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Edito juillet 2021 : La tech et les autres

Ceux qui nous lisent régulièrement savent l’importance que BlueBirds attribue aux mesures macro-économiques. Une société ne grandit pas sans un environnement favorable. Maintenant que la France est pleinement entrée dans la campagne présidentielle, la question mérite d’être posée de nouveau : comment favoriser le développement des entreprises, et donc de l’emploi, en France ?

Deux événements récents sont venus apporter quelques réponses : la dernière édition de Vivatech et le rapport d’Olivier Blanchard et Jean Tirole sur les « Grands Défis Economiques » remis au Président Macron.

Vivatech nous rappelle quelques évidences, entre autres que les jeunes pousses d’aujourd’hui sont les champions de demain. Les entreprises de la French Tech sont désormais utilisées par un Français sur deux tous les mois. Avec 5 milliards d’euros l’année dernière, la France est devenue le premier pays hôte des investissements dans la tech en Europe. Dans son intervention lors de l’événement, le Président rappelle que la France dispose du premier des facteurs clés de succès à l’émergence des champions de demain : les talents. Et que notre premier défi est de former de nouveaux talents, de les garder et d’en attirer venus de l’étranger. Tout dirigeant sait qu’une bonne stratégie et un bon plan d’actions ne peut être entrepris qu’à la condition d’un capital humain à la hauteur. Cela fait du bien de l’entendre de la part du premier d’entre eux. C’est un peu en somme ce que BlueBirds propose à ses clients.

Le deuxième défi d’après le Président est la mobilisation des financements. L’argent ne manque pas : fonds, cabinets de conseil, banquiers, avocats, ont rarement autant travaillé qu’en ce moment à leur activité de M&A.  Mais 8 sur 10 des plus grandes levées récentes ont mobilisé des capitaux américains. Cela rappelle un slogan immortalisé par le Président Giscard d’Estaing qui, pour convaincre du changement d’heure, nous disait en 1976 : « En France, on n’a pas de pétrole, mais on a des idées ». Il dirait peut-être aujourd’hui : « En France, on a des projets, mais on n’a pas de capitaux » ! Si vous n’étiez pas à Vivatech, je vous invite à écouter la longue intervention du Président Macron. Elle est ici.

Malgré l’impact que nos champions de la tech ont sur notre quotidien et malgré leurs succès, ils forment une base encore faible de l’emploi en France.  Les entreprises du Next40-FrenchTech120 représentent 160.000 emplois directs et indirects. Nos bonnes vieilles TPE, PME et ETI comptabilisent quant à elles 10 millions de salariés environ sur les 14 millions que compte le pays. Il faut bien évidemment tout faire pour favoriser l’émergence de nos champions de demain, mais il faut donc aussi et surtout favoriser le développement de nos TPE, PME et ETI. Les dirigeants des grands groupes qui nous lisent ne s’en offusqueront pas j’espère.

C’est là que le rapport Tirole et Blanchard intervient. Nous passerons les critiques des uns jugeant le rapport néo-libéral (MediaPart), des autres s’offusquant de l’absence de certains économistes (l’AFEP), d’autres encore regrettant que seuls des économistes aient participé à la construction dudit rapport (le Monde) ou enfin que certains enjeux aient été mis de côté comme la biodiversité (Nicolas Hulot). Dans une certaine mesure, ils ont tous leur part de vérité. Moi qui suis un amoureux de la nature, je me rangerais volontiers du côté des voix de l’ancien Ministre de la Transition écologique et solidaire.

Dès lors que le parti pris des auteurs était assumé, reconnaissons en premier lieu la qualité mondiale des membres de l’équipe. Et s’agissant du périmètre de réflexion, incomplet certes mais assumé lui aussi, on ne peut remettre en cause la nature des défis traités : le changement climatique, les inégalités économiques et le défi démographique.

Alors que retirer de ce rapport « boîte à outils » comme le qualifie ses responsables ?

D’abord qu’il est un peu long. Qui s’amuse à lire 510 pages en dehors de quelques conseillers, experts ou curieux amateurs de macro-économie ? Certainement pas les Français qui sont les premiers concernés.

Sur le fond, « ces trois défis sont des bombes à retardement. Leurs effets immédiats sont bien plus faibles que leurs effets de long terme, ce qui incite les décideurs à temporiser » nous disent Olivier Blanchard et Jean Tirole. Parler économie long terme implique de parler société et donc politique. Les sensibilités de chacun s’imposeront au moment du passage aux urnes. Traiter les grands défis économiques à venir implique donc de penser la manière avec laquelle les démocraties, ici la France, s’impliqueront dans le temps long.

C’est peut-être ici ce qui nous a semblé manquer dans le rapport : l’adaptation des règles démocratiques pour répondre aux enjeux économiques long terme. Comment revoir le fonctionnement de notre vieille démocratie pour faire face à des défis qu’il faudra traiter dans la durée et donc sur plusieurs quinquennats successifs ? La création d’un Haut-Commissariat au Plan va dans le bon sens, mais cela ne suffira pas. Les alternances politiques risquent au mieux de ralentir les effets des réformes successives à venir ou pire, de s’annuler les unes les autres. C’est particulièrement vrai en matière d’environnement où deux grandes sensibilités sont en train de se dégager. L’une d’elle oppose environnement et développement économique, l’autre tente de les concilier. Nous l’évoquions dans cette même lettre le mois dernier.

La tech d’aujourd’hui sont les « idées » de l’époque du Président Giscard d’Estaing. Faisons-les grandir. Et n’oublions surtout pas les TPE, PME et ETI qui ont toujours été et seront toujours le premier vivier du développement économique du pays.

Martin