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M. Macron est réélu pour 5 ans. Souhaitons-lui le meilleur, il a un peu de pain sur la planche.
La deuxième victoire de cette élection est celle des votes abstentionnistes et blancs. Les premiers à eux seuls font mieux que le nombre de votes exprimés pour le Rassemblement National lors du second tour. Que pensent-ils tous ? Que Marine ou Emmanuel, c’était bonnet blanc, blanc bonnet ? Que l’on est mieux à boire un rosé dans son jardin qu’à faire la queue au bureau de vote ? Sur ce dernier point, aucun doute ! Sont-ils comme cette majorité de Français qui s’expriment et souhaitent renverser la table?
Car cette présidentielle est aussi la victoire de ce qui s’apparente à une révolution économique voulue par la majorité de nos concitoyens. Sommez les scores au 1er tour de la France Insoumise, du Rassemblement National, d’Europe Ecologie les Verts et des Communistes et vous obtiendrez plus de la moitié des votes exprimés, 52% pour être précis. Tous ont en commun de nous proposer un modèle économique aux changements radicaux. La demande d’une économie radicale a grandi de 10 points en cinq ans. Elle représentait 42% des votes exprimés en 2017 au soir du premier tour.
Ce faisant, étant adepte d’une forme de modération – et peut-être aussi parce que je suis privilégié – je suis personnellement entré dans la minorité. Cela m’amènera à d’autant plus de prudence dans mes propos. Comment donc essayer de caractériser une économie radicale ?
Elle tenterait en premier lieu de s’abstenir des règles élémentaires du marché comme celles de l’équilibre de l’offre et de la demande et des mécanismes de fixation des prix. La France Insoumise propose ainsi la création d’une caisse de compensation afin de limiter les prix de l’énergie. Une deuxième caractéristique de cette économie radicale serait de détruire de la richesse par conviction. En Marche a montré le chemin avec la fermeture de la centrale de Fessenheim. Le Rassemblement National propose maintenant de démanteler des éoliennes déjà opérationnelles. Dans les deux cas, ce sont ici des outils de production d’énergie décarbonée qui fonctionnent amenés à être détruits. Et puis une économie radicale sacrifie tout à l’environnement, y compris le social. Les Verts, après nous avoir tous convaincu de l’urgence climatique et environnementale ce qui leur vaut paradoxalement d’être peu représentés dans les urnes, sont entrés dans cette forme de radicalité. Il est désormais établi que la dialectique environnement versus développement économique opposera de plus en plus les fâchés de l’état de la planète aux inquiets de la fiche de paie. Enfin, l’économie radicale demande tout ou presque à l’Etat. Dans ce domaine, les communistes n’ont rien à envier à d’autres mouvements même modérés. Tous les pays ayant étatisé leur économie sont entrés dans la pauvreté, il n’y a pour l’instant pas d’exception à cette règle. Nous qui avons couru récemment relire nos cours d’histoire sur l’émergence puis la disparition du bloc soviétique, nous devrions nous arrêter aussi aux pages économiques de cette période du XXème siècle.
Cette demande exprime bien sûr le manque de pouvoir d’achat de nos concitoyens que l’inflation galopante viendra éroder plus encore dans les prochains mois. Peu importe les discours et les chiffres quand votre frigo est vide, vous écoutez celui ou celle qui vous promet de le remplir. Comment pourrait-il en être autrement ?
Si nous continuons sur cette tendance, les électeurs n’auront peut-être plus le choix au soir du premier tour en 2027 entre une économie tout à la fois sociale libérale et verte et une économie radicale. L’auteur de ces lignes aimerait garder ce choix. Or 2027, c’est peut-être un peu loin pour chacun de nous, mais c’est après-demain pour nos entreprises et c’est vraiment demain à l’échelle du pays. C’est là désormais ma première attente vis-à-vis du Président réélu : qu’il puisse laisser un tel choix aux électeurs dans 5 ans. Cela signifierait qu’il aurait répondu à tout ou partie des nombreuses attentes des Français. Que la colère, l’indifférence et la faim auraient un peu plus reculé devant la joie de vivre, l’entraide et les bases de la pyramide de Maslow.
La demande vers des changements profonds de politique économique nous rappelle aussi que nous avons tout à faire en matière d’éducation économique, y compris chez nos dirigeants élus ou souhaitant l’être et ceux qui les conseillent. On peut avoir des sensibilités politiques différentes voire opposées tout en connaissant les règles de base de création de richesse et les conditions de la confiance entre parties contractantes. Cela commence à l’école en France et à Bruxelles s’agissant de l’UE.
Enfin, nous le rappelons souvent dans ces lignes mensuelles, nos économies elles-mêmes changent plus vite, plus profondément et de façon imprévisible. Dès lors, comment suivre ces changements pour pouvoir voter en toute connaissance de cause ? Faire comprendre ce qui fait la force et la faiblesse d’une entreprise, ce qui permet d’investir, d’augmenter les salaires et d’embaucher ou le contraire, tout cela faisait déjà partie des responsabilités des dirigeants. Cela devient une exigence démocratique.
Face aux risques d’une économie radicalisée qui ne m’enthousiasme guère, je me pose une simple question. Comment, en plus d’accompagner nos clients dans leurs transformations, pourrions-nous faire davantage pour modérer une économie bouillonnante où les opportunités sont partout mais les laisser-pour-comptes aussi ? Les « Histoires d’Entreprises » de notre podcast vont dans ce sens en donnant j’espère une image positive et sincère du chef d’entreprise et de l’entreprise elle-même. Ecoutez-les et partagez-les. C’est une goutte d’eau, mais c’est mieux que rien.
Martin