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Edito Août 2020 : La certitude des vacances, l’incertitude de la reprise

La certitude des vacances, l’incertitude de la reprise

Ceux qui ont lu la même lettre il y a un an le savent, Martin n’est pas un immense fan des congés. Qu’il n’y ait aucun malentendu, les vacances sont évidemment nécessaires, en particulier pour celles et ceux qui ne comptent pas leurs heures pendant l’année. Mais elles sont maintenant institutionnalisées à un tel point que même au plus fort de la plus grande crise économique du monde moderne, elles n’ont pas été égratignées d’un cheveu. Nous avons abandonné nos libertés, fermé nos frontières, clos les aéroports, les écoles, les bars, les restaurants et les musées, dépensé des milliards sans compter pour sauver nos aînés. Nous avons même abandonné les examens du baccalauréat. Mais s’agissant des vacances, pas touche !! La France part en vacances comme si de rien n’était. On ne peut pas en dire autant au Maroc où l’ambiance au travail est autrement plus active.

Il est vrai qu’à lire les journaux économiques, on se prend à rêver qu’une dette s’annule. Dans ce cas, on comprend mieux pourquoi partir en vacances l’esprit léger. Mais si l’Etat peut annuler (hypothétiquement) 150 Md€ de nouvelles dettes, si l’Europe peut contracter 390Md€ de dettes en subventionnant la France (c’est historique et c’est ici), tout un chacun est en droit de se demander « pourquoi pas davantage ? ». Pourquoi ne pas doubler la taille du plan Ségur ? Pourquoi ne pas nationaliser tout de suite les sociétés au bord de la faillite comme Air France ? Pourquoi ne pas doubler nos effectifs au Ministère de la Justice ? Pourquoi ne pas doubler la rémunération des professeurs des collèges et des lycées ou des infirmiers et infirmières si peu valorisés aujourd’hui ? Pourquoi ne pas passer de 56% de part de PIB alloué à la dépense publique aujourd’hui (record de l’OCDE) à 70% demain ? Après tout, pourquoi pas, si les dépenses publiques sont toutes financées par une dette que l’on peut soustraire aux livres de comptes par un coup de baguette magique ? Si les ressources d’argent public n’ont pas de limite, leur utilisation n’en a donc pas non plus. Nul doute que plusieurs partis ou hommes politiques, souvent aussi extrêmes qu’incompétents sur le plan économique, croyant à l’argent sans limite d’accès, nous feront des propositions sans compter la dépense publique à l’aune de la campagne présidentielle qui s’annonce. Ce sera d’après nous la grande tentation d’un nouveau communisme qui n’en aura pas le nom mais de nombreux traits. 

La vérité est difficile à dire, encore plus à écrire mais cette crise nous a tous collectivement appauvris. Les dettes contractées ces derniers mois ont financé les pertes, pas ou peu les investissements. Nous ne le voyons pas encore, nous ne le ressentons pas encore dans toutes les statistiques, nos enfants ne sont pas encore rebellés devant la facture, mais c’est ainsi : nous nous sommes appauvris. Quant au futur, le mot est sur toutes les lèvres : incertain. Appauvrissement, cela a été notre passé récent. Incertitude, c’est notre futur proche. Cela explique vraisemblablement pourquoi Martin n’a pas totalement l’esprit aux vacances !

Laissons donc au passé ce qui lui appartient et projetons-nous vers demain en nous posant une question simple : « Comment se préparer à un futur incertain ? »

Philipe Bloch dans son nouvel ouvrage Ce sera mieux après…sauf si on est trop cons! a une partie de la réponse. Ecrite pendant le confinement par le fondateur des Colombus Café, l’œuvre nous plaît d’abord par son état d’esprit : l’optimisme. Il n’y a pas de naïveté chez M. Bloch, mais bien la volonté d’un homme face à un choix, prendre l’avenir à bras le corps ou le subir. « Être positif, et le rester en ces temps incertains, est notre seule garantie de sortir au plus vite d’un cauchemar qui a déjà duré trop longtemps » nous dit-il. M. Bloch fait un lien direct entre un état d’esprit, être positif, et les chances de succès de sortir par le haut de la crise. Il a bien évidemment raison. C’est vrai pour chacun de nous, c’est vrai également pour les entreprises. De là à faire à quelques pas de danse

Condition nécessaire pour appréhender l’avenir, être optimiste ne nous suffira pas. Les stratégies dans un monde VUCA (Volatile, Incertain, Complexe et Ambigü) ont fait l’objet de nombreuses recherches managériales. Jean Paul Crenn, fondateur et dirigeant de VUCA Strategy, nous rappelle l’impérieuse nécessité de définir et appliquer une stratégie claire. L’article au complet est ici dans Strategies.fr. Le même auteur est cité dans Les Echos en 2017. C’est ici.

Décliner une feuille de route est toujours plus facile en poursuivant ou mieux, en anticipant, les grandes tendances mondiales. Que nous a révélé la crise de ces grandes tendances ?

Sans tenter d’en dresser une liste exhaustive, nous pouvons tenter de prioriser certaines d’entre elles.

  1. L’accélération de la numérisation de l’économie. Ce qui s’applique à tout entreprise s’applique à NC Partners On Demand. Nous y investirons massivement à notre niveau l’année prochaine ;
  2. L’automatisation, en particulier de la production, ayant pour objectif la minimisation des interactions humaines. Le confinement n’a fait qu’accélérer cette tendance déjà en cours avant la crise sanitaire ;
  3. La révolution du travail, qui se décline évidemment dans le télétravail mais aussi dans les relations employeur-employé-indépendant et l’accélération de la création et de la destruction de métiers ;
  4. Le sens donné à l’activité. Le confinement a fait naître de nouveaux besoins. Il a aussi montré que nous pouvions nous contenter de peu. Les biens et services de première nécessité ont repris de la lumière ;
  5. La refonte des chaînes de valeur achats-supply-manufacturing qui ont majoritairement été structurées ces 20 dernières années en prenant pour acquis l’approvisionnement et en optimisant essentiellement deux indicateurs : le coût et le taux de service. Il faudra désormais compter sur un troisième critère : la résilience aux chocs. Les tensions croissantes entre blocs US, UE, Russie et Chine accéléreront cette tendance ;
  6. La durabilité de la croissance. L’écologie est devenue mondiale mais deux mouvements s’affrontent déjà : celui conjuguant environnement et croissance et celui les opposant. Les entreprises ont déjà choisi leur camp, leur devoir d’exemplarité ira en croissant.

L’avenir est incertain, soit. Mais n’est-ce pas sa nature profonde ? Restons optimistes, nous traverserons cette crise comme nous avons traversé les précédentes et nos aïeux les leurs avant nous. En attendant une rentrée qui s’annonce sportive, ce sont les vacances, c’est certain ! Nous vous les souhaitons les meilleures et les plus reposantes qui soient.

Ghita & Martin