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Vraie progression pour les uns notamment dans les objectifs de réduction du recours aux énergies fossiles, échec pour les autres car sans contraintes sur les Etats et donc du bla bla selon les mots de Greta Thunberg (source : les Echos), la COP26 fut aussi pour les derniers source d’espoir car jamais nous n’avons autant parlé d’environnement. Après les Accords de Paris et après la COP26, il y aura la COP27 en Egypte, et puis d’autres encore et à force, nous sortirons de ce piège que nous nous sommes nous-mêmes tendus au moment de la révolution industrielle et de notre entrée dans l’anthropocène.
Comment réduire nos émissions de CO2 ?
Sauf exception, nous nous posons tous la même question : ménages, entreprises, institutions financières, associations et Etats. Pour devenir expert, ou plus simplement pour regarder la réalité en face, lisez le dernier rapport du GIEC. Il est ici. Attention, 3 949 pages dont un résumé qui tient, lui, en 41 pages. Attaquez le document avec un moral en acier. Car le GIEC est sans appel, la température continuera d’augmenter jusqu’en 2100 au moins et de 1,5°C au moins, même dans son scénario le plus optimiste et donc le moins probable. On en est là.
La stratégie du donut
Je me pose personnellement de plus en plus une autre question que l’Inde et la Chine sont venus rappeler en s’opposant dans le pacte de Glasgow à une sortie du charbon de leur économie. Peut-on sauvegarder l’environnement et continuer de grandir économiquement à long terme? J’avoue comme les géants asiatiques avoir quelques doutes et être par ailleurs de plus en plus séduit par la théorie du donut économique pensée par Kate Raworth, économiste britannique. Elle expose sa thèse en 15 minutes dans un conférence TED ici. Des villes comme Amsterdam se sont mises en tête de tenter de la suivre. Le temps long, encore lui, nous dira si la capitale a choisi le bon chemin.
Alors peut-on continuer de croître sans toucher à l’environnement ? L’analyse du passé apporte pour l’instant une réponse négative. Le PIB d’un pays étant directement lié à sa consommation énergétique et celle-ci ayant été liée aux énergies fossiles, la croissance économique que nous avons connue depuis deux siècles est à l’origine du réchauffement climatique auquel nous faisons face aujourd’hui.
Mais dans le futur ? En décarbonant notre consommation d’énergie, l’hypothèse que nous faisons tous est la continuation de notre consommation énergétique sans émission de CO2 ou si peu, et par voie de conséquence, la continuation de la croissance de l’économie et de l’emploi. Il faut s’accrocher à cette hypothèse, elle est symbole d’espoir, donc de volonté populaire et donc d’action : on ne compte plus les initiatives civiles dans le domaine.
Cependant la décarbonation de notre économie mondiale semble au mieux très compliquée à atteindre et prendra des décennies à produire des effets sur l’atmosphère. Il est difficile d’imaginer l’effort à entreprendre tant il est grand. La consommation annuelle d’énergie primaire fossile mondiale est de l’ordre de 14 Milliards de tonnes équivalent pétrole. Sur le plan physique, cela correspond à 500 (cinq cent) fois la production de l’ensemble du parc nucléaire français. Une telle comparaison montre s’il le fallait que c’est au paradigme même du fonctionnement de l’économie mondiale que nous touchons en voulant réduire nos émissions de CO2. Réduire notre empreinte carbone se matérialisera par de nouvelles façons de vivre. Cela a commencé, il suffit d’essayer d’entrer ou de circuler dans Paris pour s’en rendre compte.
Et puis dans l’hypothèse où nous arrivions à décarboner notre mix énergétique, par quoi remplacerions-nous les énergies fossiles ? Le nucléaire a certes ses avantages, mais faut-il vraiment souhaiter que le plutonium ou que l’uranium remplace totalement le charbon, le gaz et le pétrole ? Les risques sont multiples. Quant au renouvelable, il ne pourra pas matériellement remplacer le volume d’énergie cité plus haut. Prenons l’exemple du photovoltaïque. Comptez grossièrement environ 1 hectare de foncier pour 1 MW de puissance électrique installée et 1 GWh d’énergie produite. Il faudrait 400 000 hectares pour remplacer le parc nucléaire français et 600 000 autres hectares pour remplacer toute la consommation d’énergie primaire fossile nationale : difficile de libérer autant de surface foncière, insuffisant sur un plan technique pour compenser l’intermittence de cette énergie, vraisemblablement inacceptable aujourd’hui sur le plan social. C’est ce qui explique entre autres, que n’y croyant pas, certains de nos concitoyens prônent désormais la diminution de notre consommation d’énergie, et donc de l’économie et donc de l’emploi (sur ce dernier point, ils se font moins diserts).
