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Alors que le Coronavirus frappe maintenant l’Europe, inquiète nos familles et arrête les usines, il ne fait d’ores et déjà plus de doute qu’au-delà de l’impact sanitaire qu’occasionnera la crise dans laquelle nous entrons, l’économie de nos pays, France en particulier, sera fortement impactée. De là à penser que cette crise sera l’événement qui nous fera entrer en récession, il n’y a qu’un pas à faire. De nombreux clients et contacts industriels nous informent avoir cessé leurs livraisons à leurs clients au moment où cet email vous parvient.
Cette crise nous a déjà peut-être fait oublier qu’un séisme d’une magnitude encore incalculable dont la portée s’inscrit dans le temps long est advenu le 31 janvier dernier : le Royaume-Uni a quitté l’Union Européenne.
Le projet européen prend ses racines après la seconde guerre mondiale : il est à la fois la concrétisation d’une volonté de paix sur le continent après les horreurs de 39-45 et la réponse à une menace croissante de l’époque, la volonté expansionniste de l’URSS.
La paix et la prospérité, voici en deux mots la raison d’être du projet européen quand il est né. Le monde a un peu changé depuis le discours de Schuman en 1950. L’Europe aussi. Pourtant les défis restent de même nature.
En matière de sécurité, la Russie a envahi la Crimée et l’est de l’Ukraine, l’OTAN est désormais fragilisé par les positions américaines et turques à tel point que le Président français a parlé de « mort cérébrale » de l’institution censée nous protéger. Les grandes nations créent leur armée spatiale, pas l’Europe. La paix n’est jamais totalement acquise. Le départ des Britanniques ne va rien arranger, au contraire.
En matière économique, l’UE s’est faite le chantre de la protection des consommateurs en focalisant ses efforts sur les prix au détriment parfois de la création d’acteurs européens de taille mondiale, interdisant par exemple la fusion entre Alstom et Siemens. La guerre commerciale désormais ouverte entre grandes puissances pose la question de l’envie de l’Europe d’assurer son autonomie dans les secteurs stratégiques de demain. Le domaine de la donnée est illustratif du retard que nous avons pris parfois et des défis à venir. Le 1er février dernier, Orange fermait Cloudwatt, projet de cloud européen ayant pour ambition de concurrencer Microsoft, Google et Amazon. M. Thierry Breton, commissaire au marché intérieur pour l’UE, disait récemment dans les Echos : « Nous avons perdu la bataille de la donnée personnelle, celle des données industrielles débute ». Le départ du Royaume-Uni de l’UE va-t-il nous aider et aider les Britanniques dans cette nouvelle bataille qui s’annonce ? Certainement pas.
Le brexit est l’histoire d’un triple échec: échec historique, échec démocratique et échec socio-économique. Echec historique parce que le Royaume-Uni restera toujours en Europe, géographie oblige : nos destins sont liés. Echec démocratique parce que nous n’avions pas envisagé qu’un pays veuille quitter la famille. Il a suffi d’un vote, par ailleurs serré, pour enclencher le divorce. Et si un futur gouvernement venait à appeler les Britanniques à voter pour une nouvelle entrée du Royaume-Uni dans l’UE, relancerions-nous un processus inverse ? L’UE ne peut être conçue comme une institution dans laquelle ou entre ou on sort au gré des alternances d’opinions. Enfin échec socio-économique : le Royaume-Uni et l’UE, leurs peuples et leurs entreprises, seront toujours plus forts ensemble, quelles que soient les limites actuelles de l’UE – elles sont nombreuses – et les envies d’indépendance de nos voisins britanniques.
La base du management et de l’éducation est d’apprendre de ses échecs. Il y a mille théories sur la relance de l’Europe. Comme pour tout projet, la méthode compte autant que le fond. Il faut réinventer l’Europe et il faut réinventer la manière avec laquelle nous la construisons. Avec le Grand Débat National, la France a su créer une nouvelle forme de discussion à l’échelle d’un pays. Un exemple à décliner à l’échelle européenne ?
Quelle que soit la méthodologie choisie, lançons-nous, tirons les leçons de cet échec et retrouvons vite le chemin de la construction européenne. Car pendant ce temps, la Terre continue de tourner et le monde ne nous attend pas.
Ghita et Martin