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Belle et douce Année !

Les cigognes ont inspiré le nom de la société BlueBirds. Elles choisissent dans leur vie un partenaire unique puis n’en changent plus malgré les migrations qui les séparent plusieurs mois. Un peu comme nous avec les membres de la communauté. Ils sont libres d’aller et venir où bon leur semble mais sont tout aussi heureux de pouvoir nous retrouver de temps en temps. « Encore une fois l’amour s’arrête là, encore une fois, il reviendra ! » seraient tentés de se dire ces deux cigognes sur la photo. Ce sont là les mots de Marie-Flore dans son dernier album.

Marie-Flore, sa voix grave, ses paroles bien senties, ses yeux bleus froids, son piano, sa musique m’ont pris par la main et m’ont un peu montré le chemin cette année. Dans l’avion qui m’emmène à Casablanca pour retrouver l’équipe, dans le RER que je reprends depuis quelques semaines maintenant que nous avons des locaux en face des Galeries Lafayette, au bureau pour mettre nos vœux sous enveloppe. A la maison enfin parce que le son est toujours meilleur chez soi que chez les autres.

Vous êtes nombreux à me demander comment va la société. Je le vois bien à votre regard, c’est toujours une demande mêlée d’une sincère envie que les choses aillent bien et d’une crainte que ma réponse soit mi-figue mi-raisin. J’aime quand vous me posez cette question car elle m’oblige à regarder la société sans concession. Voici donc quelques éléments de réponse.

BlueBirds a clos il y a quelques semaines son sixième exercice de croissance rentable. J’y vois là la conjonction de plusieurs facteurs : une boussole dont le nord a toujours été la satisfaction de nos clients, une gestion rigoureuse, quelques bons conseils reçus de nos fées bienfaitrices – elles se reconnaîtront -, et une pincée de chance (parfois même un peu plus). Et puis beaucoup, beaucoup, beaucoup de travail. L’entrepreneuriat est une drôle d’aventure qui rend la vie plus intense. Goûtez-y si le cœur vous en dit!

Pour rappel, nous opérons sur deux marchés : le conseil réalisé par des indépendants à forte valeur ajoutée (stratégie, management, finances, digital) et l’executive interim management.

Notre communauté qui compte désormais 5000 hommes et femmes se spécialise de plus en plus sectoriellement et par métier. Le retail, les utilities et l’industrie manufacturière sont nos principaux secteurs d’activités. Il n’y a en revanche pas de caractère récurrent dans la nature de nos interventions. En conseil, nous intervenons essentiellement pour diriger des projets quand nos clients ne souhaitent pas se faire accompagner d’un cabinet de conseil classique. En management de transition où nous grandissons plus vite qu’en conseil, les missions sont de tous types. Nous avons staffé par exemple un Directeur du Non Alimentaire dans le retail, un Directeur de Site dans l’industrie ou encore un Directeur de Relation Client dans les utilities. Cette diversité de missions fait le sel de notre quotidien. Les deux tiers de notre activité sont réalisés en France. Le reste l’est en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.

2022 aura également marqué pour BlueBirds le lancement de notre podcast Histoires d’Entreprises. Partie d’une simple envie de ma part, aller à la rencontre de décideurs à la sortie du confinement, je ne mesurais pas l’effet positif que la diffusion de nos 25 premiers épisodes allait avoir sur BlueBirds. J’ai tendu le micro à quelques dirigeants médiatiques comme Benjamin Fremaux (Idex), Karine Schrenzel (3 Suisses) ou encore Nicolas Dufourcq (BPI) qui d’une manière ou d’une autre vous décoiffent toujours. J’ai aussi eu la chance de rencontrer des Directeurs Généraux discrets qui réalisent un travail formidable dans l’ombre. Je pense en particulier à Philippe Denecé du Groupe Müller, Jacques Bourgeais de la Cavac ou encore Patrick Aps de Natup. Celui qui m’a le plus touché est à venir : Joseph Puzo fondateur d’Axon Cables. En écoutant Joseph, en plus de rencontrer un homme d’exception, j’ai entendu l’histoire d’une France que j’aimais puis a disparu mais tente de renaître depuis peu. J’y reviens dans un instant.

