Nous confier une mission
Rejoindre la communauté

J’aurai 64 ans en 2040, et vous ?

Accueil » Non classifié(e) » J’aurai 64 ans en 2040, et vous ?

La retraite est une affaire de temps long.

J’aurai 64 ans en 2040, à peu près l’âge qu’avait David Gilmour, chanteur et guitariste de Pink Floyd quand il donna son concert à Londres en 2007 et dont vous pouvez voir un extrait ici : David Gilmour – Shine On You Crazy Diamond feat. Crosby & Nash (Remember That Night) – YouTube

Shine on You Crazy Diamond a bercé mon adolescence et vraisemblablement la vôtre aussi.

N’allez pas seulement écouter l’extrait que je vous propose parce qu’il me donne la chair de poule et qu’au fond, j’aimerais que ce soit également le cas pour vous. David Gilmour a précisément 61 ans lors du concert qu’il donna ce jour-là. Un papi. Un papi rock star certes, mais un papi tout de même. De papi, il n’y en a pas qu’un sur la scène. Regardez-les tous ! Les chœurs, chantés par de jeunes femmes dans la version originale de Wish You Were Here de 1975, ont été remplacés par deux hommes dans la force de l’âge : Crosby et Nash.

Je n’essaierai pas de vous convaincre de l’intemporalité d’un morceau (en fait de l’album tout entier) qui pourrait bien rester dans le patrimoine mondial de la musique, mais accordez-moi que ces hommes incarnent une forme d’exemple. Ils travaillent ! Oh, je me doute bien de ce que vous vous dites, il est plus facile de faire son show guitare à la main devant quelques milliers de fans plutôt que de soulever des sacs de ciment, mais tout de même. Ils travaillent. Et pour aller jusqu’au bout de ma pensée, il faut être en plein débat sur les retraites pour que je m’arrête un peu bêtement sur les rides de leurs mains, leurs ventres un peu plus ronds et leurs têtes blanches ou dégarnies. On s’en moque ! Frédéric Jousset, Président et Fondateur d’Art Explora le résumait très bien dans son dernier post qui a fait le buzz le jour des dernières manifestations. La retraite oppose deux visions irréconciliables du travail. Pour les uns à l’image de Gilmour, le travail est source d’épanouissement. Pour les autres, il est source d’avilissement.

Indispensable cette réforme ? Certainement, tant nos finances publiques sont dégradées.

Incompréhensible cette réforme ? Sans aucun doute. Allez expliquer à 70 millions de Français qu’ils vont tous ou presque y perdre individuellement pour que tous collectivement y gagnent, j’aimerais vous y voir !

Injuste cette réforme ? Le mot a été tellement galvaudé. Ce qui serait injuste pour nos enfants, c’est de ne pas l’entreprendre. Quant à savoir si la manière avec laquelle nous nous y prenons est elle-même injuste, je me garderai ici d’émettre un jugement. Ce qui est finalement indiscutable, c’est qu’une réforme paramétrique consistant à faire bouger des seuils déclenche des effets de seuil. Dans cette affaire, nous sommes individuellement perdants, mais certains le sont plus que d’autres.

Le débat que nous avons en ce moment autour de la table avec nos propres parents ou nos enfants et petits-enfants révèle tant de choses sur notre société et sur nous-mêmes.

En rappelant Antoine de Saint Exupéry, « Fais de ta vie un rêve, et d’un rêve une réalité », Frédéric Jousset nous renvoie aux raisons de nous lever le matin. Le sens au travail est l’une des révolutions en cours dans le monde. Je vous invite si vous ne l’avez pas encore fait à aller voir ou revoir ce court film de 10 minutes de Daniel Pink : RSA ANIMATE: Drive: The surprising truth about what motivates us – YouTube. C’est en me faisant découvrir ce film que mon dernier CEO a planté une graine qui a germé depuis. Il fallait que je donne du sens à mon activité quotidienne qui commençait à franchement me lasser. La pluie anglaise a bien aidé à cette germination… Je suis heureux aujourd’hui de contribuer avec BlueBirds à faire prospérer nos clients. Faire grandir l’emploi chez nos clients, voilà qui me donne envie de courir.

