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Bonjour à tous,
Tous les superlatifs ont été employés pour définir ce qui nous arrive. Après deux semaines dont nous nous souviendrons tous, quelles actions sont encore à mettre en œuvre et quelles leçons commencer à tirer ?
L’objet de cet édito n’est en aucun cas de faire l’analyse de la crise sanitaire que nous rencontrons. Il faut pourtant se rappeler que nous n’en sommes en France et dans de nombreux autres pays qu’au début de la vague attendue de malades. Soutenons les soignants à la mesure de ce que chacun de nous peut faire. Nous aimons en particulier l’initiative de Patrick Amiel consistant à accélérer l’achat et l’approvisionnement de masques par des dons privés « 1€ versé = 2 masques distribués aux soignants ». C’est ici.
Permettez-nous de nous focaliser sur la crise économique, sociale et financière dans laquelle nous entrons et qui dépasse déjà celle de 2008.
A court terme, tout l’enjeu pour vous dirigeant est de protéger vos salariés et de passer la crise. Publié le 10 mars dernier, autant dire il y a une éternité, l’article de Jean Peyrelevade dans les Echos résume bien d’après nous la nature même de la crise économique que nous traversons : c’est tout d’abord une crise de production que nous vivons.
De nombreuses études sur la manière de réagir en entreprise face au coronavirus ont été publiées. Nous avons également posé la question aux membres de la communauté. Voici donc une synthèse des 7 chantiers pour gérer la crise et l’après crise.
Si la crise dans laquelle nous entrons va mettre à rude épreuve les sociétés, c’est peu de dire qu’il en est de même des Etats. Jean Peyrelevade posait la question suivante dans l’article des Echos cité plus haut: « C’est […] aux gouvernements de prendre la main, s’ils en ont la capacité. Avec une question qu’il est plus simple de poser que de résoudre. Comment, en temps de paix, organiser l’économie, si nécessaire, comme une économie de guerre ? »
La France est pleinement entrée en crise depuis l’annonce du confinement par le Président de la République le 16 mars dernier. Tentons d’en décrire les grandes lignes en nous focalisant sur le marché français avec quelques éclairages étrangers.
Sur le plan économique, l’INSEE estime qu’un mois de confinement fait perdre 3 points de PIB annuel à la France. L’activité a chuté la semaine dernière de 35% par rapport à une « semaine normale ». Nous voici donc entrés dans une récession dont l’ampleur serait située entre 2% et 5% de PIB d’après Patrick Arthus dans Le Monde, dans le cas où le confinement prendrait fin au 30 avril.
Sur le plan financier, le CAC 40 culminait à 6111 points le 20/02/2020. A 4351 points le 27 mars dernier, il perdait ainsi 30% en un mois. La chute est évidemment mondiale. Toutes les banques centrales ont réagi et annoncé des programmes sans équivalent dans l’histoire. La BCE a lancé le PEPP « Pandemic Emergency Purchase Programme » à hauteur de 1000 Md€ afin de garantir la continuité du financement des Etats et des grandes entreprises bancaires et non bancaires. L’institution n’exclut plus de racheter les dettes des Etats Membres au-delà de 33% de leur passif. D’autres mesures sont en préparation ou en discussion.
Sur le plan social, le chômage partiel financé à 100% par l’Etat a été la principale mesure sociale prise par le Gouvernement en plus des 300 Md€ de financement de trésorerie garantis par la BPI. Le 30 mars, le Ministère du Travail indiquait que 2,2 millions de salariés étaient concernés par le chômage partiel. Nous sommes de fait entrés dans une société temporairement et partiellement nationalisée. Il ne fait plus aucun doute déjà que certaines sociétés seront recapitalisées par l’Etat pour être sauvées. Certains syndicats menacent les employeurs de mise en danger des employés restés au travail. Voilà un risque pénal pour les dirigeants qu’il va falloir clarifier le plus tôt possible. Si comme l’indique Eric Heyer (OFCE) dans Les Echos, 4,5 millions de salariés devaient être éligibles au dispositif si le confinement durait un mois, la facture pour l’Etat s’élèverait à environ 10 milliards d’euros par mois. Ce dernier chiffre est à prendre avec des pincettes, certaines sources indiquent un chiffre bien plus élevé. Nous rappelons ici que le budget 2020 de l’Etat a été voté sur un déficit un peu supérieur à 90Md€.
Nous sommes désormais environ 3,5 milliards d’êtres humains à être confinés. A l’échelle des foyers, la crise change surtout pour l’instant notre manière de vivre et de travailler. Le confinement agit comme un accélérateur des relations au sein du couple avec ce qu’il a souvent de plus beau – il faut s’attendre à un baby boom dans 8 à 9 mois – mais aussi de plus tragique. Les enfants reviennent au centre de nos vies toute la journée et c’est peut-être là une des premières belles conséquences de cet événement même si une telle situation ne peut être durable. Mais c’est l’environnement le grand gagnant de l’arrêt de nos activités. La Terre se remet à respirer comme le montrent les images satellite de Le Point et les animaux investissent les villes devenues silencieuses. Depuis Paris ou Casablanca, nous n’avons jamais autant regardé les arbres en fleur depuis nos bureaux respectifs, qui donnent sur le jardin. Le cycle des saisons continue, imperturbable, et la beauté du printemps nous frappe d’autant plus que la situation sanitaire, économique et sociale de la planète, est, elle, difficile à regarder en face.
Pour l’instant groggy par l’attaque et concentrés pour sauver nos familles et nos entreprises, nos pays retrouveront leur rythme dans quelques semaines. Ils ne seront plus tout à fait les mêmes. Ce temps n’est pas si loin, le trafic de conteneurs venus de Chine repart et tous nos contacts là-bas indiquent un redémarrage de l’activité. Il en sera de même pour nous dans quelques semaines. Commencera alors le temps du deuil. Et nous tous tenterons de tirer les leçons de ce qui nous est arrivé. Il y aura matière.
Nos pensées vont d’abord vers vos proches et vos collaborateurs.
Ghita & Martin