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La fondatrice d’Aurige Conseil, spécialiste des RH et de la conduite de projets de transformation des entreprises, est un esprit fonceur, avide de nouvelles aventures aussi bien dans sa vie professionnelle que personnelle.
“Aurige, c’est quoi ? Ça signifie “qui tient les rênes” en grec ancien. C’étaient les conducteurs de chars dans les arènes. J’aimais cette idée du combat et du char qui entraîne. C’est toujours mieux que ma première idée – MLA, mes initiales – qui renvoyait à une maladie dégénérative”, raconte Marine Landau, un éclat de rire dans la voix. La consultante de 34 ans n’est pas de ceux qui reculent devant un défi. Plus la matière est complexe, plus la mission ardue et les interlocuteurs revêches, plus elle s’enthousiasme. Comme une grimpeuse trépignant d’impatience devant la montagne, comme la surfeuse guettant la plus grosse vague.
L’un de ses plus beaux souvenirs de mission ? Le déménagement du siège du Monde. “Il y avait des délais à respecter, des cloisons à déplacer, des ouvriers à encadrer, des égos à gérer. Les gens se battaient et il fallait taper du poing sur la table pour se faire entendre. C’était la foire tous les jours et c’était génial !” Mais plus que tout, c’est dans les secteurs où les collaborateurs sont passionnés, avec la fierté du produit et du travail bien mené – qu’ils soient soudeurs, contrôleurs qualité ou constructeurs de centrales – que Marine Landau s’épanouit.
Voilà plus de trois ans qu’elle mène son existence de mission en mission, de challenge en nouveau projet de conduite du changement. Aurige Conseil est un cabinet spécialisé dans la stratégie RH au sens large, de la gestion de compétences au dialogue social, de la formation à l’élaboration des organisations cibles, de la promesse employeur au déménagement de siège. En toute indépendance, l’efficacité chevillée au corps. Affichée et revendiquée. “J’adore le conseil, mais j’aime le faire selon mes règles. J’aime piquer pour provoquer la discussion, aiguiller, diriger, être une force motrice pour faire bouger les lignes. Mais j’aime surtout sentir que je suis utile. Et je ne suis pas du genre à faire traîner les contrats en longueur pour “biller”. Une fois ma mission remplie, je suis la première à évoquer la fin de la collaboration. Surtout quand il y a des gens compétents en interne.” La brune nerveuse et sportive, à la chevelure gracieuse, n’aime pas s’éterniser. Elle préfère avancer. Toujours en mouvement, des semi-marathons qu’elle court régulièrement à la Route de la mort de Bolivie qu’elle a parcouru à vélo, de Marseille à Paris où son métier de consultante la mène.
Science-Po, Areva et Fukushima
Cette soif de nouveauté et de découverte perpétuelle, Marine la porte en elle depuis toujours. Pendant toute son enfance et son adolescence, sa famille a déménagé aux quatre coins de la France au gré des mutations de ses parents. Nomade de l’existence, partout chez elle et nulle part enracinée, caméléon à la forte personnalité, la jeune femme a pourtant eu du mal à trouver sa voie. “Parce que j’étais bonne élève, j’ai été poussée vers des filières avec des “débouchés”. C’est comme ça que j’ai passé un bac S alors que j’étais une littéraire dans l’âme. C’est comme ça que j’ai étudié l’économie à Dauphine alors que je me passionne pour la politique et le journalisme.” De ce début de vie estudiantine contrariée, Marine Landau a gardé un solide bagage, une rigueur d’écriture et de production, mais aussi une certaine ténacité, une rigueur et une forme d’abnégation dont elle n’a pas tout à fait conscience.
Finalement en rentrant d’Athènes après son année Erasmus, à 21 ans, Marine décide de prendre le taureau par les cornes et de partir à la poursuite de son rêve : Sciences-Po. En parallèle de sa première année de Master à Dauphine, elle prépare le concours d’entrée comme une acharnée. Jusqu’à connaître tous les articles de la Constitution par cœur. Et elle est reçue. Dans la sacro-sainte école, passionnée qu’elle est par le débat et les idées, Marine intègre la filière Affaires publiques. Mais au bout de deux années exigeantes, elle réalise qu’elle ne se projette pas dans la haute fonction publique. “Les carrières trop normées, ce n’était pas du tout pour moi. Je me suis tournée vers le lobbying.”
Voguer vers de nouveaux horizons
Direction Bruxelles pour deux années en tant que représentante de l’industrie nucléaire et d’Areva auprès des instances européennes. Mais trois mois après son arrivée dans la capitale belge, la catastrophe de Fukushima survient. “Défendre l’industrie nucléaire dans une telle période, c’est forcément compliqué mais ça a surtout été formateur”. Plus que n’importe qui, Marine Landau comprend les enjeux de la communication de crise, la diplomatie, les attentes parfois contradictoires des institutions. “J’ai appris que pour comprendre une entreprise, l’aider à se structurer et à grandir, il faut aussi bien parler aux assistantes qu’aux PDG. Il faut poser les questions qui fâchent. Il faut aussi de la pugnacité et de l’humilité. Le consultant est quelqu’un d’externe à l’entreprise, qui n’est pas toujours attendu avec enthousiasme…”
De fil en aiguille, le chemin de Marine Landau la mène chez Capgemini. “Je ne cochais pas toutes les cases, mais j’ai été recrutée. Peut-être justement parce que j’avais l’air d’un électron libre”, analyse pensive et lucide la jeune femme. Pendant quatre années, la jeune consultante s’enrichit aux côtés de fortes personnalités, travaille comme une obstinée. La routine ? Sa hantise. Toujours à l’affût d’une mission plus difficile, d’un nouveau client. À tel point que quand on lui impose un rythme monotone et qu’elle commence à s’ennuyer, elle décide de reprendre sa liberté. Simplement et sans faire de drame. “Je suis partie la fleur au fusil. Un peu comme j’étais venue. J’ai réalisé que j’aimais le conseil et j’ai décidé de monter ma propre structure en faisant des plus et des moins sur une feuille, en réfléchissant à ce qui était important pour moi au quotidien.” Et c’est ainsi que Marine fonde Aurige Conseil un jour de septembre 2018.
Trois ans plus tard, l’entreprise fonctionne bien. Les clients reviennent et les sollicitations sont régulières. La clé du succès ? Une part d’instinct, une bonne dose de franc-parler, une honnêteté à tout casser et le travail. Toujours le travail. Ici, pas d’esbroufe mal placée, juste la vérité. Et l’envie de toujours descendre dans l’arène.