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Edito Novembre 2020 : Trois petits mots

Trois petits mots

Parmi les passions qui nous ont permis de nous trouver comme associés Ghita et moi, c’est le « future of work ». Pour nous, ces trois petits mots, c’est l’idée que le travail a un sens explicite, qu’il doit être source d’épanouissement et qu’il s’exprime le mieux avec un haut degré d’autonomie que l’on soit indépendant, salarié ou entrepreneur. Pas une semaine ne se passe sans que nous vivions le sujet et que nous apportions notre pierre à l’édifice avec nos clients, les membres de la communauté, l’équipe et tous nos partenaires.

85% des métiers de 2030 n’existent pas aujourd’hui nous dit Isabelle Rouhan dans son livre Les Métiers du Futur. Le chiffre de 85% est vraisemblablement surestimé. Mais nous serons tous d’accord sur un point : il faut former nos jeunes pour qu’ils se préparent au marché du travail qui se transforme à vue d’œil. Dessiner le monde du travail de demain, c’est évidemment construire l’école d’aujourd’hui. Et l’école, elle, se transforme mal ou pas assez vite.

Ils sont légions les rapports, livres, classements nous racontant les maux de l’Education Nationale. La dernière étude PISA montre que la France est dans la moyenne de l’OCDE, mais affiche parmi les plus grandes disparités de performance selon les milieux sociaux-économiques. Le rapport de l’OCDE de l’étude de 2018 est ici.

Le niveau de sortie d’un étudiant contribue beaucoup à ses capacités d’adaptation au monde qui l’attend. Mais il ne fait pas tout. Nos gouvernants l’ont compris en renommant le Ministère de l’Instruction Publique en 1932. « D’instruction », nous sommes passés à « Education » et le mot « publique » a cédé sa place à « nationale ». L’éducation à l’école est une partition qui se joue à trois : l’élève, le professeur – et par extension son administration – et les parents. C’est ce qui rend cette mission si compliquée et si belle à la fois : chaque élève est unique, chaque professeur a ses compétences spécifiques et tous les parents de la Terre, bien qu’appliquant des méthodes différentes, pensent donner la meilleure éducation qui soit à leurs enfants. On éduque ses enfants comme on les aime : du fond du cœur et à notre manière, unique elle aussi.

La tragédie de Samuel Paty, et la semaine dernière celle de Nice, ne font que nous rappeler à quel point l’Education Nationale doit se réinventer pour ancrer les valeurs de liberté, solidarité, mais aussi de tolérance dans le quotidien des français et des étrangers de toutes religions et cultures. Ces deux tragédies ont choqué et ont été condamnées dans le monde entier. L’heure doit être à la solidarité et à la tolérance. Notre équipe multiculturelle NC Partners On Demand, basée en France et au Maroc est tous les jours dans cet esprit : pour nous, la lutte contre l’individualisme, la tolérance, et l’amitié entre les peuples et les cultures ne sont pas des vains mots, ils sont une réalité. Nous préférons donc, s’il le fallait, communiquer sur ces valeurs rappelées par cette publicité danoise touchante.

L’Education Nationale n’en reste pas moins nationale et c’est peu de dire que le chemin sera long avant qu’elle ne retrouve ses lettres de noblesse. Tout ou presque est à revoir. Anne-Sophie Nogaret, professeur de philosophie et écrivain, croit que nous sommes déjà en train de sombrer dans son livre Du Mammouth au Titanic, la déséducation nationale. Un immense chantier est devant le pays qui pourrait se résumer en trois mots : vérité, paix et courage.

La vérité tout d’abord. Toute vérité est bonne à dire nous disait dans son ouvrage éponyme Claude Allègre, ancien Ministre de l’Education Nationale entre 1997 et 2000. Il inspira Mme Nogaret en comparant le Ministère qu’il dirigeait à un mammouth. L’expression, malheureuse, fût interprétée comme sa volonté de diminuer le nombre de professeurs. Il voulait surtout diminuer le poids de l’administration centrale au profit du terrain, les professeurs, dont on sait aujourd’hui qu’ils sont sous-rémunérés. Le salaire moyen d’un enseignant débutant au lycée en France est de ~30K€ contre 60K€ en Allemagne, source Eurydice 2018-2019… Ils sont nombreux ces métiers comme l’enseignement où la République doit réconcilier vocation et rémunération. Chercher en vérité et donc en toute objectivité les maux de l’Education Nationale, voilà le premier défi pour nos jeunes, leurs parents et les entreprises qui les attendent.

La paix ensuite. Dire les choses telles qu’elles, les ancrer dans le réel, en identifier les racines seront immanquablement source de disputes. Et alors me direz-vous, nous sommes déjà les champions mondiaux toutes catégories dans le domaine ?

Mais au fond, nous sentons bien que le sujet est plus lourd, plus profond et que nos vieilles querelles ressemblaient davantage à celles du village d’Astérix que celles que nous nous apprêtons à affronter. Les tensions que nous évoquons ci-dessus illustrent l’impérieuse nécessité de rechercher les conditions d’un dialogue apaisé dans l’adaptation de l’Education Nationale au monde d’aujourd’hui et de demain. La relation aux parents d’élèves est par exemple un autre chantier source d’incompréhensions. « Le problème vient aussi parfois des familles. Il faut donc retrouver cette règle d’airain : les parents ne se mêlent pas de pédagogie » rappelait chez Midi Libre M. Blanquer, actuel Ministre de l’Education Nationale. Soit, mais le programme pédagogique lui-même est à réécrire dans plusieurs domaines tant il a été déconstruit dans plusieurs matières ou laissé à l’interprétation des professeurs. Les programmes pédagogiques sont devenus un champ de bataille idéologique alors qu’ils ne devraient qu’être un champ d’accès à la connaissance. N’en déplaise à M. Blanquer et à ses futurs successeurs, ils devront composer de façon croissante avec des parents de plus en plus organisés pouvant agir en temps réel pour le meilleur et pour le pire. Le confinement a obligé les parents à s’inviter en classe, c’était déjà une tendance lourde qui ira en s’intensifiant.

Le courage enfin. En France, on aime les mots. Les mots font partie de notre identité, de notre histoire, de notre culture. Nos géniaux écrivains les ont posés sur des papiers depuis des siècles. Nous les lisons encore (de moins en moins à l’école, cela aussi nous pourrions y remédier) : près de 7h00 par semaine. Nous les aimons tant que nous accouchons de plus de 100 000 nouveaux livres par an contre 400 000 par la Chine, n°1 mondial. Je vous laisse calculer le nombre de livres écrits par habitant, voilà un domaine où nous sommes encore loin devant les Chinois ! Mais reconnaissons qu’il y a un domaine où nous avons beaucoup à apprendre de ceux qui font le monde d’aujourd’hui : l’action.

Vérité, paix et courage. Trois petits mots comme dans « future of work » … Trois petits mots pour construire l’éducation de nos enfants.

Ghita & Martin