Jean-Marc Jancovici croit lui que non seulement nous n’arriverons pas à décarboner suffisamment vite notre économie mais également que, le pic de production de pétrole étant derrière nous ou proche de l’être, nous devrions nous préparer à « vivre avec moins ». On peut challenger ses hypothèses mais sa pensée mérite un peu d’attention, en particulier chez les grands groupes dont la santé dépend du pouls économique de la planète et chez tout un chacun quand il s’agit d’éduquer nos enfants.
Cela ne doit en aucun cas être un motif à ne pas agir, mais rappelons que si la France réduisait à zéro ses émissions directes, le volume de C02 émis dans l’atmosphère diminuerait d’environ 1% dans le monde et de 3% si nous réduisions à zéro nos importations et les émissions induites à leur fabrication. En d’autres termes, notre effet de levier sur la planète dans ce domaine spécifiquement sera toujours du second ordre. Et cela dit en passant, vous aurez donc compris avec ces deux seuls chiffres que notre action avec le plus d’impact en matière de lutte contre le réchauffement de la planète serait de réindustrialiser le pays. Nos combats en matière d’environnement, y compris par les entreprises, sont peut-être à aller chercher ailleurs pour davantage de résultats. J’y viens.
Le bouquetin des Pyrénées
Prenons enfin l’hypothèse que tous ces efforts aient été entrepris et que l’économie mondiale soit maintenant largement décarbonée et remplacée par des alternatives renouvelables, nucléaires ou futures, toutes technologies confondues. Tout cela ne résoudrait pas notre autre drame environnemental : l’extinction accélérée de la biodiversité. Plus des deux tiers de la population des vertébrés de la planète a disparu en 50 ans. (source : WWF). Dans ce domaine, le mal est irréversible : une espèce disparue le sera pour le reste de l’histoire de l’humanité. Si vous souhaitez en savoir davantage, je vous invite à découvrir l’UICN.
Il n’est pas besoin de passer nos frontières pour mesurer la catastrophe. Les populations de perdrix par exemple ont fondu dans nos campagnes comme celle des rouge-gorges dans nos banlieues. Le bouquetin des Pyrénées a été sur le point de disparaître définitivement en France et semble sauvé. Comme quoi nous avons aussi quelques bonnes nouvelles à partager en matière d’environnement ! Il y en a d’autres. Moi qui habite les bords de Marne, j’observe désormais des hérons, des cygnes, des cormorans, des oies, des canards et d’autres oiseaux encore qui n’étaient pas là il y a 10 ans.
Le premier driver de la destruction de notre faune, de notre flore et de leurs habitats naturels est l’activité humaine. Compte-tenu de la croissance de la population mondiale, il faut s’attendre à ce que cette tendance progresse d’elle-même si nous n’agissons pas.
Mes détracteurs me diront que je prône ici la décroissance. Ce n’est évidemment pas le cas, je m’accroche aux donuts ! Mais il est vrai que pour un edito à destination de décideurs économiques et d’indépendants qui les conseillent ou les remplacent temporairement, on a connu message un peu plus dans le sens du vent. Je partage seulement en toute transparence avec vous une conviction profonde : il faut agir vite.
A l’heure où Sir David Attenborough lors de son discours d’entrée à dernière COP nous demande à juste titre ce que nous entreprenons pour diminuer nos émissions de CO2 (écoutez-le ici, cela dure 7 minutes), je vous invite à vous poser une question complémentaire :
« Que fais-je pour sauver la biodiversité ? »
Et à poser un nouveau regard sur les donuts en rayon chez votre pâtissier.