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Edito Décembre 2020 : 15 jours, 15 semaines et 15 ans

15 jours, 15 semaines et 15 ans

2021 est à notre porte et c’est tant mieux ! Encore 15 petits jours. Pour nos aînés, pour nos enfants, pour ceux qui souffrent de la maladie ou la craignent, le temps aura été particulièrement long, il fallait que tout cela s’arrête. C’est la première promesse de 2021 et de ses vaccins !

Individuellement ou collectivement, notre vie aura changé cette année. L’Histoire avance parfois par à-coups, cette année exceptionnelle le confirme, ni plus ni moins. Il n’y aura vraisemblablement pas de « monde d’après », mais nul doute que 2021 et les années qui suivront seront marquées par les huit mois de folie que nous venons de passer.

Notre rapport au temps aura vraisemblablement fait partie de ces changements cette année. Vous qui nous lisez avez des agendas remplis de rendez-vous se succédant les uns les autres. Y trouver une place soudaine est une gageure. Les visios sont devenues la norme et nous commençons à en mesurer les effets. Là où un meeting durait une heure, il dure parfois 30 à 45 minutes. Et nous enchaînons. Nous allons plus vite.

A cette accélération de notre temps propre, l’automatisation en cours de tout ce qui peut l’être accélère la valeur ajoutée de nos entreprises par unité de temps et revisite le marché du travail. Le thème ne date pas de 2020, il est largement documenté. Le World Economic Forum évoque plusieurs scenarii liés à l’automatisation de notre économie. C’est ici. Pour NC Partners On Demand, 2020 aura marqué le positionnement fort de la communauté dans le digital et la data. Les méthodes agiles ont-elles-mêmes incorporées l’accélération du temps dans leur vocabulaire. Peut-on faire plus explicite que le « sprint » ? Notre dernière découverte en matière de robots, certes anecdotique mais non moins intéressante est Flint. Allez voir !

Enfin, l’envie de maîtriser le temps long fait son retour, peut-être justement pour canaliser l’accélération du même temps. Rares sont maintenant les entreprises avec un BP à 5 ans. Elles préféreront 3 ans tant l’avenir est difficile à prévoir. Le processus budgétaire devient de plus en plus continu et les dirigeants savent désormais que l’agilité ne s’applique pas seulement aux projets informatiques. C’est toute l’entreprise qui est concernée. Nous-mêmes, nous savons bien qu’il faudra montrer beaucoup de souplesse dans la conduite de notre carrière et que rien n’est jamais acquis. Qu’en est-il des Etats ?

Dans les Echos du 26 novembre, M. Gallois se prononce en faveur d’un plan et du nouveau-né haut-commissariat au plan en France.

L’existence même d’un plan est sujet à débat. Les pros défendront la nécessité de voir loin et donc de se donner un outil. Nous ressentons tous plus ou moins confusément l’idée de construire un avenir qui n’appartienne qu’à lui-même – c’est sa nature – mais qui soit un peu plus prévisible.

En d’autres mots, dont nous maîtrisions nous-mêmes la construction plutôt que de la subir par le jeu de la démocratie, des lois du marché et des rapports changeants entre Etats-Nation.

Elles sont également nombreuses les raisons pour penser que le plan, tel qu’il a été pensé et lancé, n’ait une quelconque efficacité. Parmi elles, démocratie et planification font rarement bon ménage, la Russie et la Chine nous le rappellent quotidiennement. Economie de marché et plan non plus. Le haut-commissariat n’aura pas de moyens, pas d’équipe propre et pas de pouvoir de décision. Son haut-commissaire ne sera même pas rémunéré. A-t-on une réelle valeur à ce niveau sans rémunération ?

Il existe en revanche de multiples façons de penser l’avenir lointain sans se doter d’un plan.

Allons voir comment s’y prend la Corée du Sud pour planifier son économie pourtant libérale nous dit M. Gallois. Pourquoi pas : la parole de M. Gallois compte.

Allons voir aussi comment les Etats-Unis pensent leur économie et leur rôle dans le monde. Les Etats-Unis ne planifient pas leur économie, mais construisent les outils législatifs à la défense de leurs intérêts et de cette vision. Nos textes, français ou européens, n’ont pas la même portée extraterritoriale. Le projet de Digital Market Act va en ce sens, c’est un excellent signal à la fois sur le fond et sur le rôle que peut avoir l’Europe dans la construction long terme des Etats qui la composent.

Allons voir comment le Maroc trouve sa voie entre Royauté, économie ouverte sur le monde et stratégies sectorielles co-écrites avec les parties prenantes concernées. Nous avons participé à certaines d’entre elles Ghita et moi. Cela se termine le plus souvent par l’écriture de textes de lois.

Et inspirons-nous de la France du siècle dernier sans copier aveuglément. Construire les bases d’une vision long terme impliquera de changer nos textes législatifs, peut-être les plus importants d’entre eux. Cela peut même suffire. Voilà le premier et peut-être le seul axe sur lequel le haut-commissariat pourrait se pencher. Il suffit de bien connaître nos textes actuels, d’un papier et d’un crayon…et d’un peu de temps. Il a tout cela.

Et puis comptons beaucoup sur nous-mêmes pour ne pas regarder seulement 2021, mais après. Il est difficile de répondre à la question « quel sera mon métier dans 3 ans ? » ou bien « où en sera le développement de l’entreprise dans 3 ans ? ». Il est paradoxalement plus facile de répondre à la question suivante : « Quelle aura été ma contribution à la société dans 10 ans en qualité d’individu ou d’entreprise ? ». Réponse à partir de 2021 !

Nous vous souhaitons une très belle, douce et sereine année.

Ghita & Martin