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par Ghita Lahlou et Martin Videlaine, Managing Directors
No bullshit jobs !
Si l’on s’intéresse aux bouleversements en cours du monde du travail, il faut lire ou relire Karl Marx. Il est un des tous premiers penseurs à avoir opposé travail et capital. Etre indépendant, c’est travailler exclusivement à son propre capital matériel et immatériel par son travail. Etre indépendant, c’est réconcilier les pensées aussi opposées que celles de Adam Smith ou Marx.
Toutes les idées de Marx ne sont pas bonnes à prendre. Il a inspiré certains des régimes autoritaires les plus durs du siècle dernier. Mais l’émergence des indépendants et les nouvelles attentes des salariés imposent de relire Marx pour mieux répondre à une question simple : comment mieux travailler au XXIème siècle ? Laetitia Vitaud l’a fait et a entrepris bien plus. Nourrie d’une bibliographie particulièrement riche et écrite de 1800 à nos jours, elle vient de publier sous les éditions Calmann Levy son premier livre sur la révolution du travail dans le monde : Du labeur à l’ouvrage. Si Marx qu’elle cite à plusieurs reprises risque de vous ennuyer et de ne pas remplacer une série sur Netflix ou un bon roman le soir avant de vous endormir, croyez-nous sur parole, Laetitia vous captivera mais sans probablement faire le poids face à GOT ou autre série célèbre pour ses messages de paix et de douceur…
Du labeur à l’ouvrage décrit avec des mots choisis, précis, pesés, sans jamais tomber dans l’extrémisme « la crise du labeur » que le libéralisme connaît en ce moment. La première partie se termine ainsi : « Le monde du travail est en crise car le contrat fordiste qui rendait la division du travail, la subordination et la relative aliénation acceptables se fissure. Les contreparties du labeur au XXème siècle – stabilité de l’emploi, promesse d’enrichissement, […], sécurité sociale, etc. disparaissent peu à peu ». Ce ne sont pas les réformes de la retraite et de Pole Emploi en cours qui viendront la contredire. Pour mieux comprendre ce qui se trame aujourd’hui, nous plongeons tout d’abord dans l’histoire économique et sociale du dernier siècle. Du labeur à l’ouvrage nous rappelle ainsi que la forme de travail la plus répandue aujourd’hui, le salariat, n’a pris une place prépondérante que depuis quelques décennies, au moment de l’émergence de la taylorisation du travail qui alla de pair avec la décroissance de l’artisanat.
Indépendants ou salariés, nous cherchons tous aujourd’hui dans le travail l’autonomie, le sens et la maîtrise de ce que nous réalisons. Daniel Pink le raconte très bien, études à l’appui, dans une vidéo que je projette dès que je le peux à ceux d’entre vous que nous rencontrons. Elle est ici. Qui mieux que l’artisan qui est autonome, sait pourquoi il travaille et maîtrise les techniques de production et de vente de ses propres produits ? De l’artisan à l’indépendant, il n’y a qu’un pas que l’auteur franchit. Elle connaît très bien les problématiques et celles des plateformes qui sont ses clients comme Welcome to the Jungle.
Plus on se rapproche de la conclusion, plus les études auxquelles Laetitia se réfère sont récentes et plus nous visitons les US les UK. Plus nous en apprenons aussi sur des sociétés, la plupart des plateformes en tous genres dont nous ne soupçonnions même pas l’existence. Certaines ont déjà disparu tant l’activité numérique va vite. Proches de nous, c’est WeWork qui devait réinventer les locaux du travail de demain qui joue sa survie en ce moment. Uber dont le modèle dans les transports n’a pas encore trouvé son équilibre économique se diversifie dans l’interim. Laetitia ouvre quelques fenêtres sur le futur au travail. D’après elle, il reposera davantage sur les services et de plus en plus sur les services de proximité. Les salariés fuiront les Bullshit Jobs et d’autres deviendront indépendants.
Laetitia théorise le futur et prête donc le flan à la critique. Nous y voyons une forme de courage intellectuel. Les anciens consultants que Ghita et moi sommes auraient aimé par exemple davantage de chiffres. Cela aurait renforcé sa démonstration dont la preuve par les exemples, fussent-ils nombreux, n’a pas suffi à nous convaincre totalement que les services de proximité auront l’importance que l’œuvre leur accorde. Enfin, les problématiques liant environnement et travail marquent par leur relative absence. Mais Du Labeur à l’ouvrage nous livre une pensée riche, structurée, équilibrée et osons le mot, un peu visionnaire, de ce que sera le monde du travail de demain. Et puis nous avons aimé la conviction empreinte d’ouverture d’esprit qui anime Laetitia. Elle est ce qu’elle prédit : autonome, libre et artisane de sa vie professionnelle.
Faire travailler autrement les salariés en leur donnant davantage d’autonomie et de sens, voilà un des plus grands défis qui permettront aux entreprises comme celles que vous dirigez d’attirer et de retenir les meilleurs talents, et par là de grandir face à vos concurrents.
Faire travailler ensemble salariés et indépendants/managers de transition sera également au cœur des défis des entreprises. On ne choisit pas un manager de transition ou un consultant indépendant comme on recrute ou que l’on choisit un cabinet de conseil. Plus important encore, le partage des missions, des responsabilités, des données, des outils d’entreprise et des livrables entre salariés et indépendants impose une réflexion d’ensemble qui tombera de plus en plus dans le périmètre des DRH. Nous pouvons évidemment vous accompagner dans le domaine. Comme Samuel Durand qui du haut de ses 25 ans a fait le tour du monde des plateformes et que nous avons rencontré pour vous. Vous en trouverez le portrait ci-après.
A bientôt,
Ghita & Martin