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Younès Bouazzaoui, sérénité assumée

L’ingénieur de formation s’est spécialisé dans l’accompagnement les entreprises sur la performance de leurs processus opérationnels, ainsi que l’optimisation de leur chaîne logistique ou supply-chain.

Younès Bouazzaoui est un caméléon qui s’ignore. Avec sa barbe taillée au millimètre près et ses petites lunettes cerclées, il pourrait aisément passer pour un scientifique. Avec sa veste de costume passée sur un tee-shirt, ses mains fines et sa chevelure épaisse et noir de jais, il pourrait faire croire qu’il occupe un poste dans le monde de la culture. Il faut dire qu’il fut un temps directeur des opérations d’un hôpital parisien et reste un guitariste passionné (le genre qui trimballe sa gratte absolument partout, même en voyage d’affaires). Passionné de rock progressif, Younès pratique tous les jours quoi qu’il arrive sur l’une de ses nombreuses guitares. L’explication est peut-être là.

Posé, concis, concentré, l’homme de 36 ans évalue son interlocuteur avant de se dévoiler. À la fois par pudeur et par prudence. Younès Bouazzaoui est quelqu’un de réfléchi, qui manie les mots avec élégance et subtilité et qui sait s’adapter à son auditoire. Consultant indépendant depuis plus de quatre ans, spécialisé dans la supply-chain, il apporte conseils et méthode d’organisation aux entreprises. “C’est un domaine de niche, complexe, qui demande de l’expérience et de l’agilité. Il y a très peu de solutions clés en main. Pour proposer une feuille de route opérationnelle de qualité et une stratégie ciblée, il faut montrer des capacités d’analyse et s’adapter aux réalités du terrain. C’est pour cette raison que je ne travaille pas pour un secteur de l’économie en particulier”, résume-t-il. Il revendique une expertise métiers, plutôt qu’une expertise sectorielle et jongle au quotidien avec cinq à six missions en même temps. “J’ai une visibilité généralement comprise entre 3 et 6 mois selon les missions et pourtant, je vois l’avenir avec sérénité”, s’amuse-t-il. Il est vrai qu’on a rarement vu un consultant aussi bien dans ses baskets. Aussi à l’aise dans sa vie personnelle que professionnelle.

L’ingénierie plutôt que la médecine

Pourtant, sur le papier, l’indépendance n’était pas une évidence pour Younes Bouazzaoui. Fils d’un couple de diplomates, il grandit à Casablanca, au Maroc, et passe par le lycée Lyautey – où ses camarades de classe sont conduits à l’école en voiture avec chauffeur quand lui arrive à pied. Il débarque en France en 2006 pour se lancer dans des études de médecine sans conviction certaine. “J’ai surtout fait comme mon frère. À la fin de la première année, mon classement était honorable. J’ai hésité à redoubler mais j’ai finalement décidé de revenir à mes premiers amours et à l’ingénierie”. Problème : impossible pour lui d’intégrer des classes préparatoires un an après le bac. Seule solution : passer un BTS et tenter de passer les concours d’école d’ingénieurs par une voie passerelle. Un pari franchement osé mais qui a payé.

En 2009, le jeune homme intègre l’UTC de Compiègne, l’une des dix meilleures écoles de France. Un vieux rêve d’enfant l’a poussé dans cette direction : dessiner des voitures.

“En fait, cela ne me correspondait pas du tout. En revanche, je me suis découvert une passion pour le management ou encore l’optimisation industrielle. C’est à cette période que j’ai découvert le monde de la Supply Chain”, analyse l’intéressé. Une discipline qui le suivra dans toute sa vie professionnelle.

La vraie vie en guise de troisième cycle

Son diplôme en poche et après un passage en 2013 aux Arts et Métiers de Lyon, il intègre un cabinet de conseil. Younès qualifie cette période de sa vie de “troisième cycle”. Il apprend à canaliser sa créativité, à faire des ponts entre les disciplines et les sujets. Un apprentissage et des méthodes qu’il utilise encore au quotidien. Récemment encore, pour un client dans l’agro-alimentaire, il s’est servi de ses connaissances dans la logistique aéronautique. “J’ai longtemps pensé que cette capacité à utiliser tel process spécifique à un secteur de l’économie et à l’appliquer ailleurs, tout le monde le faisait. Mais non. C’est ensuite que j’ai réalisé que c’était un atout et une façon de réfléchir pas si commune”, souligne Younès. 

Après trois années, Younès rejoint la direction d’un hôpital de région parisienne en tant que responsable des opérations et membre du comité de direction. Pendant deux ans, il gère flux de patients, d’informations et autres plateaux techniques. Son travail est remarqué et il reçoit une proposition d’un cabinet de consultants aux méthodes novatrices qu’il accepte. Pendant plusieurs mois, il développe des grands comptes dans le secteur de la santé, avant de devenir un collaborateur freelance de la structure. Un peu par hasard. “La situation s’est imposée à moi et en chemin, je me suis rendu compte que cela me correspondait vraiment. Comme tout le monde, j’ai fait des erreurs au départ mais grâce à cela, j’ai trouvé une forme d’équilibre. J’ai grandi professionnellement. Je me suis épanoui personnellement.” Et finalement, est-ce que ça ne serait pas ça l’indépendance ? L’équilibre et la liberté retrouvée d’être soi-même.

Déborah Coeffier