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Vivement septembre !

Votre tête est aux vacances, votre cœur à la famille et vos jambes je ne sais où mais plus vraiment au bureau. Cet édito s’attache à tenter de faire un tour du mois passé mais juillet semble déjà loin tant le futur proche ou même le présent fait de montagnes, de mer et de blés focalise notre attention. Promis je serai bref.

J’ai déjà commenté dans un edito et dans un post LinkedIn les annonces de notre 1er Ministre pour redresser nos comptes publics. Ils sont ma préoccupation première car un secteur public en glissade est un boulet pour le secteur privé et porteur de risques que je n’ose trop évoquer ici. Quand on regarde l’océan comme moi à l’instant, on ne se rappelle pas aux Dents de la Mer. Je m’en voudrais de gâcher votre repos estival. Vous le savez comme moi, les 44Md€ de M. Bayrou ne rééquilibreront pas notre déficit public. Nous cherchons bien plus. D’autres l’avaient dit avant moi comme Nicolas Dufrêne dans le Monde en novembre dernier et Nicolas Dufourcq dans un post que je ne retrouve plus. Il faudra me lire pour le croire.

Pour vous faire une meilleure idée de notre trajectoire commune, je vous invite à découvrir le dernier rapport de l’Institut Montaigne sur l’avenir économique, social et environnemental de la France à horizon 2040. Cela ne vous émouvra pas comme le meilleur roman de l’été mais cela a son charme.

L’actualité des comptes publics français masque la mauvaise santé du secteur privé en récession pour le 11ème mois consécutif.  

Nous pourrions nous rassurer en comptant sur l’UE pour négocier avec l’US et la Chine et obtenir que notre commerce et notre industrie se portent mieux. 

Las, les discussions UE-Chine démontrent surtout que la Chine fait peu de cas des avertissements de l’UE à l’égard du rapprochement Russie-Chine. Rien n’a été véritablement acté ni même obtenu dans le déferlement des produits chinois en UE. Un « second choc » chinois frappe désormais toute l’économie européenne. Les Echos nous disaient il y a quelques jours que ce choc était à venir. Nous sommes dedans d’après moi. Il suffit d’observer les secteurs textile ou automobile pour s’en convaincre. 

Un choc de compétitivité historique

« Améliorer la compétitivité ne doit pas consister à construire des murs et des forteresses. Le découplage […] ne produira que de l’isolement », a averti Xi Jinping pendant le dernier sommet UE-Chine (source : Les Echos). La Chine a amorcé une course à la productivité couplée à une robotisation à marche forcée de son industrie. En seulement 4 ans, la Chine a gagné 22 points sur un indice de prix de base de 100 en 2018! 

Cette course à la productivité rend la compétitivité chinoise imbattable. Elle est déjà perdue pour les européens à court terme. La seule manière désormais de protéger l’industrie et le commerce européens de la déferlante chinoise est justement d’adopter des mesures de protection. Roland Berger l’écrivait en évoquant des mesures de réciprocité dans les colonnes de l’Express le 24 juillet. Ce n’est pas tout à fait commun qu’un cabinet de conseil en Direction Générale promeuve de telles mesures. Peut-être cela mérite-t-il de s’y arrêter. 

Avec la Chine donc, pas d’accord, seulement des mots tendus et une guerre économique totale

Avec les US, accord! 

A huge deal

Je doute que nous puissions nous en réjouir. 

Je n’ai pas vu de contrepartie à la hausse de 15% des taxes sur les importations américaines en provenance de l’UE. (Ces 15% ne s’appliquent pas à certains secteurs comme l’aéronautique et quelques autres. Ils restent à hauteur de 50% dans l’acier et l’aluminium). L’UE s’engage par ailleurs à acheter pour 750Md$ d’énergie sur une période de trois ans et à investir dans l’économie américaine à hauteur de 600Md$ entre autres dans l’achat d’équipements militaires. La Belgique semble vouloir participer à cet effort de 600Md$ en commandant des avions de chasse F-35. Voilà qui devrait enchanter Mme Von der Leyen. M. Trappier qui dirige Dassault Aviation voit cela un peu différemment: « La Belgique se fout de notre gueule » s’est-il exclamé en conférence de presse. S’il y a bien quelque chose que j’aime dans notre époque, c’est la parole de plus en plus libre de quelques-uns. C’est le minimum me semble-t-il quand j’observe la tectonique des plaques géostratégiques en cours.

« We have a trade deal between the two largest economies in the world, and it’s a big deal. It’s a huge deal. It will bring stability. It will bring predictability » nous dit la Présidente de la Commission européenne (source : Reuters). Hormis peut-être dans l’achat d’énergie et plus spécifiquement de gaz, je ne vois pas bien ce que ce deal apporte. Oui, il apporte de la stabilité. Mais nous connaissons tous M. Trump. La stabilité n’est pas son fort. Cette stabilité est donc faible. Ce deal enrichira les US, appauvrira l’Europe, contribuera à la désindustrialisation de tout notre continent, financera la réindustrialisation américaine et nourrira l’industrie militaire US. Accessoirement, il acte d’un déséquilibre évident s’agissant des taxes douanières US-UE. Ce deal creuse notre tombe économique et sociale. 

De là où je suis en plein océan Pacifique, tout cela me paraît un peu loin. J’ai tort de penser cela, je le sais bien. C’est loin mais c’est très proche. J’ai envie de penser que l’UE finira bien par se réveiller. Il va falloir l’aider. L’Europe, c’est nous!

L’Allemagne se réveille, elle, et pas qu’un peu. Elle vient d’ajouter 631Md€ d’intentions d’investissements privés à son plan de 500Md€ d’investissements publics. Ce plan porte un nom assez explicite: « Made for Germany« . Un tel alignement public-privé et une telle ambition laissent rêveur. Je vous écrivais la semaine dernière dans Histoires d’Entreprises que le Made in France était toujours perçu comme ringard. C‘est dire les abysses qui séparent la pensée économique et sociale française de celle de nos amis outre-Rhin.

Viendra notre tour. Des hommes comme Pierre Gattaz commencent à sonner le rassemblement général pour 2027. Pierre est ancien Président du MEDEF. Sa parole est plus libre qu’elle ne l’a jamais été. Ecoutez-le, vous ne perdrez pas votre temps. Je l’ai interviewé dans un épisode d’Histoires d’Entreprises à paraître à la rentrée. 

Sans aller jusqu’à 2027, je préfère me concentrer sur la rentrée. Toutes les rentrées sont pleines de promesses. Celle de septembre prochain n’échappera pas à la règle. Vivement septembre donc! 

Profitons d’août tout de même. Nous l’avons tous mérité.

Bonnes vacances.

Martin