Que retenir de 2022 pour nous tous sinon qu’il a fait un peu plus chaud que d’habitude?

En demandant autour de moi ce qu’il était advenu de positif l’année passée, mes interlocuteurs ont marqué un temps. Pas complètement évident me direz-vous en dehors de nos cercles proches où il y a toujours matière à se réjouir. Les rugbeux, toujours aussi taquins quand ils parlent de nos voisins outre-Manche, me sourient en évoquant les difficultés de l’Angleterre depuis le Brexit. So shocking! Les footeux soulignent le Maroc arrivé en demi-finale de coupe du monde. Nous l’avons déjà oublié, mais le masque n’est plus obligatoire depuis peu dans l’Hexagone. C’est probablement là, dans notre quotidien nous permettant de nouveau d’embrasser nos proches, que l’année 2022 nous a apporté ce qu’il y a de plus beau : la liberté retrouvée. Moins glamour mais il faut s’en réjouir aussi : avec 7,3% au sens du BIT, le chômage est à son plus bas depuis 2008.

Au rang des innovations les plus marquantes, le lancement de Chat-GPT est pour moi une révolution au même titre que le fut Google lors de sa sortie. Celles et ceux parmi nous qui ne percevaient pas encore l’arrivée de l’IA vont ouvrir les yeux. Cela commencera par nos enfants qui, comme les miens déjà, y feront leurs devoirs de classe. Courez aller voir si ce n’est pas déjà fait : https://chat.openai.com/auth/login

Deux dates d’après moi nous ont fait changer de monde en 2022 : le 24 février et le 16 août. Je vous prie par avance de m’excuser, mais les lignes qui suivent ne sont pas super gaies. Mettez votre ceinture et rassurez-vous, ce message finit sur une note positive !

Tout ou presque a été dit sur la guerre en Ukraine lancée l’hiver dernier. Je m’en tiendrai ici à quelques conséquences économiques que l’on peut résumer en trois points :

  1. Les prix de l’électricité et du gaz en France ont explosé. Le prix de l’électricité était tout récemment de 400 € du MWh contre 100€ à la même période l’année dernière et 50€ un an plus tôt (source : epexspot). Les écarts de prix du gaz sont désormais dans un rapport de 1 à 6 entre les Etats-Unis et l’Europe. Nous sommes tous touchés malgré les mesures prises par le Gouvernement: particuliers, mairies, artisans, industriels ;
  2. Les exportations, première source de richesse de l’Europe, s’appuyaient sur une énergie bon marché et abondante. Faute de pouvoir acheter du gaz russe à un prix attractif et de pouvoir produire à un prix compétitif sur son propre sol, l’Europe est soudainement devenue importatrice nette. La balance commerciale mensuelle de l’UE était positive de l’ordre de 200Md€ depuis plus de 10 ans. Elle est négative de l’ordre de 400Md€ depuis mars dernier ! (source : tradingeconomics.com) ;
  3. La mondialisation de l’économie était déjà en recul depuis plusieurs années. La guerre en Ukraine, aidée du Covid, a accéléré ce phénomène et a replacé les sujets de souveraineté économique au centre des intérêts des Etats. Nous découvrons que nous dépendons de presque tout vis-à-vis de nos partenaires commerciaux et souhaitons maintenant retrouver une forme d’autonomie.

