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Il fallait un événement planétaire organisé de façon magistrale pour nous réconcilier avec nous-mêmes avant les vacances. Merci les JO !
Je pars cet été comme chaque année : fatigué, heureux d’avoir atteint cette étape sacro-sainte, un peu dépité de me dire que nous sommes un des rares pays au monde à fermer pendant août et évidemment en me demandant à quelle sauce la rentrée mangera votre équipe et la mienne. Les deux prochaines semaines seront un soulagement. Celles qui leur emboîteront le pas sont en forme de point d’interrogation.
Je vous épargnerai ici le contexte politique, vous le connaissez comme moi. Peu de choses bougeront vraiment d’ici 2027 malgré la comédie humaine jouée à l’Assemblée Nationale et quel que soit le nom choisi pour notre futur Premier Ministre. Notre avenir des trois prochaines années dépend bien plus des élections à venir aux Etats-Unis que celles déjà passées chez nous. Si vous me demandiez quelle nouvelle m’a donc le plus frappé pendant ce mois de juillet, je n’hésiterais pas longtemps : c’est la candidature de Kamala Harris au poste de Présidente des Etats-Unis. Elle ne le saura pas et cela n’aurait de toutes façons aucune incidence si c’était le cas, mais voici une candidature qui a tout mon soutien. Voilà, c’est écrit, je peux fermer ma valise et partir en vacances.
Je ne prends pas beaucoup de risques ici à choisir mon camp, vous êtes nombreux à soutenir la représentante des démocrates. Mais je connais des amis proches en France qui soutiennent Trump, entre autres parce qu’il est le porte-voix d’une population américaine qui a été oubliée comme d’autres ont été oubliés sur notre sol. Nous ferions bien de comprendre ce qui anime les forces électorales du candidat républicain, nous en apprendrions sur nous-mêmes. Ces mêmes forces se retrouvent en Europe et en France en particulier. Je pense ici entre autres à la disparition par le bas de la middle class.
Un article a particulièrement retenu mon attention ce mois-ci également. C’était le 25 juillet dans Les Echos. Le quotidien titrait « Pourquoi Airbus et Thales réclament le grand soir de l’industrie spatiale européenne ». Et de citer Guillaume Faury le patron d’Airbus qui souhaite « des changements de politique au niveau européen pour favoriser la constitution de « champion », plutôt qu’une politique organisée comme par le passé pour favoriser la concurrence intra-européenne ». Après l’automobile avec Luca de Meo et sa Lettre à l’Europe, après la déclaration d’Anvers et ses 1300 signataires, voici que l’aérospatiale se joint au concert des industriels pour réclamer un changement de politique industrielle de l’UE. Je veux croire qu’un jour ces dirigeants seront entendus. Il le faudra d’une manière ou d’une autre si nous voulons sortir par le haut du cycle de notre appauvrissement organisé.
Les Jeux Olympiques, nos médailles, les vacances, notre peau un peu plus bronzée, l’iris de nos yeux claircis par le soleil, les cris joyeux des enfants dans l’eau, tout cela nous fera oublier heureusement les nuages pourtant en train de s’amonceler pour septembre.
L’indice PMI composite du pays est en territoire inférieur à 50 depuis le début de l’année sauf en avril, traduisant une contraction de l’activité. Il est vraisemblable que nous soyons en récession sans le savoir. Le même indicateur en juillet était de 49,5 en France contre 48,7 en Allemagne. Que nos voisins outre-Rhin se portent moins bien que nous est tout sauf une bonne nouvelle. Le climat des affaires mesuré chaque mois par l’INSEE, déjà en dessous de 100 en juin, a perdu 5 points en seulement un mois pour atteindre 94, son plus bas niveau depuis février 2021. La courbe du chômage qui n’avait cessé de décroître depuis 2017 est de nouveau en croissance depuis un an. J’avais déjà évoqué dans cette même lettre le mois dernier le spread de taux France-Allemagne. Il s’est stabilisé à 70 points pour les obligations à 10 ans. Il était de seulement 20 points début 2021. Le CAC 40 a perdu 7 points depuis le 9 juin dernier et l’annonce de la dissolution de l’Assemblée. La confiance se gagne par gouttes, elle se perd par litres. Le 9 juin l’a magistralement rappelé s’agissant de la confiance des investisseurs. Qu’ils sont rares les indicateurs macro-économiques encourageants !
Toutes ces nouvelles moyennement heureuses ne gâcheront pas mes vacances. Je pars dans quelques heures au Costa Rica et j’y serai quand vous lirez ces lignes. Mon épouse et moi y alourdirons notre bilan carbone pour faire découvrir à nos enfants une nouvelle nature, de nouveaux animaux, une nouvelle flore. Une autre culture aussi, bien plus proche des éléments que nous ne le sommes.
Sur place, je ne regarderai pas seulement le spectacle de la jungle ou l’horizon de deux océans presque aussi proches l’un de l’autre qu’à Panama. Je retrouverai mes vieux travers de toujours et me poserai cette inlassable question. Comment les gens gagnent-ils leur vie ? Je tenterai d’y répondre à ma façon, mais promis, sans trop travailler. J’ai déjà une partie de ma réponse dans la devise du pays : « Que vivent pour toujours le travail et la paix ! ». Il doit être bien ce pays qui inclut le travail dans sa devise !
Bonnes vacances !!
Martin