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par Déborah Coeffier
Il est peu de personnes qui suscitent immédiatement la sympathie. Avec son sourire lumineux, son franc-parler et sa mèche rebelle, Marion Dassonneville est de celles-là. Indéniablement, en ce lundi matin où nous allons toutes les deux entamer le marathon d’une semaine millimétrée entre déplacements, conf-call et sorties d’école, une connivence de femmes se noue. Entre deux textos pour caler l’agenda de la semaine, qui se déroulera entre Paris et Bruxelles pour elle, et le premier des innombrables cafés que nous avalerons, nous balayons l’histoire de la vie de la nouvelle Client Partner de NC Partners On Demand.
Marion Dassonneville est née à Montpellier dans une famillede la classe moyenne supérieure. Un père dans l’immobilier, une mère professeur d’anglais, elle grandit avec les monuments de la littérature classique sous les cieux cléments du Languedoc-Roussillon. Élève curieuse et studieuse, elle décroche son ticket d’entrée pour HEC en 1995. Un Graal pour certains, une école simplement prestigieuse pour Marion. « J’ai débarqué là-dedans avec une innocence tranquille. Je n’avais pas les codes, je ne fréquentais pas les cercles qu’il fallait et cela m’était égal. »
Le premier tournant de sa vie a lieu au moment de la série d’entretiens qu’elle passe, comme des dizaines de jeunes têtes bien faites, pour être embauchée dans un cabinet de conseil. En l’occurrence, chez Capgemini Consulting. « Ce que vous ne savez pas encore, c’est que tous ces gens qui sont dans le même espace de travail que vous vont devenir vos meilleurs amis. C’est du reste ce que voulait notre employeur. D’ailleurs, cela n’a pas loupé. C’est là que j’ai trouvé ma vraie famille professionnelle. Je n’ai jamais retrouvé cela depuis », raconte la quadra, un brin nostalgique.
Comme dans tous les cabinets, le rythme de travail est soutenu (litote!). Mais Marion s’épanouit dans ce milieu compétitif où chaque dossier est une bataille à remporter. Bosseuse et ambitieuse, la jeune femme affûte ses armes, trouve sa voie et évolue vite. Plus vite que d’autres. Un sang-froid à toute épreuve, une droiture sans failles, elle est vite repérée. Dans un milieu encore très masculin, la jeune trentenaire est promue Principal. Alors qu’elle rentre d’un tour du monde en 2007, l’horizon de son avenir professionnel est dégagé. Elle n’a plus qu’à franchir les obstacles sur ce parcours semé d’embûches.
C’est bien connu les parenthèses dorées ne durent jamais. Le cabinet est en pleine restructuration, on lui confie de gros dossiers. Marion travaille sans compter. Elle pousse tellement loin ses limites que la digue rompt. « Un soir, je suis rentrée et j’ai été incapable de me lever le lendemain. » La consultante évoque pudiquement son burn-out, une maladie devenue presque banale aujourd’hui. Elle se soigne, prête à remonter sur le ring. Mais le doute s’est frayé un chemin : faut-il continuer sur la même voie ? Marion est en pleine réflexion quand une nouvelle porte s’ouvre soudainement. On vient de proposer un poste à son mari à Montpellier, sa terre natale, qui fleure bon le soleil et une douceur de vivre qui lui manque. Le couple plie bagage et rentre au pays. « C’est là que mon parcours, somme toute très classique, s’arrête. Beaucoup m’ont avoué qu’ils m’enviaient de quitter la région parisienne. »
Marion met alors sa carrière entre parenthèses pour élever ses enfants. Un luxe pour les uns, une folie pour les autres. Après leur entrée à l’école, elle redescend dans l’arène avec impatience. À Montpellier, plusieurs emplois intéressants se présentent mais son profil, estampillé grandes entreprises parisiennes, ne colle pas toujours. Reconvertie en directrice marketing, elle ajoute une corde à son arc : la stratégie digitale et son déploiement opérationnel. Une bonne façon de se remettre en selle mais la cadre ne se voit pas poursuivre ainsi sur le long terme. Tant pis et tant mieux. La variété n’est-ce pas ce qui fait le sel de la vie ? Marion se met à son compte en tant que consultante. À sa grande surprise, elle enchaîne les missions de management de transition, de marketing digital, d’organisation… Son profil, très polyvalent, son calme olympien et son expertise font d’elle une personne recherchée. Elle exerce ainsi son métier avec une liberté totale : « C’est un peu comme Tinder : ça match ou ça ne match pas. On voit tout de suite en quoi une boîte est géniale, mais aussi en quoi elle l’est moins. », souffle-t-elle en riant. La consultante jongle et savoure, de la stratégie aux dimensions très opérationnelles, du brainstorming à la mise en œuvre concrète. À chaque mission, les dirigeants lui font confiance : chiffres, enjeux, limites… « Les salariés ont rarement accès à ce genre de données. De fait, on peut aussi se permettre plus de choses. » L’indépendante se voit confier des informations sensibles. Elle doit en extraire la substantifique moelle et proposer analyses et solutions. En toute franchise.
Cette nouvelle liberté, il serait difficile d’y renoncer. « Intellectuellement, c’est difficile de faire plus stimulant… » Bien sûr, au début, il a fallu faire preuve de créativité et parfois sauter dans un train pour la capitale à la dernière minute. Mais aujourd’hui, Marion a trouvé un équilibre, notamment grâce à son pied-à-terre parisien. La vie de nomade, toujours en mouvement, de mission en mission, ne correspond pas à tout le monde mais lui sied, à elle, comme un gant. Et savoir qu’on a trouvé sa place n’a aucun prix.