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L’ingénieur, passé par Accenture et Sia Partners, rejoint aujourd’hui la communauté BlueBirds, avec l’ambition de proposer ses compétences en direction générale et en retournement d’entreprise, notamment dans l’industrie aéronautique. Des secteurs, qui à la faveur de la crise sanitaire, sont en pleine recomposition et augurent de nouvelles opportunités à coconstruire.
Sourire timide, regard translucide, yeux interrogateurs. En cette fin d’été, pensif, Louis Catala s’interroge. Que peut-il raconter de sa nouvelle vie professionnelle sans évoquer les problèmes de santé qui l’ont précédé ? Si l’homme de 48 ans affiche une forme éclatante aujourd’hui, tel n’était pas le cas l’année dernière. En avril 2020, alors que le monde entier se confine, Louis Catala est à l’hôpital. Rien à voir avec la Covid, c’est son organisme qui lui joue des tours. « Le corps est vraiment une machine étrange, qui peut dysfonctionner allègrement alors que l’on se sent très bien. »
Faceà une situation qui se dégrade, les médecins décident de l’opérer sur-le-champ. Le couperet tombe. Sans appel. Et il déstabilise profondément notre interlocuteur. « Je travaillais beaucoup, souvent sous pression, dans une sorte de course effrénée. Tout devait être tout le temps sous contrôle, parfois même au détriment de ma santé. Je n’écoutais pas mon corps et je fonçais tête baissée. » Louis Catala remet alors littéralement sa vie entre les mains du corps médical. Un lâcher-prise qui n’a rien d’évident pour lui, habitué au rôle de maître des horloges ou des premiers de cordés.
Après son opération et sa convalescence, l’ingénieur de formation passé par Centrale — tout en suivant une formation de haut-niveau au conservatoire en tant que violoncelliste — décide de mettre de l’ordre dans sa vie professionnelle, de remettre en perspective un certain nombre d’évidences : « Je me suis dit : nouveau corps, nouvelle vie, nouveau projet professionnel ! Avec l’objectif d’être plus à l’écoute de soi », sourit-il. Au passage, il décide également de donner un coup d’arrêt à une carrière exemplaire, qui n’avait connu jusque-là aucune anicroche.
Des systèmes industriels au conseil…
Spécialisé dans les systèmes industriels, Louis Catala débute sa carrière en Allemagne chez Total en 1997, en appui du PDG. Le groupe s’apprête à fusionner avec Elf et Petrofina. Il faut harmoniser les organisations et rendre la chaîne d’approvisionnement plus performante. En 1998, il est débauché en une seule journée par General Electric pour contribuer au sein d’une équipe de 200 personnes issues de 30 nationalités différentes, au passage de l’analogique au numérique dans l’imagerie médicale. « Moi qui adore les nouvelles technologies et le secteur médical, c’était l’occasion de faire coïncider deux univers qui me tiennent à cœur. J’ai le souvenir d’avoir été installer le tout premier mammographe digital au monde dans un hôpital du Canada. C’était extrêmement gratifiant de voir l’impact que cela allait avoir sur le quotidien des radiologues et des perspectives que cela ouvrait en termes de diagnostic, notamment avec l’IA. »
Dans la foulée, Louis est chassé et démarre déjà sa deuxième vie professionnelle dans le conseil, chez Accenture, à 28 ans. « Mon gros avantage est que je venais de l’opérationnel, avec une vision de l’impact direct que certains concepts pourraient avoir immédiatement sur les chaînes de production. » L’ironie du sort veut qu’il travaille essentiellement pendant cinq ans sur la post-merger de Total, Elf et Petrofina, là où il avait déjà sa carrière. Parfois, le hasard fait bien les choses.
En 2006, il rejoint une nouvelle aventure entrepreneuriale : celle de Sia Partners. À l’époque, le cabinet de la place parisienne n’en est qu’à ses balbutiements. « Il fallait tout inventer, c’était une page blanche à écrire. Il fallait tout structurer, gagner les premières missions, recruter, développer de nouvelles offres… C’était exaltant. » Au même moment, il passe un exécutive MBA à HEC. L’occasion de prendre du recul, de découvrir les évolutions du monde des affaires, de diversifier son réseau. En même temps, il s’occupe de ses enfants en bas âge, donne des concerts en musique de chambre avec son épouse — elle-même violoncelliste. Les journées sont longues et les nuits très courtes. « À l’époque, je devais dormir trois ou quatre heures par nuit. »
… Et du conseil à l’indépendance
Ces diverses expériences lui plaisent tellement que Louis Catala décide de se lancer dans une nouvelle aventure : la conduite de sa propre structure. Il confonde ainsi en 2013 l’EBA, un accélérateur de start-up. « On aidait les entreprises à se structurer et à lever des fonds dans la santé, le nautisme, l’industrie minière, le big data, l’énergie ou encore la construction de logements. » Le challenge est beau, les missions affluent. Il collabore notamment avec Daher, constructeur de l’industrie aéronautique, qui fait appel à ses services pour une réorganisation interne sur la performance industrielle et numérique dans le cadre d’une croissance externe. La collaboration se passe si bien que Daher propose à Louis un poste au sein de ses effectifs. En 2015, le consultant range alors sa casquette d’entrepreneur et revient à ses premières amours : le travail opérationnel en entreprise.
L’histoire aurait pu s’arrêter là mais la vie n’est pas un long fleuve tranquille. En arrivant chez Daher, comme à son habitude, Louis Catala donne le meilleur de lui-même, ne comptant pas ses heures. Son corps montre des premiers signes de fatigue qu’il se contente d’ignorer. Alors forcément quand l’annonce de son opération imminente tombe en 2020, il la vit comme une rupture brutale avec tout ce qu’il avait connu jusque-là. « Pour moi, c’était une sorte de rappel à l’ordre. Une mise en garde qui m’a poussé à écouter mes aspirations profondes. »
Et au fond, ce qui fait vibrer Louis Catala — les nouvelles technologies, les réorganisations, l’intelligence artificielle — ne faisant sens qu’en reprenant son indépendance, il a donc décidé de quitter Daher. Simplement et sans éclat de voix, mais aussi pour allier intérêt intellectuel et santé. « Je veux travailler sur des projets enthousiasmants, innovants, qui poussent à la remise en cause de nos schémas industriels traditionnels. Mais pour cela, il ne faut pas rester à la surface. Il faut savoir prendre son temps et aller au fond des choses. D’ailleurs, c’est ce que fait le gouvernement en injectant beaucoup de moyens pour la réindustrialisation du pays. Et je veux apporter ma pierre à l’édifice. » Une entreprise de reconstruction du monde à laquelle croit profondément BlueBirds qui, ainsi, accueille Louis Catala à bras ouverts.
Par Déborah Coeffier