Nous confier une mission
Rejoindre la communauté

Aïcha Mansouri, serial entrepreneuse

Après avoir co-fondé Kitchen Trotter en 2012 et été membre du comité exécutif de Voyage Privé, la consultante en stratégie et développement, a décidé de partager son expérience de serial entrepreneuse.

On l’a comparé à une sprinteuse, à une locomotive, à une voiture de course… L’image a de quoi faire sourire mais elle résume bien le caractère d’Aïcha Mansouri, 35 ans, brune solaire aux lourdes boucles d’oreille. Oui, Aïcha n’a pas froid aux yeux. Toujours plus vite, quitte à prendre des risques, à ne pas compter ses heures et à réfléchir. Toujours réfléchir. À une nouvelle idée, à la solution d’un problème, à un nouveau marché…  “C’est vrai que je ne m’arrête jamais. Je ne sais pas faire les choses à moitié, je suis trop passionnée pour ça !”, éclate de rire la consultante au sourire communicatif et chaleureux. 

Difficile de dire d’où vient cette force d’âme peu commune. Peut-être de sa famille à Fez dont tous les membres sont entrepreneurs et dans laquelle par définition, on ne compte pas ses heures et on se donne les moyens de réussir. Un modèle hérité de ses parents : son père est décédé dans la force de l’âge et sa mère a dû reprendre les rênes de l’entreprise familiale du jour au lendemain.

Ou peut-être son ambition vient-elle de son parcours en école de commerce à Casablanca ? Où quand ses camarades de classe pensaient au mariage et aux enfants, la jeune Aïcha de 20 ans rêvait d’ailleurs et de conquêtes professionnelles à venir. Ou peut-être encore de sa première expérience à la tête d’une entreprise quand à seulement 25 ans elle décide de se lancer pour “monter sa boîte” en France avec la fougue de la jeunesse, une nationalité étrangère et une montagne d’obstacles à franchir, même si elle ne le sait pas encore.

“Vas-y, on le fait !”

En 2011, fraîchement diplômée de l’Essec, Aïcha décroche un premier job de consultante mais s’ennuie dans un contexte de crise économique et où les clients ne se bousculent pas. Avec une amie, elle décide de monter un business plan autour de la cuisine et du voyage, leurs passions communes. “J’avais fait beaucoup de finance pendant mes études au Maroc, puis je m’étais tournée vers des métiers plus créatifs en France avec le marketing. Cela m’a permis de faire une analyse en profondeur de nos possibilités et de nos besoins”, résume Aïcha.

Sauf que ce qui n’aurait dû être qu’un passe-temps un peu exigeant se transforme rapidement en obsession pour la jeune consultante. “Vas-y, on le fait !” Elle fonde en 2012, avec son amie et un troisième associé, Kitchen Trotter. Le concept ? Envoyer aux abonnés un kit de cuisine avec les ingrédients et recettes d’un menu complet de cuisine du monde. Chaque mois, on change de pays et d’univers et l’entreprise fournit les épices introuvables dans le commerce français. Les trois associés se relèvent les manches et deviennent de vrais touche-à-tout. Ils font de la prospection, des finances, du retail, de l’approvisionnement de produits… En 2015, l’entreprise  fait un chiffre d’affaires de 2 millions d’euros et emploie seize personnes.

En 2016 pourtant, la roue tourne. Dans un contexte d’audit pour un potentiel rachat, de conflit avec le logisticien de l’entreprise et de problèmes de trésorerie malgré une rentabilité certaine, Aïcha fatigue. “Comme n’importe quel entrepreneur, j’ai pris des coups, j’ai fait des erreurs aussi. Mais c’est comme ça qu’on apprend…” Elle prend donc un aller simple pour l’Amérique du Sud, seule, sans autre point de chute qu’un hôtel pour deux jours, histoire de se ressourcer. “Au bout d’une semaine, j’avais pansé mes plaies, s’amuse-t-elle. Comme quoi changer de décor aide beaucoup. Mais du coup, en rentrant en France trois mois plus tard, j’ai réalisé que je voulais quitter Paris.”

Embauchée par surprise

Aïcha envisage donc d’ouvrir une antenne de Kitchen Trotter dans le Sud de la France. Au début de l’année 2017, elle prospecte à la recherche de locaux du côté d’Aix-en-Provence. Elle doit notamment rencontrer un membre de l’équipe de Voyage Privé pour un entretien. Sauf qu’à la fin de la journée, on lui propose un nouvel emploi, alors même qu’il n’y a aucun poste à pourvoir. “C’est assez cocasse quand on y repense. Dire qu’à la base, je cherchais un nouvel endroit pour ma boîte… Mais ce sont eux qui m’ont trouvée !”

Aïcha prend la tête des marchés allemand et suisse, sans parler un traître mot de la langue de Goethe. Son département connaît une croissance phénoménale. En l’espace de deux ans, le chiffre d’affaires passe de 10 à 100 millions d’euros. Elle s’occupe ensuite du développement international du groupe. “Mon travail a toujours été très proche de celui d’un entrepreneur. Mon truc, c’est le développement de nouveaux marchés, la stratégie, l’analyse. C’est ça qui me définit : la construction, le challenge. Partir de rien et créer quelque chose là où il n’y avait que du vide !” La force de conviction et de travail, l’enthousiasme, l’investissement profond qui transparaissent des propos d’Aïcha font jaillir un charisme brut et lumineux. Celui dont usent les généraux pour galvaniser leurs troupes, celui des meilleurs managers qui nous ont fait grandir avec eux. Propos cash et honnêtes, la vérité comme un crédo. Oui, pas étonnant que la trentenaire déplace des montagnes.

Mais en 2021, après un bébé, une pandémie, un marché en pleine reconstruction, Aïcha décide de reprendre sa liberté et se lance comme consultante pour faire bénéficier les autres de sa grande expérience. “Par définition, je suis une généraliste. Je connais tous les rouages d’une entreprise : du service clients au branding design, du marketing au développement des outils back-office.” En tant que consultante indépendante, Aïcha s’est spécialisée dans le management de transition, le marketing digital et la stratégie de croissance. Et nous le savons déjà, elle va faire des étincelles !