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Le consultant free-lance de 31 ans, passé par Anaxago et Kearney, associe à sa compréhension des enjeux du private equity, la boîte à outils du conseil en stratégie. Sa spécialité : les stratégies de Go-to-market.
La vie de Mehdi Rouich a longtemps tourné autour du sport. Le canoë-kayak plus précisément. “C’était une passion un peu dévorante mais contrairement à la plupart des jeunes sportifs de haut niveau, je n’ai jamais voulu en faire mon métier”, explique le jeune homme. C’est dans son club de Pont-Audemer dans l’Eure, près de Honfleur, que Mehdi découvre cette discipline. Il progresse jusqu’à se hisser dans le top 20 aux championnats du monde des moins de 23 ans. « Que ce soit pour des stages ou des compétitions, j’ai pu naviguer sur des rivières naturelles et stades d’eaux vives du monde entier : Afrique du Sud, Kenya, Etats-Unis…et participer aux sélections olympiques pour Rio 2016. »
Pour autant, Mehdi a déjà la tête sur les épaules et ne néglige pas ses études : “Pour intégrer une filière sport-étude où les places sont très chères, vous n’avez pas le choix que d’être bon à l’école.” C’est grâce à un dossier scolaire impeccable et à ses performances qu’il peut intégrer la licence Dauphine Talents, dispensée par l’université parisienne. Dans ce cursus, qui accueille aussi bien des joueurs du Top 14 que des nageuses de l’équipe de France de natation synchronisée, il peut à la fois poursuivre une formation de qualité et ne pas négliger sa carrière sportive. Pour autant, à 25 ans, c’est l’heure des choix : soit se focaliser sur le sport, soit se concentrer sur sa future carrière professionnelle. “Ce n’était pas un choix simple, mais il n’a pas été douloureux pour autant parce qu’il était réfléchi. Je n’ai jamais voulu que le canoë devienne une contrainte. Au moment où ça aurait pu le devenir, j’ai décidé de ralentir et de passer plus de temps sur mon deuxième projet.”
Retour à l’envoyeur
Ainsi, en 2016, très attiré par le monde des start-ups et de l’innovation en général, Mehdi rejoint les équipes de Click & Boat, qui est aujourd’hui devenu le leader mondial de la location de bateaux sur Internet. “J’ai commencé mon stage, nous étions 10 dans l’entreprise. Six mois plus tard, nous étions 20 et aujourd’hui, ils sont plus de 200”, s’enthousiasme le consultant. Il enchaîne avec une alternance chez Anaxago, société d’investissements non cotée, qui lui propose dans la foulée un CDI comme responsable des relations investisseurs. Son job ? Lever des fonds pour les start-up. “C’était grisant d’avoir autant d’impact sur des jeunes sociétés et de pitcher leur business à des investisseurs parfois prêt à investir plusieurs centaines de milliers d’euros. »
Mais Mehdi entrevoit déjà les limites auxquelles il pourrait se heurter rapidement : “Je voulais m’intéresser aux sujets stratégiques et de transformation des entreprises et m’attaquer à des problématiques qui allaient au-delà du financement.” Il décide alors de tout plaquer : il démissionne et s’endette pour retourner à l’école. En 2018, il intègre le mastère d’ingénierie financière de l’EM Lyon. Mehdi n’a pas peur de faire des choix audacieux, à contre-courant et à l’image de sa passion pour les sports aquatiques. Son objectif est très clair : il veut intégrer un prestigieux cabinet de conseil en stratégie, ce qu’il fait un an plus tard en rejoignant les équipes du bureau parisien de Kearney. “J’ai postulé dans peu de cabinets, je cherchais un cabinet de stratégie à taille humaine, avec un footprint international.” Dès sa deuxième mission, Mehdi est staffé sur Salto, une plateforme de streaming dont le but est de concurrencer Netflix. L’expérience est fondatrice pour l’analyste, qui aime opérer à des étapes cruciales de la vie d’une entreprise : “On est arrivé dans des bâtiments encore en chantier, sans Internet. On avait une roadmap de 12 mois à écrire et une équipe pluridisciplinaire à recruter. J’ai beaucoup travaillé sur la mission d’entreprise et la construction des valeurs avec le top management. C’était passionnant de co-designer ces piliers fondateurs. »
Le pied dans la porte
La mission Salto finie, Mehdi enchaîne plusieurs missions en stratégie, travaille avec divers grands groupes ou pour des fonds d’investissements. Et ne s’y retrouve pas toujours : “Je progressais techniquement mais je n’y trouvais pas toujours du sens. J’avais peur de ne plus travailler sur des missions comme Salto avant des années.” En réalité, il expérimente de manière précoce ce que de nombreux consultants vivent : la frustration de ne pas pouvoir choisir ses missions. Résonne alors à ces oreilles la petite musique de l’indépendance. Il le sait, c’est un marché fructueux qui s’ouvre de plus en plus à des profils comme le sien et qui ne sont plus la chasse gardée des vieux de la vieille. En septembre 2021, il se met à son compte. “Je suis quelqu’un de très résilient quand je sais que mon travail va payer sur le long terme. Mais si je ne vois pas d’ouverture, je peux être impatient et je n’hésite pas à mettre le pied dans la porte.”
Son audace paye à nouveau puisque trois jours après avoir déposé ses statuts, il signe sa première mission. Aujourd’hui, après deux ans et demi en tant qu’indépendant, Mehdi Rouich sait qu’il a fait le bon choix. Sur des missions de 1 à 12 mois, il a pu collaborer avec deséquipes internationales et travailler pour des industries dont il partage les valeurs. “En tant qu’indépendant, on n’a pas le choix que de montrer qu’on peut rapidement apporter de la valeur chez ses clients. On ne peut pas se cacher derrière le prestige d’un grand cabinet et l’héritage des missions passées.” Il a ainsi pu travailler dans des secteurs aussi variés que les médias, la tech ou le secteur pharmaceutique. « Je découvre le métier de chief of staff depuis un an et je l’affectionne particulièrement. » Il s’est aussi spécialisé dans la mise en place de stratégies Go-to-Market pour ses clients. “J’aime intervenir au moment où les équipes s’engagent sur un BP, les aider à finaliser un projet, à réussir un lancement de produit en faisant la navette entre des équipes pluridisciplinaires. Je me retrouve plus dans l’excitation du build d’un projet que dans le run opérationnel.”
L’intensité de ces projets permet à Mehdi d’emmagasiner une vaste expérience. “Je souhaite continuer à apporter de la valeur à mes clients dans ce genre de contexte où je suis moi-même le plus épanoui. Et rien de plus efficace sur le terrain qu’un consultant épanoui ! » Il n’exclut pas, un jour, un retour au salariat. Mais seulement avec la bonne équipe, le bon projet et la bonne destination géographique. Le monde est vaste et Mehdi n’a pas peur de plier bagage pour continuer à le découvrir.
Par Déborah Coeffier