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Vous ne l’avez jamais rencontrée, pourtant, vous la connaissez. Ou plus exactement, vous l’avez déjà lue. Probablement à bord d’un A321, en buvant un café au-dessus des nuages. Rédactrice indépendante et journaliste de voyage, Cécile Balavoine parcourt le monde pour Voyages d’affaires et pour Air France Magazine depuis près d’une décennie. Dans les pages, elle raconte les centres d’affaires, les nouvelles destinations et les marchés en expansion. Comme lors de ce road trip de dix jours au Texas à la découverte des artistes du Sud américain ; de Marfa et ses land-art à la Chapelle Rothko à Houston. « C’est probablement l’un des dossiers que j’ai préféré écrire », sourit celle qui est aussi auteure et que nous rencontrons chez elle.
Les intérieurs révèlent souvent beaucoup de nous-mêmes. Chez Cécile Balavoine, c’est une pile de livres sinueuse qui attire l’œil au premier regard. Du sol au plafond, des dizaines d’ouvrages, anciens ou récents, dont certains posés de face invitent amis et visiteurs de passage à s’en saisir. Cet amoncellement intrigue. Mystérieusement poétique et savamment ordonné, il reflète un amour inconditionnel des belles lettres et un désir tout aussi ardent de les faire connaître. Comme tout bon livre, le parcours de Cécile Balavoine se joue en plusieurs actes, avec quelques rebondissements.
Originaire la région parisienne, sa vie prend un premier tournant en 1997. La jeune femme de 24 ans vient de passer un an en Autriche, après une année en Allemagne, dans le cadre de ses études. Son chemin la mène jusqu’aux États-Unis. Son voyage durera une décennie. Après un an dans le Minnesota, elle postule à NYU, l’Université de New York, pour y reprendre ses études. Sept ans plus tard, en 2004, elle y soutient sa thèse : Lourdes, dans la littérature du XIXe siècle. Dans la foulée, elle est recrutée pour donner des cours à l’université de Columbia, toujours à New York. « Je venais de finir ma thèse et avais énormément de temps libre. Je pensais depuis longtemps à l’écriture, mais je remettais cette envie à plus tard. Même si je m’apprêtais à entamer une carrière académique, je rêvais d’autre chose. »
Son vœu est exaucé par hasard un jour de 2007. L’un de ses amis, rédacteur principal du magazine Voyages d’affaires, veut prendre du recul et propose à Cécile de reprendre le flambeau. « J’ai tout lâché immédiatement. J’ai plié bagage en un week-end et réexpédié toutes mes affaires par conteneurs en Europe. À 35 ans, je faisais un virage à 180 degrés. » À la rentrée suivante, elle commence donc son nouveau travail de reporter, qui la mène de Shanghaï à Sydney, de Londres à Seattle. Parallèlement, Cécile continue d’enseigner pour l’antenne française de Columbia, Smith College et Sciences Po Paris. « Au début, mon emploi du temps était assez sportif. Je sautais dans un avion pour dix jours, rentrais au milieu de la nuit en traversant cinq ou six fuseaux horaires et donnais mes cours de littérature et de de grammaire le matin suivant. » De fil en aiguille, la journaliste commence aussi à écrire pour Air France Magazine et Ideat Magazine, à partir de 2012.
Exigeante, travailleuse et instinctive, le profil de Cécile plaît. Son carnet d’adresse s’épaissit. Plusieurs agences la contactent pour des travaux rédactionnels (dossiers de presse, rebranding, fiches produits…) au service de grandes maisons de luxe comme Hermès ou Dom Pérignon. Une corde supplémentaire à son arc de rédactrice protéiforme. « Ce qui caractérise ma vie, c’est bien l’écriture sous toutes ses formes. Mon style peut être académique, journalistique, marketing ou créatif. » Trouver les mots justes, capturer une atmosphère et la faire vivre dans la lecture des autres, raconter l’authenticité dans la simplicité. Une quête ardue et passionnante.
Quand Cécile n’écrit pas pour les autres, elle écrit pour elle-même. Et ce depuis longtemps. Il y a plusieurs années en faisant du tri, elle retrouve les carnets qu’elle a noircis au fil des ans. Des choses infimes et intimes. « L’écriture est à la fois un jaillissement et une maturation. Elle vous prend et vous emporte, sans vous demander votre avis, mais elle a aussi besoin de temps. Je me souviens d’un texte que j’avais écrit sur mon arrière-grand-père. Ses chaussures étaient posées là, devant moi. Je réalisais qu’elles ne seraient plus jamais portées… » Depuis près de quinze ans, Cécile écrit. De ce besoin de dire le monde sont nés deux romans, publiés aux éditions Mercure de France : Maestro (2017) et Une fille de passage (2020). Dans l’un, elle rend hommage au héros de son enfance, Wolfgang Amadeus Mozart ; dans l’autre, son amitié particulière avec Serge Doubrovsky, figure de l’autofiction et lauréat du Prix Médicis.
Aujourd’hui, l’écrivaine entame son troisième ouvrage. En juin, elle partira en résidence dans une maison d’auteurs. Quinze jours pour traduire en mots son univers, se remémorer les moments fugaces qui font le sel de l’existence. En attendant l’aboutissement de ce nouveau projet et alors que les avions sont cloués au sol, la plume de Cécile Balavoine est encore prête à se réinventer. Pour raconter de nouvelles histoires et embrasser de nouveaux horizons professionnels.