend à travailler sous pression, dans l’excellence et la rapidité. Il passe du coq à l’âne au gré de ses missions. Ici, il faut que ça pulse et c’est ce qui lui plaît. « Je sais que ce que je vais dire est étonnant mais les consultants ont l’innovation dans le sang. Ils veulent faire bouger les lignes et aider leurs clients à se développer. On pourrait même dire que certains rêvent de changer le monde, avec conscience et dans le respect des valeurs humaines, bien loin de la caricature qu’on veut leur imposer. » Le plus beau souvenir de Fabien dans ses premières années de conseil ? Quand, à partir d’une simple étude de marché abstraite qui affirmait qu’il fallait développer de petites usines au niveau local pour assoir la stratégie industrielle d’un client, il développe un projet opérationnel en quelques semaines. En trois mois à peine, un projet complètement innovant prend forme. « À partir d’un concept très théorique, on a réussi à fournir au client des plans d’usine avec modélisation 3D, une liste du personnel à recruter, des solutions pour veiller à la sécurité des installations… Hyper concret ! »

Le travail est certes passionnant mais une nouvelle opportunité se présente. En 2010, l’épouse de Fabien décroche un job à Marseille. Le couple décide de laisser la grisaille parisienne pour le soleil du Sud de la France. Lui quitte son poste au BCG sans y réfléchir à deux fois et sans arrière-pensée, confiant en ce que l’avenir lui réserve. Bien sûr, comme beaucoup, il pense à l’entrepreneuriat mais sans trop savoir sous quel angle aborder la chose. En attendant, il réalise plusieurs missions pour un petit cabinet de la région. « J’ai réalisé que le bagage méthodologique que m’avait apporté le BCG n’avait pas son pareil et j’ai commencé à prendre confiance en moi. » Quelques mois plus tard, le consultant est embauché par Airbus Helicopters. Mais il ne s’y retrouve pas du tout. « J’étais extrêmement frustré de la lenteur des processus de validation et d’exécution. Et puis, je n’arrêtais pas de penser à ce que m’avait dit un copain : que ça n’irait pas pour moi tant que j’aurai un patron. » Il pose sa démission. Nous sommes fin 2013.

« J’aime être aux commandes, mais je n’ai jamais eu envie d’aller plus loin seul »

De nouveau sur le marché du travail, Fabien Chalot fait le tour des options qui s’offrent à lui et décide de lancer Gjoa Conseil, en hommage à l’humble bateau de pêcheur qui a permis à l’explorateur Roald Amundsen de rallier le premier les océans Pacifique et Atlantique en passant par le nord du Canada en 1903. « L’idée de départ était très simple : mettre mes compétences et tout ce que j’ai appris en tant que consultant au service des entreprises de la région PACA. » Immédiatement, il fonde sa société avec l’ambition de recruter et décide de se spécialiser dans le conseil en stratégie. « J’aime être aux commandes, mais je n’ai jamais eu envie d’aller plus loin seul. »

Sept ans plus tard, son entreprise compte deux collaborateurs permanents et de multiples collaborateurs indépendants. « Je n’aime pas l’approximation et c’est vrai que je suis exigeant. Autant avec moi-même qu’avec les autres. Je crois aussi que je suis un passionné qui a la force d’entraîner les autres et de leur insuffler l’énergie nécessaire pour aller plus loin. J’ai toujours soif d’avancer. » Toujours en pleine ébullition, toujours à la recherche d’une nouvelle idée ou d’un projet avant-gardiste, Fabien Chalot ne semble jamais s’arrêter. Cette énergie débordante, il l’alimente aussi dans le mouvement : de la randonnée en montagne aux voyages au fin fond du Mozambique. Hyperactif passionnément.

Par Déborah Coeffier