Peut-être donc que la retraite n’oppose pas ceux qui sont prêts à travailler un peu plus longtemps à ceux qui souhaitent profiter le plus tôt possible d’un repos bien mérité, mais plutôt ceux qui ont plaisir à retrouver chaque jour leurs collègues à ceux qui aimeraient bien changer de job s’ils le pouvaient. Vous qui me lisez, vous êtes si nombreux à vouloir quitter votre employeur. « Sautez le pas ! » serai-je tenté de vous dire. « Facile à dire, mais pas à faire ! » me rétorqueriez-vous. Vous auriez bien raison. Commencez alors par une première étape ici : Faites le point gratuitement avec l’équipe Chance

Il n’y a pas si longtemps, nous avons choisi un Président qui nous promettait plus si nous travaillions plus. En nous opposant aujourd’hui majoritairement au projet du Président actuel, nous lui disons que nous préférerions travailler un peu moins quitte à gagner un peu moins. Quand on n’aime pas son job, cela peut s’entendre.

La retraite nous montre donc aussi où nous souhaitons placer nos priorités collectives.

Les uns nous expliquent que la logique comptable implique un changement de paramétrage : partir plus vieux et/ou cotiser plus longtemps. Les autres nous opposent que l’âge, la fatigue et parfois même la souffrance physique devraient prévaloir sur le reste. La gestion contre une forme de justice sociale. La tête contre le corps. Le froid des chantiers contre la chaleur du foyer. Mais nos dirigeants politiques ne rappellent jamais assez que la mécanique des chiffres en masque une autre, humaine celle-ci : la solidarité intergénérationnelle.

Ne pas équilibrer nos finances publiques rompt cette solidarité. Les générations qui nous suivent seraient bien avisées de nous le rappeler. Ne pas équilibrer notre système actuel (à défaut d’en changer puisque nous y sommes tant attachés) est d’un profond égoïsme vis-à-vis de nos enfants. Au soir de sa vie, quel parent voudrait quitter cette Terre en regardant son enfant droit dans les yeux et lui dire ? « Tu paieras les heures de travail que je n’ai pas faites parce que je voulais me reposer alors même que je pouvais continuer ». Personnellement, j’aurais honte. Bien sûr qu’il existe des cas méritant de quitter la scène avant les autres, mais les cas particuliers ne peuvent masquer le cas général.

Enfin, la retraite raconte en creux notre récit collectif de création de richesse. La retraite a un coût, nous discutons de savoir qui le portera ce coût. Les débats que nous avons en ce moment ne seraient pas si tendus si nous créions davantage de richesse chaque année. Puisque nous sommes ici dans le temps long, permettez-moi quelques rappels. La croissance du PIB en France ne fait que décroître depuis 40 ans : 2,35% en moyenne de 1980 à 1989, puis 2,02%, 1,46% et enfin 1,38% respectivement de 1990 à 1999, de 2000 à 2009 et enfin de 2010 à 2019. Accordez-moi que la décennie 2020 n’a pas super bien commencé. Bref, nous ne créons presque plus de richesse. Dans le même temps, la France a perdu plusieurs places dans le classement mondial du PIB par habitant. Nous sommes désormais 29ème derrière Israël, la Nouvelle Zélande ou encore l’Australie. Nous sommes en train de nous faire rattraper par ceux qui nous suivent dans ce classement. Les salaires n’ont pas suivi les prix de l’immobilier depuis plusieurs décennies. Il n’est pas besoin d’aller chercher le prix du pain ou du Big Mac pour saisir la perte de pouvoir d’achat que la plupart des Français ressentent. « La vraie question, c’est [donc] comment on construit la prospérité de masse. Il nous manque 15% d’économie pour tenir notre modèle social.»

Ce n’est pas moi qui le dit, c’est Nicolas Dufourcq sur France TV ici le 18 janvier dernier.

Comme je partage son avis.

Martin