Nous nous souvenons tous de l’endroit où nous étions le 24 février dernier. Et le 16 août ? Ce jour-là, Joe Biden ratifiait l’Inflation Regulation Act (IRA) aux-Etats-Unis. Ce texte est une révolution :

  1. Les nouvelles barrières non tarifaires à la vente de produits aux Etats-Unis et environ 200Md$ prévus dans le financement de l’IRA enfreignent les règles de l’OMC. Elles n’étaient déjà pas respectées par la Chine. L’Europe est désormais la seule puissance économique d’envergure mondiale à vouloir continuer de respecter les règles de l’OMC ;
  2. Les subventions et les crédits d’impôts prévus dans le texte concomitants aux écarts de prix de l’énergie entre les Etats-Unis et l’Europe créent un gap de compétitivité que rien, ou si peu, en Europe ne concurrence. Le risque d’une désindustrialisation massive est majeur. Le cycle de réindustrialisation de la France, entamé en 2016, sera nécessairement stoppé net si rien n’est fait malgré les annonces récentes et les efforts quotidiens de la BPI. L’indice de production en France a chuté de 2,5% en octobre dernier malgré une année finalement assez stable. Ouf ! (source : countryeconomy.com) ;
  3. Il y a une bonne nouvelle pour la planète dans ce texte : les Etats-Unis accélèrent dans leur transition énergétique. Ils proposent cependant une stratégie radicalement opposée à l’UE. Les premiers se veulent incitateurs, la seconde contraignante. Là où les Etats-Unis hérissent des barrières non tarifaires, l’UE crée une taxe carbone à ses frontières. Là où les Etats-Unis privilégient l’emploi sur leur sol, l’UE impose des quotas d’émission de C02 à ses industriels et les incite à partir. Aux Etats-Unis, c’est le contribuable qui financera la transition énergétique. En Europe, ce sera majoritairement le consommateur qui règlera la facture de l’inflation induite.

Nous mesurons encore à peine les répercussions des 24 février et 16 août 2022. Mais retenez ces deux dates, pas seulement la première.

Un jour la guerre en Ukraine cessera. C’est là mon premier vœu pour 2023. Que cette horreur prenne fin au plus tôt et que la paix retrouvée apporte avec elle ses bonnes nouvelles. Peut-être alors l’Allemagne se réapprovisionnera-t-elle en gaz russe. Peut-être nous aussi. Peut-être le prix des énergies deviendra-t-il de nouveau soutenable. Peut-être le cycle de réindustrialisation du pays reprendra-t-il ses droits. Peut-être d’ici là aurons-nous eu la bonne idée de découpler prix du gaz et prix de l’électricité sans attendre la fin des hostilités.

C’est là mon deuxième vœu. Que l’UE réorganise au plus tôt son marché de l’énergie et découple prix du gaz et prix de l’électricité. C’est là la méthode la plus efficace sans investir un seul €uro dans nos infrastructures vieillissantes pour faire baisser durablement le prix de l’électricité sur notre sol. Cette décision est du ressort de Bruxelles, mais ce serait bien que Paris mette tout son poids dans la balance. Il en va de la survie à moyen terme de ce qui reste de notre industrie.

L’UE a-t-elle les moyens de mettre 400Md€ en face des 400Md$ de l’IRA ? Peu probable même si elle a prouvé qu’elle en était capable pendant le confinement en mutualisant 750Md€ de dette. L’UE envisage-t-elle de jouer les nouvelles règles du jeu mondial du commerce imposées par les Etats-Unis avec l’IRA? Moins probable encore tant nous avons bâti notre projet commun sur une certaine idée du libre-échange et du droit et que nous avons en horreur l’installation de rapports de force. Alors permettez-moi de souhaiter pour 2023 que l’Union Européenne se réveille tout simplement.

Que dans nos idéaux louables d’une zone géographique neutre en carbone à l’horizon 2050 décrits dans le Green Deal de 2019 et le « Fit for 55 » de 2021, nous puissions aussi continuer d’espérer une Europe prospère sur le plan industriel, commercial et social. Nous en bénéficierons tous, surtout et d’abord nos enfants.

Je vous souhaite à tous, à vos proches et à vos équipes une belle, douce et heureuse année 2023. Et du travail, car vous l’aurez compris, il y a de quoi se remonter les manches !

Martin