Drôle de campagne

Comme vous je suppose, je suis quelques débats, lis certains points de vue et partage ou au contraire m’irrite d’analyses en tous genres. Mais le sentiment qui me prédomine depuis quelques semaines, c’est celui de vivre une drôle de campagne présidentielle.

D’abord parce qu’omicron et ses cousins monopolisent encore l’attention de tout un chacun et empêchent malgré nous de discuter d’autre chose. Nous en sommes encore à nous demander dans quelles circonstances nous pourrons revenir au bureau, porter un masque ou montrer notre pass plutôt qu’à nous demander quel futur donner au pays, à nos entreprises et à l’emploi en particulier. Drôle de campagne tout de même.

Notre Président actuel se déclarera bientôt, mais ce sera vraisemblablement trop tard pour opposer sereinement sa vision, ses objectifs et le chemin qu’il souhaite nous faire prendre contre ceux de ses concurrents. Et puis il y a une forme d’incertitude sur la capacité de certains candidats déclarés à rassembler le nombre suffisant de signatures d’élus pour valider leur candidature. Cette incertitude est dommageable à la démocratie et entretient une défiance envers la chose politique qui se passerait volontiers de ce nouveau motif de désamour. Il serait bon que de nouvelles règles puissent avancer les échéances clés préalables à l’élection la plus importante du pays. Drôle de tempo cette campagne.

En l’absence du plus centriste des candidats, du plus modéré, du plus réformateur ou du plus immobile, c’est selon, la part belle de sons et d’images est donc donnée aux extrêmes de tous bords dont je rappelle ici qu’ils représentaient en 2017 environ 40% de l’électorat français. Si comme moi vous avez suivi la dernière prestation télévisée de M. Mélenchon, les 3 heures d’entretiens successifs vous auront laissé probablement le goût amer de propos violents parfois même insultants. Les divergences de fond justifient-ils une forme aussi caricaturale ? Certainement pas. Drôle de campagne.

En l’absence du centre et une fois écartés les extrêmes de tous bords ou ceux s’en approchant, tournons-nous quelques instants vers les deux rivaux historiques aux drapeaux rose ou bleu. La gauche s’est perdue depuis quelques années, elle n’a fait que trouver tout récemment une nouvelle candidate. A droite, le projet vient tout juste d’être modifié. Ces changements de fond à quelques semaines du premier vote envoient un message de manque de conviction et de vision, à défaut d’un réel travail de fond qui aurait dû être fait depuis longtemps. Vraiment, drôle de campagne.

Enfin, M. Jadot et M. Zemmour nous rappellent respectivement à juste titre l’importance de l’environnement et de l’histoire, mais ils ont en commun avec les autres candidats déclarés ou pas de minorer ou de passer sous silence « le vrai Etat [économique] de la France ». C’est le nom du dernier ouvrage d’Agnès Verdier-Molinié qui dirige la fondation iFrap, think tank dédié à l’analyse des politiques publiques. En 7 chapitres qui se lisent chacun en quelques minutes, Mme Verdier-Molinié fait un diagnostic sans concession de l’économie de notre pays. Dans l’ensemble, à quelques exceptions près comme le chômage, les indicateurs ne vont pas dans la bonne direction. Ce débat est pour l’instant franchement absent sauf depuis que l’UIMM est descendu dans l’arène pour demander une baisse massive des impôts de production le 30 janvier dernier. Drôle de campagne où une voix comme celle de Mme Verdier-Molinié semble encore crier dans le désert.

Il y a bien sûr à redire sur l’ouvrage de l’économiste, mais Mme Agnès Verdier appuie là où cela fait mal et où notre attention devrait entre autres se porter. La France est le 23^ème pays en richesse par habitant et je le rappelais dans ces lignes il y a quelques semaines, notre position dans ce classement diminue année après année. La richesse par habitant décroît relativement aux autres pays, il n’y a donc rien de surprenant à ce que les Français se préoccupent d’abord de leur pouvoir d’achat.

Le dernier chapitre de le vrai Etat de la France est consacré à une liste de propositions de chantiers à lancer. Et puis c’est suffisamment rare pour être souligné, l’auteur en chiffre certains. BlueBirds vous propose de vous positionner par rapport aux 16 premiers d’entre eux qui sont exclusivement d’ordre économique en répondant au questionnaire en ligne sur le lien suivant par « D’accord », « Plutôt d’accord », « Plutôt en désaccord », « En désaccord » : https://forms.office.com/r/5FNjxH1WrU

Nous partagerons les résultats le mois prochain.

A défaut de partager les propositions de Mme Verdier-Molinié, nous espérons que ce questionnaire vous aidera dans votre choix de bulletin le 10 avril prochain.

Et peut-être qu’en écoutant « Histoires d’Entreprises » notre podcast tout récemment lancé, vous vous rallierez à la proposition de l’UIMM en faveur de la réindustrialisation du pays. Ou pas !

Martin