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Après avoir fait ses armes pendant dix ans en cabinet de consulting et dans la grande distribution, l’ingénieur de 33 ans, spécialiste du bilan carbone et de la stratégie climat-RSE, a décidé de se mettre à son compte, conscient que ses compétences lui permettent de se démarquer sur un marché en plein développement.
Vous le savez, l’habit ne fait pas le moine. En l’occurrence, le casque ne fait pas le consultant. Car quelles seraient les chances pour qu’un adolescent passionné de sports mécaniques, jusqu’à faire partie de l’équipe de France de motocyclisme de vitesse en 125 cm3, devienne un jour un expert climat et RSE ? Assez minces, en théorie. De la même manière, qui pourrait croire que derrière cette voix tranquille, ces cheveux en pétard et cet air placide teinté de timidité, se dissimule un homme qui n’a jamais eu peur de se montrer audacieux ? “J’ai la démission assez facile, reconnaît en rigolant Clément Dunikowski. Non, plus sérieusement, je n’aime pas la monotonie et j’aime le changement. Je n’ai donc pas peur de prendre des risques calculés. Mais je mûris mes décisions.”
Peut-être est-ce dû à son adolescence atypique ? Issu d’un milieu aisé en Picardie, Clément grandit dans une ferme et passe ses années de jeunesse à sillonner la France et le monde pour concourir sur les circuits de moto. Conséquence ? Il rate une bonne partie de l’année scolaire sans que cela l’empêche d’être bon élève et d’intégrer l’Institut supérieur d’agriculture (ISA) de Lille en 2009. “À un moment, il a fallu faire un choix. Mes parents ont veillé à ce que j’ai le plus de perspectives possibles. La moto n’est pas un milieu pérenne ou confortable mais il m’a permis d’apprendre très tôt la réussite et l’échec et savoir dans quelle direction je voulais aller à terme.”
“Mettre l’effort au bon endroit”
À l’ISA, l’étudiant s’intéresse à une matière assez novatrice : les questions environnementales et travaille sur l’analyse des sols, les risques industriels, la mesure des gaz à effets de serre… C’est l’époque de l’émergence des bilans carbone et Clément s’initie à ce nouveau domaine chez EcoAct, leader du marché en France au milieu des années 2010. “Les données estimatives des gaz à effets de serre permettent d’obtenir des ordres de grandeur fiables et de hiérarchiser les impacts d’une entreprise, pour ensuite “mettre l’effort au bon endroit”. Connaître la réglementation est un enjeu de taille, mais pour les entreprises qui souhaitent agir, le plus important est d’identifier les leviers de réduction. Quitte à remettre en question une partie du business model de l’entreprise”, détaille Clément. Cette première expérience professionnelle lui permet d’acquérir des compétences fondamentales et surtout assez rares, bien qu’il n’en ait pas nécessairement conscience. Mais l’ingénieur plaque tout fin 2016. Sa compagne se voit offrir un poste à New York et il décide de la suivre[CD(1] , avec l’objectif de travailler dans le carbone. “Après tout, on n’a qu’une vie…”
Si le couple vit l’American Dream pendant quelques mois, une opportunité professionnelle ramène Clément plus vite que prévu en France. Le cabinet EY lui propose un poste. Du genre qui ne se refuse pas. “Je ne pensais pas du tout que mon profil pourrait intéresser un gros cabinet comme celui-ci. Je me suis laissé tenter par le monde de l’audit qui suppose de challenger les déclarations annuelles des entreprises. En tant qu’auditeur extra-financier, on touche à l’ensemble des aspects de la RSE, et pas uniquement le climat. Cela m’a permis d’avoir de solides bases sur l’ensemble de la thématique et d’avoir une approche intégrée.” Clément passe deux ans chez EY mais ne s’y retrouve pas. Il ne vit pas du tout l’enfer que certains connaissent en cabinet mais ne se reconnaît pas dans l’atmosphère ultra compétitive du milieu. Le hasard fait plutôt bien les choses puisqu’à ce moment-là précis, METRO France cherche un nouveau responsable du reporting RSE et de la stratégie Climat. Clément se lance alors un nouveau défi. Ayant travaillé en cabinet, voilà un moment que le monde agro-alimentaire le titille, avec l’envie de se confronter à la “réalité du quotidien” et de “mettre les pieds dans le plat”.
De Paris à Lille
Chez METRO, Clément a pour mission de structurer et mettre à jour l’empreinte carbone de l’entreprise puis de définir l’ambition à 2030 de l’entreprise. Dans une entreprise qui a pris du retard sur le sujet mais qui veut rattraper la concurrence. “C’est ça qui était super intéressant. Il fallait faire le tour des équipes pour collecter les données, convaincre de la démarche, marquer certains à la culotte parfois. Mais on a aussi souvent la surprise de découvrir des alliés, qui filent des coups de main discrètement. C’est beaucoup d’humain. Il n’y a pas de méthode prédéfinie.” Mais voilà, six mois plus tard le confinement est là. Clément enfermé dans son appartement rêve d’ailleurs. À la faveur du développement du télétravail, il décide donc de plier bagage et de s’installer à Lille. Le pari est audacieux et pendant deux ans, il va faire l’aller-retour jusqu’au siège de METRO à Nanterre trois fois par semaine, soit 4 heures de transport par jour. Pour autant, pas question de revenir vivre en région parisienne. Pour rien au monde, il ne veut faire le chemin inverse. Alors, il ouvre ses écoutilles. “J’ai le luxe de travailler dans un secteur où il y a du boulot alors j’ai guetté les opportunités.”
Début 2023, il est chassé pour reprendre le poste de responsable de la stratégie climat chez Auchan Retail dont le siège est à… Lille ! Ni une, ni deux, Clément tente sa chance : “Au-delà de l’impact sur ma vie personnelle, cela me permettait de participer à la définition des stratégies à l’échelle du groupe, applicable de la Roumanie à la France, en passant par le Sénégal[CD(2] .” Clément travaille au développement et déploiement des outils, coordonne les groupes de travail, structure le reporting… Mais, en étant en poste au siège, il a aussi l’impression de s’éloigner petit à petit du terrain, d’autant que l’inertie liée au quotidien d’un grand groupe ne lui permet pas d’avancer aussi vite qu’il le souhaiterait. Il lui apparaît alors évident de se lancer comme free-lance : “J’aime la diversité des missions que l’on trouve en cabinet et l’esprit d’équipe et l’opérationnalité des entreprises.”
Ces jours-ci, en mission de management de transition chez Chanel avec BlueBirds, Clément encadre l’équipe en charge de la collecte des données permettant de mesurer les impacts environnementaux des transformations lancés dans la maison de couture. Il est donc garant des méthodes de reporting et d’analyse des données environnementales, notamment vis-à-vis de la réglementation et de la stratégie RSE de l’entreprise, et dirige à cette fin une équipe de quatre data analysts. Et quand il ne planche pas sur des tableaux Excel, il s’attelle à rénover sa maison, en visant les meilleures performances environnementales, cela va de soi.
Par Déborah Coeffier
[CD(1]J’aimerais préciser que je suis parti avec pour objectif de trouver un job là-bas, dans le domaine du carbone. Ici on pourrait croire que je suis parti sans avoir l’intention de travailler ou en remettant tout en question, ce qui n’est pas le cas.
[CD(2]J’ai reformulé car Auchan n’est pas en Allemagne, et l’Inde n’est pas un très bon exemple car ce sont uniquement des bureaux de sourcing pour lesquels je n’ai pas vraiment travaillé.