Automobile européenne : le constat de Vincent Cobée

L’automobile européenne traverse une crise profonde — un constat que pose sans détour Vincent Cobée, ancien directeur général de Citroën, dans l’épisode #147 du podcast Histoires d’Entreprises. Aux côtés de l’animateur Martin Videlaine, Cobée dresse un tableau sans concession : celui d’un secteur automobile, jadis pilier de l’industrie et de l’emploi en Europe, aujourd’hui fragilisé par la désindustrialisation, la compétition internationale, et des choix stratégiques qui peinent à redresser la barre.

Quelles sont les grandes thématiques abordées dans l’épisode ?

Origine et intensité de la crise de l’automobile européenne

Pendant des décennies, l’industrie automobile a été un pilier de l’économie européenne. C’était l’un des premiers employeurs industriels, un contributeur central aux finances publiques et un acteur structurant dans de nombreuses régions. Aujourd’hui, cette base s’effrite. Usines qui ferment, chaînes de valeur qui s’éloignent, compétences qui se perdent : Vincent Cobée souligne que l’Europe vit un recul industriel profond, dont l’automobile est l’un des symboles les plus visibles.

Cette fragilité n’est pas qu’un phénomène récent. Elle résulte d’un cycle long, entamé depuis des années, marqué par la montée de nouvelles puissances automobiles et par une perte de compétitivité progressive des acteurs européens.

Désindustrialisation et illusions de redressement

Dans l’épisode, Martin Videlaine revient sur une période où il pensait percevoir un frémissement positif : davantage d’ouvertures que de fermetures de sites industriels. Mais ce rebond fut de courte durée. Selon Vincent Cobée, l’automobile européenne continue de perdre du terrain. Les gains observés ponctuellement n’ont pas suffi à compenser la tendance structurelle au déclin.

Les causes sont multiples : coûts de production élevés, dépendance à des composants importés, retards technologiques ou encore manque de vision à long terme. Tout cela rend les constructeurs européens particulièrement vulnérables dans un marché mondial devenu extrêmement compétitif.

Concurrence mondiale et transformation des marchés

Une grande partie de la pression qui pèse sur l’automobile européenne vient de la concurrence internationale. Les producteurs asiatiques, qui maîtrisent mieux les coûts et les nouvelles technologies, ont gagné du terrain. L’électrification du marché, loin d’être une simple opportunité, est devenue une course aux investissements.

À cela s’ajoutent des utilisateurs dont les attentes changent : volonté de réduire l’usage de la voiture individuelle, recherche de nouvelles mobilités, attention accrue à l’impact écologique. Les constructeurs européens doivent donc réinventer simultanément leurs produits, leurs technologies et leurs modèles économiques.

Enjeux sociaux, territoriaux et de souveraineté

L’épisode insiste également sur les conséquences sociales et territoriales. Quand une usine automobile ferme, ce sont des milliers d’emplois qui disparaissent directement ou indirectement. Des régions entières peuvent basculer économiquement. Pour Vincent Cobée, la question dépasse largement la seule industrie : elle concerne la cohésion sociale, la souveraineté industrielle et la capacité de l’Europe à décider de son propre avenir technologique.

Qui est Vincent Cobée, ancien DG de Citroën ?

Un parcours international au sein de grands groupes automobiles

Diplômé de grandes écoles d’ingénieurs et de management, Vincent Cobée débute sa carrière à l’international. Il rejoint Nissan où il occupe des postes en Europe puis au Japon, avant de diriger la marque Datsun. Il occupe ensuite des responsabilités au sein de l’alliance Nissan–Mitsubishi.

À la tête de Citroën puis tourné vers de nouveaux projets

Il devient directeur général de Citroën au début des années 2020, dans une période de transformation majeure du secteur. Son départ quelques années plus tard lui permet d’avoir une parole plus libre et analytique sur l’avenir du marché automobile européen. Il s’oriente ensuite vers des entreprises plus agiles, notamment dans les technologies énergétiques.

Ce qu’il faut retenir du constat de Vincent Cobée

• L’automobile européenne reste un secteur essentiel mais est désormais profondément fragilisé.
• La désindustrialisation est ancienne et structurelle : elle ne s’inverse pas spontanément.
• La concurrence mondiale impose une transformation technologique difficile à financer.
• La perte d’usines entraîne des conséquences sociales majeures dans les territoires.
• Pour Vincent Cobée, un débat profond doit être mené sur les choix industriels de l’Europe.

À propos du podcast Histoires d’Entreprises

Comprendre ce qui a fait grandir les sociétés dans le temps long pour mieux les faire grandir demain, c’est tout l’enjeu d’Histoires d’Entreprises. Avec Histoires d’Entreprises, Martin Videlaine va au contact de fondateurs et de dirigeants d’entreprises et d’associations qui racontent pourquoi et comment leur organisation est née, a grandi ou s’est transformée. Le podcast explore leurs réussites, leurs échecs et leurs visions du futur.

Vous pouvez écouter l’épisode sur : https://www.histoiresentreprises.com/