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Jean-Patrice Berche
Le sourire toujours au coin des lèvres, Jean-Patrice Berche est un aventurier qui s’ignore. Pourtant, à le regarder, avec ses lunettes rondes et discrètes, son pull torsadé d’où dépasse un col de chemise sage et sa grande mèche sur le côté, son allure évoque plus celle d’un médecin de famille. Qui pourrait croire que l’homme de 53 ans, ingénieur de formation, a exercé mille et un métiers, fait le tour du monde avec femme et enfants et a participé à la création de trois entreprises ? Oui, rien que ça. « Mon parcours peut parfois paraître un peu décousu. Moi, je dis qu’il est riche et diversifié ! », raconte-t-il dans un grand éclat de rire. « En réalité, ma carrière a surtout été jalonnée de rencontres et d’opportunités. J’ai eu l’extrême chance de rencontrer des gens passionnants qui m’ont donné envie de travailler avec eux et qui m’ont fait confiance. » Jean-Patrice aime les challenges et n’a pas peur de saisir la balle au bond.
Peut-être que cette facilité à rebondir est le fruit de son éducation. Fils d’un dirigeant d’entreprises — lui-même issu d’une famille modeste — et né à Dakar, Jean-Patrice Berche passe la majeure partie de son adolescence à Barcelone. Après son bac décroché au Lycée français, il entre en classe prépa pour faire Maths Sup-Maths Spé et intègre trois ans plus tard l’ENSTA (École nationale supérieure de techniques avancées), puis HEC pour un master consacré à l’entrepreneuriat. « J’ai suivi une voie classique sans me poser trop de questions. Mes études m’ont surtout donné une excellente culture générale et une capacité à apprendre, qui me servent encore aujourd’hui. »
De la Coupe du monde 1998 à Zanzibar
Après un rapide passage dans le conseil et dans l’industrie automobile, la carrière de Jean-Patrice Berche prend un premier tournant en 1996, quand il intègre le Comité français d’organisation (CFO) de la Coupe du monde de football 1998. Il est d’abord en charge de la billetterie pour le grand public français, puis de la coordination des opérations Intérieures des dix sites de compétition. « Ça a été une belle aventure, pleine d’adrénaline et de défis. Ma cheffe de l’époque a ensuite été recrutée comme directrice du marketing et de la communication du groupe Fnac et m’a proposé de la suivre. C’est comme ça que je me suis retrouvé directeur général de France Billet au tout début de la démocratisation d’Internet. » Tout est encore à inventer dans cette période des débuts balbutiants du digital. Son rôle est de permettre une transformation douce et efficace des modes de fonctionnement et une réorientation de la stratégie de l’entreprise.
Naturellement, il enchaîne avec des missions de développement numérique pour l’enseigne Surcouf et pour Cyber-base, un label français d’espaces publics numériques géré par la Caisse des dépôts et consignations. « Le fil conducteur entre toutes ces expériences est avant tout la transformation et le projet. Au sens large du terme. J’ai développé une capacité à travailler avec des experts quand je n’en suis pas un moi-même. À force de faire des choses différentes, j’ai appris à me faire confiance et à faire confiance aux autres, mais aussi à faire travailler ensemble des gens qui, de prime abord, n’ont rien en commun. »
Les choses auraient pu perdurer ainsi. Sauf que voilà, Jean-Patrice et son épouse Bénédicte ont un projet qui leur trotte dans la tête depuis un bon moment : faire le tour du monde avec les deux filles aînées de Jean-Patrice et la petite dernière du couple âgée de 4 ans. « C’était un rêve un peu fou au départ. On a mis quatre ans à monter le projet et on a finalement mis les voiles pour une petite année mi-2009. » Direction Zanzibar et le Kenya, puis l’Amérique du Sud avec entres autres la visite des îles Galapagos, la Patagonie et de l’île de Pâques, puis l’Océanie et l’Asie du Sud-Est. Si le périple a laissé des souvenirs indélébiles dans la mémoire de Jean-Patrice, elle a aussi permis au jeune quadra de l’époque de s’interroger sur son futur professionnel. « Je pensais à l’entrepreneuriat depuis un moment, tout en remettant la question à plus tard. Jusqu’au jour où ma soeur m’a passé un coup de fil — je ne saurais même plus vous dire dans quel pays on était — pour me parler d’une idée de création de boite. » Et comme ça, sans l’avoir réellement prémédité, ils fondent ensemble BaladEnigm, une plateforme qui propose balades insolites ou en famille grâce à un support papier ou une application sur smartphone, mais également des team-building pour les entreprises. Depuis l’activité s’est développée et la fratrie a revendu les deux activités à l’été 2020.
Faire appel à l’intelligence externe
Toujours avide de nouveaux défis et avec cette première expérience de dirigeant d’entreprise, Jean-Patrice Berche assiste un ami dans le lancement en 2015 d’Unique Tours Factory, une market-place dans le domaine du tourisme. « Nous proposions aux touristes étrangers la possibilité de s’offrir les services d’un guide privé et professionnel. » Malgré des débuts prometteurs, la croissance n’est pas au rendez-vous. Qu’à cela ne tienne ! En 2017, on lui propose de prendre la tête de Cézanne Stratégies, une toute jeune entreprise de l’économie sociale et solidaire. C’est d’ailleurs à cette occasion qu’il rencontre Martin Videlaine, fondateur de BlueBirds. « J’aime croire que nos routes ne se sont pas croisées par hasard. Cézanne Stratégies avait pour ambition d’aider les PME à accélérer leur développement, en les mettant en relation avec des petits cabinets de conseil en stratégie. En France, contrairement à l’Allemagne par exemple, les plus petites structures font très peu appel à une intelligence extérieure à leur entreprise. Ce qui est regrettable car parfois elles se heurtent à un plafond de verre par manque de compétences, d’expérience ou de moyens. »
Fort de ce parcours éclectique, Jean-Patrice Berche rejoint aujourd’hui la communauté BlueBirds avec l’ambition de mettre ses talents au service des autres. En véritable couteau-suisse, il connaît les attentes aussi bien des PME et ETI que des grands groupes, mais également les immenses défis auxquels tous doivent faire face. Dans un monde bouleversé par la pandémie et les confinements à répétition, les attentes ne seront plus les mêmes. Il faudra parfois repartir de zéro, monter de nouveaux projets, repenser les stratégies, déconstruire pour mieux reconstruire. « Quelque part, oui, j’attends ma prochaine aventure et franchement, j’ai hâte », conclut Jean-Patrice l’œil étincelant.
par Déborah Coeffier