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Voilà maintenant quelques semaines que nous avons tous repris le rythme post estival. Sans même nous en apercevoir nous voici entrés dans l’automne. La nature a commencé à s’habiller d’orange et de rouge. Certains fruitiers ont commencé à perdre leurs feuilles.
C’est en écoutant Radio Classique et l’une de ses invitées que j’ai eu l’envie de partager avec vous un thème que nous partageons tous mais sur lequel la communication est rare parce que nous aimons si peu en parler: l’art de perdre.
Disons-le tout de go, j’ai un peu hésité à choisir un tel sujet. Nous préférons tous nous entretenir de « l’art de gagner ». Il est facile de tomber dans la sinistrose en parlant de perte au moment même où les jours raccourcissent à vue d’œil. Et puis le thème « faire de ses échecs un succès » est déjà un peu éculé. Belmondo m’aurait soufflé « Choisis l’art de vivre plutôt ! ». Et j’aurais développé sur l’insouciance, l’extravagance, la séduction, la joie, la bonhommie chers à l’acteur et à nous tous.
Mais Alice Zeniter parlait si bien de l’art de perdre et de son roman éponyme qu’elle m’a tout simplement donné envie de vous donner envie de la lire.
Avec « l’Art de perdre », Alice Zenitier raconte le passé perdu des harkis, leur tentative de retrouver leurs racines et d’en créer de nouvelles. Elle rappelait à l’antenne avec poésie, sans tristesse ni amertume, que la vie est une suite continue de pertes. Nous perdons nos clés, nos amis, nos amours et dans le cas des harkis, un pays. Symbole de cette Algérie qui reprit son indépendance et pour laquelle il se battit, Abdelaziz Bouteflika est décédé ce mois-ci. L’avez-vous seulement remarqué ? Il part sans les honneurs nationaux après 20 ans au pouvoir. Cela se passe de commentaires. BlueBirds a fait là-bas ses premiers projets cette année mais nous n’avons pas pour ambition d’y planter un drapeau. Comme ce pays est risqué pour une jeune entreprise comme la nôtre. J’espère que le pays s’ouvrira de plus en plus aux affaires. L’Algérie se classe 104ème au classement de Transparency International en matière de corruption. Cela laisse un peu de marge de manœuvre pour progresser.
S’il y a un domaine ou la perte est un réel problème, voire un tabou, c’est en matière d’entreprise. On y perd des contrats, des clients, des employés, des livraisons de cartes à puces, des associés et plus encore. On peut aussi y perdre de l’argent. Comment ne pas citer le contrat perdu ce mois-ci par Naval Group avec le Ministère de la Défense australien ?
Tout a été dit ou presque sur la rupture des engagements de l’Australie : ses conséquences commerciales, financières ou sociales sur Naval Group, la conduite séculaire de nos voisins anglais, la façon de se parler entre alliés, l’absence de défense européenne, le rôle de l’OTAN ou encore et surtout la peur qu’instigue la Chine à l’Australie la conduisant à changer de stratégie militaire et d’alliance. Sur le plan économique, cette affaire remet un coup de projecteur sur notre balance commerciale. Le contrat représentait pour Naval Group et ses partenaires un Chiffre d’Affaires à venir de l’ordre de 50 Md€ (les sources divergent sur le chiffre exact). A titre de comparaison, le déficit commercial de la France était de 65 Md€ en 2020. Les Echos publiaient le 15 septembre dernier, quelques jours avant l’annonce du 1er Ministre australien, un article sur les origines du déficit commercial français.
« D’année en année, la France accumule les déficits extérieurs, avec comme conséquence que sa position extérieure nette, c’est-à-dire la différence entre la valeur de ce que les Français détiennent à l’étranger et celle de ce que les étrangers détiennent en France, est de plus en plus négative. En vingt ans, depuis la fin 2001, cette position est passée de -40 milliards d’euros, soit 2,7 % du PIB, à -695 milliards d’euros, soit 30 % du PIB fin 2020 ».
Les Echos – 15/09/21
La France devient un pays détenu en quelque sorte et perd lentement mais inexorablement de sa souveraineté économique. Jean-Marc Daniel esquisse la voie à suivre pour échapper à cette dynamique. Lisez-le, c’est ici. Les pro « made in France » y boiront du petit lait. Et s’agissant de l’avenir de Naval Group, je partageais ce mois-ci mon optimisme avec certains dirigeants du Groupe : les dépenses militaires vont croissantes dans le monde, y compris en France. L’industriel en bénéficiera, la Grèce vient tout juste de nous le confirmer. Mais faut-il vraiment s’en réjouir ?
Et puis ce mois-ci, l’Allemagne mais aussi la France et l’Europe ont perdu la direction d’Angela Merkel. Sur le plan social, elle laisse un pays de plein emploi. Sur le plan financier, elle aura renforcé en 2009 le frein à la dette fédérale par une nouvelle loi constitutionnelle. Le taux d’endettement du pays est désormais inférieur à 70% de PIB – il dépasse les 120% en France. L’impact budgétaire des propositions en matière de rémunération des fonctionnaires par une candidate à la Présidence en France seraient vraisemblablement anticonstitutionnelles en Allemagne. Et pourtant l’idée a de quoi faire son chemin: nos professeurs sont rémunérés deux fois moins qu’outre Rhin. Les statistiques de l’OCDE sont ici. L’Allemagne, un modèle ? Pas sur le plan environnemental : il suffit d’observer le mix énergétique particulièrement carboné du pays pour s’en convaincre. Vous aurez cependant compris que j’ai un faible pour la femme politique que fut Angela Merkel. Elle aura fait du consensus un art dont nous aurions beaucoup à apprendre. Ce que je retiendrai d’Angela Merkel, c’est sa longévité et sa constance. La chancelière aura su réconcilier le temps long avec la démocratie. L’Allemagne, voilà un pays où il serait de bon ton que nos clients puissent s’y entretenir un jour avec une équipe de BlueBirds. Le marché des services offerts par les indépendants à haute valeur ajoutée y est bien plus profond qu’en France.
L’Allemagne vient de perdre une grande dame à sa direction. La France, quant à elle, vient de perdre un immense acteur et un joli contrat. Nous avons tous perdu quelque chose ou quelqu’un ce mois-ci. Mais de même que nous retrouvons nos clés, l’amour ou un client, de même que l’Allemagne se dote d’un nouveau chancelier à qui nous souhaitons le meilleur, de même que la France fabrique de magnifiques acteurs et inversement, j’aime à penser que l’avenir nous réserve de belles surprises. Dès lors que nous y travaillons !