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Reda Benmoussa, toujours en mouvement

À 36 ans, le consultant indépendant Reda Benmoussa, formé à l’excellence chez GE pendant près de 10 ans, s’est spécialisé dans les missions de transformation opérationnelle et de l’amélioration de la performance. Aujourd’hui, ses clients ont pour nom Nissan, Roland Berger ou Oliver Wyman.

Reda Benmoussa est toujours en mouvement. La preuve ? Il profite de notre interview pour faire une heure de marche active, en ce week-end à Casablanca, avant de s’envoler demain pour Riyad. D’ailleurs, il le reconnaît, quand il était enfant, Reda n’appréciait pas particulièrement l’école. “L’idée de rester assis sur une chaise pendant plusieurs heures ne m’a jamais enthousiasmé. Je donne le meilleur de moi-même quand j’ai suffisamment de place, pour exprimer ma créativité.” Et à le regarder, Reda n’est pas jamais aussi libre dans ses mots et dans ses pieds que quand il bouge. On pourrait presque le soupçonner d’être un peu hyperactif. Tee-shirt de sport, barbe de trois jours, casquette à l’envers, il ne se ménage pas et à mesure qu’il raconte sa vie, la sueur coule doucement le long de ses tempes. Et surtout, il prend le temps de nuancer, d’expliquer, en pédagogue qu’il est naturellement.

Pendant une heure, Reda Benmoussa revient sur son parcours : une enfance privilégiée entre un père architecte indépendant, une mère professeure à l’université en génie des procédés et l’école française. “J’ai été élevé en ayant une seule référence : le travail. D’abord, parce que c’est ce que mes parents attendaient de moi et ensuite parce que j’ai vu mon père travailler comme un acharné. Suffisamment pour passer d’un appartement modeste à une villa avec du personnel pendant mon enfance. Ça a été un modèle très fort pour moi.” La jeunesse de Reda Benmoussa est aussi marquée par une maladie neurologique qui, certes, n’affecte pas son quotidien mais va avoir une incidence sur son parcours. Alors qu’il se destinait à des classes préparatoires en France, ses médecins lui déconseillent d’intégrer une filière où il aura peu d’heures de repos, ce qui menacerait sa santé. Il se tourne vers un IUT mais est très vite frustré : “Je savais que je pouvais faire mieux.” Le jeune ne réalise pas encore qu’un diplôme ne le poussera jamais aussi loin de sa détermination, ce dont Reda ne manque pas.

Le monde entier comme terrain de jeu

Grâce à un système de passerelle, Reda Benmoussa rejoint une école de commerce, Excelia, part faire un échange en Corée du Sud et commence à chercher un stage de fin d’études. Nous sommes en 2012. Il a 23 ans et le destin frappe soudainement à sa porte. “J’avais fait un stage chez GE, qui s’était très bien passé. Quand j’ai été diplômé, ils m’ont rappelé pour passer un entretien pour éventuellement rejoindre leur programme “Leadership.” Le principe est simple : le conglomérat mondial repère de jeunes pousses, les forme au conseil en interne en faisant des rotations dans les directions financières du groupe. Reda hésite : on vient de lui faire une proposition en France, très bien payée, contrairement à celle de GE. “Quand j’ai passé les entretiens à Dubaï, j’ai pris une énorme claque. L’occasion était trop belle mais j’ai quand même caché à mon père le montant du salaire, qui était basé sur ma nationalité”, raconte-il, hilare. Ainsi, il passe six mois en Algérie, puis en France, puis aux Etats-Unis et enfin à Dubaï. “Dans ce contexte international, je m’épanouis énormément. Je suis confronté à des cultures différentes. C’est comme ça que j’ai rencontré mon meilleur ami qui est Pakistanais : on était en coloc ensemble pendant une mission. Il a épousé la meilleure amie de ma sœur…”

En 2015, il intègre un programme élite de GE, le “Corporate Advisory Staff” dont le QG est à New York et qui a pour but de former les CEO/CFO du groupe. Le chiffres d’affaires est tellement important (175 milliards de dollars par an), les filiales tellement diverses (santé, aviation, énergies renouvelables…) que le groupe dispose de son propre cabinet de conseil. C’est cet organisme que rejoint Reda. Pendant trois ans, il enseigne les missions en stratégie, en excellence opérationnelle ou en fusions-acquisitions pendant quatre mois aux quatre coins du globe : Indonésie, Suisse, Arabie Saoudite, Singapour… En 2018, Reda a envie de poser ses valises. “Je leur ai dit : les gars, je crois que j’ai envie de payer un loyer.” Il rejoint donc une nouvelle unicité du groupe en plein développement : GE Renewable Energy, qui se concentre notamment sur la question de l’éolien en mer. Reda rejoint l’aventure au moment de la levée de fonds, le développement du marché et la sécurisation de nouveaux contrats. En 2020, il est Global commercial CFO et manage directement une équipe de cinq personnes : un Ukrainien, une Maroco-Polonaise, un Québécois, un Coréenne et un Français.

Ne pas rentrer dans les cases

Mais en 2021, à la sortie du Covid, le contexte mondiale évolue : les coûts des matières premières explosent et il faut négocier pied à pied l’indexation des prix avec chaque client. “Il y avait beaucoup de pression mais cela a été très formateur.” Reda décide aussi de rentrer au Maroc en 2022 : le travail en télétravail a ses limites, GE prend de nouvelles orientations stratégiques et au fond, il a toujours eu en mémoire le parcours de son père en tant qu’indépendant. Il a besoin de se challenger pour grandir professionnellement, de se mettre en danger. Après quelques mois en sac à dos en Amérique du Sud, il pose ses valises à Casablanca. “Et là, j’ai galéré comme jamais. J’ai réfléchi à plusieurs pistes entrepreneuriales et en parallèle, je cherchais des missions et je n’en trouvais pas. Pour quelqu’un comme moi qui avait eu beaucoup de responsabilités et qui avait des certitudes, ça a été déstabilisant.” Reda ne rentre pas dans les cases “à la française”: il n’a pas enchaîné les cabinets de conseil de premier plan et forcément, sur un marché particulièrement concurrentiel, son profil interroge plus qu’il ne donne de certitudes.

Il décide alors de s’intéresser à la boîte familiale dans l’ameublement, celle sur laquelle comptent ses parents pour leur retraite : un business qui tourne mais qui ne croît pas et surtout n’est pas particulièrement rentable. “J’ai dû désapprendre tout ce que je connaissais parce qu’une PME, ça n’a rien à voir avec un grand groupe.” Mais petit à petit, l’entreprise commence à nouveau à faire des bénéfices importants et surtout Reda se fait connaître : “C’est ma théorie de la bouteille de ketchup : tu es obligé de beaucoup secouer et après tout sort d’un coup.”  Carrefour le contacte pour une première mission de management de transition au Moyen-Orient et depuis, Reda Benmoussa n’a plus jamais arrêté d’enchaîner les missions : pour Roland Berger et Oliver Wyman en transformation et excellence opérationnelle, pour Nissan en tant que directeur de la transformation ou encore le gouvernement saoudien pour une mission sur la décarbonation et les énergies renouvelables.. “Je suis basée à Dubaï et dès que je le peux, je rentre au Maroc. J’ai trouvé un point d’ancrage. J’ai une routine qui me permet de trouver un équilibre, avec le sport, la méditation, la famille.” Oui, Reda Benmoussa a trouvé sa place. 

Par Déborah Coeffier