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Notre petite équipe s’apprête à prendre quelques jours de repos bien mérités. La reprise qui a frappé à nos portes nous a tous bien sollicités et comme vous aussi j’espère, je serai heureux de délaisser pendant quelques semaines les contraintes inhérentes à la vie professionnelle. Le téléphone ne sera jamais très loin pour les dirigeants ou les indépendants en attente d’une confirmation de mission, mais les sacro saintes vacances estivales auront survécu à tout, même à la pandémie, c’est dire !
Ceux qui me connaissent et m’avaient déjà lu il y a un an à la même période savent que je ne suis pas un immense fan des congés. Cette année ne fait pas exception. Les uns, épuisés de sollicitations, seront heureux de se poser. Les autres ont été au chômage partiel malgré eux et ont peu mouillé la chemise. Les derniers ont tout perdu : ils se demandent d’abord comment ils travailleront de nouveau. C’est d’abord à eux que je pense.
Ce seront donc de « drôles de vacances » tant les Français arriveront en bord de mer, à la montagne, à la campagne, à rechercher le grand air ou les bains de foule, avec un passé récent inégal et des rêves ou objectifs pour septembre différents.
Ces drôles de vacances seront d’autant plus étranges que nos vies ont changé depuis mars 2020. Oh, rien d’extraordinaire : nous présenterons notre téléphone montrant que nous sommes vaccinés de temps à autre, nous porterons notre masque quand cela s’imposera et nous irons même jusqu’à présenter notre nez à un inconnu tout de bleu ou de blanc vêtu pour traverser certaines frontières. Et puis nous retournerons travailler alternant bureau et home office. Non, vraiment rien d’extraordinaire.
Pourtant, à y regarder de près, ces petits changements, cumulés à d’autres depuis quelques mois, ont initié des changements plus profonds.
J’ai récemment accompagné mes parents dans le sud pour qu’ils prennent leurs quartiers d’été. Leur état de santé ne leur permettait pas de le faire par leurs propres moyens. J’ai donc pris ma vieille Scenic, ai traversé Paris d’est en ouest, puis ai fait la route avec eux jusque dans les Landes. J’étais en infraction au moment même où je me suis assis sur le fauteuil : ma voiture diesel a été immatriculée avant le 31 décembre 2005. Elle est donc affublée du Crit’Air 4. Il aurait fallu que je rachète un quatre roues pour traverser Paris alors même que ma vieille Renault passe le contrôle technique, consomme peu et donc pollue tout autant. Un large choix de véhicules commercialisés sur le marché me permettrait d’acheter une voiture moins écologique. Drôles de vacances : ma liberté de circuler avait reçu un coup de griffe.
Mes parents ont fait le choix de ne pas se faire vacciner. C’est peu de dire que leurs enfants – moi le premier – et leurs petits-enfants ont tenté de les faire changer d’avis. Rien n’y a fait. Mais c’est leur choix et il a bien fallu s’y plier. Ce choix, ils ne l’ont plus depuis quelques jours à moins de vivre en dehors de la société. Drôles de vacances : leur liberté de se faire administrer un produit autorisé à être commercialisé sous conditions a de fait disparu.
La vaccination s’est invitée au banquet de nos divisions gauloises. Derrière la majorité suivant les files construites par Doctolib et consorts, une minorité s’insurge contre cette liberté perdue de disposer librement de leur corps. Il y en a un parmi eux que j’ai récemment découvert : Fabrice Di Vizio. L’homme est avocat dans le secteur de la santé depuis 20 ans. On approuve ou on désapprouve ses idées, mais il parle bien. Et de toute évidence l’homme aime bien s’écouter aussi ! Vous l’aurez compris, M. Di Vizio aime les vents contraires. YouTube l’a censuré. Drôles de vacances : challenger l’OMS vous enlève votre liberté de parole sur une des principales plateformes video mondiales.
Ma fille devait se rendre aux Etats-Unis cet été. Elle ne partira finalement pas, les frontières outre Atlantique étant fermées aux Européens. Drôles de vacances : pourquoi croise-t-on des Américains à Montmartre en ce moment et aucun Français au pied de la Statue de la Liberté ?
Enfin mon fils vient d’obtenir son baccalauréat en ayant passé seulement deux épreuves en deux ans. Bien sûr que je suis heureux pour lui. Mais je garderai toujours ce petit goût amer quand nous évoquerons son grand oral choisi sur le thème de l’une de ses spécialités, les mathématiques. L’un de ses deux évaluateurs était professeur de sports. Le lecteur comprendra aisément que ce professeur ait été perdu quand le deuxième évaluateur lui demanda d’expliciter l’inégalité de Minkowski. Cela m’a rappelé un vieux sketch des Inconnus. Drôle de bac avant les vacances: la liberté laissée à l’Education Nationale sans rendre des comptes l’a-t-elle rendue incompétente à ce point ?
Bien sûr que j’irai acheter une nouvelle voiture. Bien sûr que je suis vacciné et que je vous invite à le devenir. Bien sûr que mes enfants découvriront un jour l’Oncle Sam. Bien sûr que mon fils a déjà oublié son bac concentré qu’il est sur son été et ses études universitaires qui approchent à grands pas. Bien sûr que je continuerai d’utiliser YouTube. Ma vie, la vôtre, celle de tout un chacun ne changera pas radicalement.
Mais il faut faire attention à ne pas trop jouer avec la liberté. A la rogner un peu chaque jour, presque de manière invisible, jamais beaucoup en une seule fois, à jouer avec elle, à parfois l’oublier comme si elle était acquise définitivement, nous faisons lentement et imperceptiblement place à l’antonyme de cette liberté. Les mots contraires à la liberté sont également un peu opposés à l’idée même de vacances. Je ne les citerai donc pas ici, préférant les mots soleil, sieste, livre, balade, amour, caïpirinha, fête ou encore rêves davantage en phase avec août.
Bonne nouvelle, la définition même de liberté fait débat. Spinoza défend la thèse qu’elle est d’abord illusion. Mince. Epictète la circonscrit à la pensée. Avec tout le respect que je dois au philosophe, cela me paraît un peu court. J’ai une préférence pour Kant qui la définit comme la capacité de chacun à s’autodéterminer par la volonté. Rousseau lui donne un champ politique dans le Contrat Social : « La liberté consiste moins à faire sa volonté qu’à n’être pas soumis à celle d’autrui ; elle consiste encore à ne pas soumettre la volonté d’autrui à la nôtre ». Tout le problème est là : la liberté est aussi politique parce qu’elle se partage. Cela, nos membres de l’Assemblée l’ont bien compris.
J’ai choisi d’entreprendre par goût de liberté. Je la vis chaque jour au travail comme je m’apprête à savourer cette autre liberté qu’offrent les vacances. Je vais partir me ressourcer un peu moins libre que je ne l’étais il y a un an. Mais libre, je le suis toujours, même sans ma Scenic !! Vous aussi.
Bonnes vacances !
Martin