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Spécialiste du secteur financier et tout particulièrement des banques et assurances, le quadragénaire – quand il ne s’occupe pas de projets de transformation dans le cadre de fusions-acquisitions – parcourt la nature. Une passion discrète qui l’a récemment poussé à se former et s’impliquer dans le monde agricole.
David Guerineau est un homme de conviction et de concision. La voix est grave, posée, étudiée. Jamais un mot plus haut que l’autre. Jamais une phrase non essentielle à son propos. Un léger haussement de sourcil ou une moue amusée vous aiguille sur la mécanique complexe de son cerveau. Un savant mélange de mystère et de maîtrise, saupoudré d’une pointe de rigueur, qui font naître une aura tout en retenue. À 45 ans, le consultant à la carrure de rugbyman a déjà vécu plusieurs vies et s’en prépare non pas une, mais deux nouvelles.
Originaire de Touraine après une enfance sans histoire et au milieu de la nature, il intègre l’ESCEM avec un passage par l’université de Hertford en Angleterre. À la suite de plusieurs expériences dans la gestion de projets, il rejoint les effectifs de McKinsey en tant qu’analyste et fait ses premières armes dans le consulting « avec la fougue de la jeunesse ». Touche à tout, curieux de nature et ne redoutant pas les défis, le jeune consultant financier enchaîne les opportunités. « Quand un client fait appel à une grosse écurie, il vient chercher une marque et une garantie. Quand il se rapproche de cabinets en devenir, c’est avant tout une histoire d’hommes et ça, ça me plaît. » Il est donc recruté par Atos Consulting, alors en pleine croissance, et développe ses connaissances sur les secteurs bancaires et assurantiels, puis par PwC (“Price” pour les intimes) en tant que senior manager en 2006.
Le plan de continuité d’activités, ça vous inspire ?
C’est là qu’il acquiert une compétence complémentaire très particulière : la conception des plans de continuité d’activités dans l’univers financier, puis dans d’autres secteurs. « À l’époque, la règlementation en imposait un dans les banques. Mais la vérité, c’est que ce sujet était plus abordé comme un exercice réglementaire, plus que comme un outil d’analyse du niveau de robustesse et d’efficacité.” Si le sujet paraît franchement aride, il est aussi extrêmement stimulant intellectuellement : “Il faut balayer et comprendre toute l’organisation et son marché. Si une catastrophe se produit, que faut-il faire ? S’il y a un arrêt des systèmes, quel service doit être relancé en priorité ? Comment, avec quelles personnes et selon quelles procédures ?”
En 2011, devant le succès de ses missions dans le secteur bancaire, il décide de se jeter à l’eau et de lancer son activité. Il opère « avec beaucoup d’humilité » comme indépendant dans un premier temps, puis en se regroupant avec un jeune cabinet de consultants. « Mais je n’aime pas trop ce terme d’indépendant : ça sous-entend qu’on passe de mission en mission comme une puce qui passerait de client en client. Moi, je me projette sur le long terme comme un accompagnant, comme un appui avec une vue transverse, capable de fédérer des gens qui veulent avancer dans la même direction mais qui ne parlent pas nécessairement le même langage. »
Une telle expertise attire les convoitises et David Guerineau se fait remarquer au bout de quelques années. La banque Martin Maurel, un fidèle client, lui fait une offre en 2016. De celle qu’on ne refuse pas : il est nommé à la tête de plusieurs directions (digital, back-office titres, organisation, informatique…), et participe activement au pilotage de la fusion avec la banque Rothschild & Co . « Je n’ai pas hésité. Aider ce genre d’entreprises avec un actionnariat familial, une évolution raisonnée et qui défendent des valeurs de loyauté et d’excellence, c’est un terrain de jeu assez incroyable. »
De Rothschild-Martin Maurel à G. Field
En 2020, David Guerineau décide de reprendre les choses là où il les avait laissées. Il relance son cabinet sous un nouveau nom : G. Field. Un nom en référence aux projets « greenfield », centré sur les innovations plutôt que sur des contraintes préexistantes. Il cible les grands groupes financiers et propose une offre de services basée sur les projets de transformation d’entreprises, d’intégration de fusions et de définition de plans stratégiques autour de la digitalisation des process internes, l’optimisation des process clients, le développement de nouvelles activités… Depuis peu, il se tourne également vers le secteur agro-alimentaire.
Quel rapport me demanderez-vous ? Et bien à ses heures perdues, David Guerineau, l’amoureux de la nature, prépare aussi un projet de plus long terme dans l’agriculture. Il a récemment terminé un cursus en cours du soir avec Agrosup. Oui, rien que ça. Convaincu que pour comprendre ce secteur, il faut bien plus que des notions pour être crédible. Non, ce n’est pas un hobby dont on parlerait pour se vanter en société mais bien un domaine qui lui est cher. Un jardin secret dont il hésite presque à parler : « C’est un secteur essentiel, passionnant et en pleine mutation, qui appelle de plus en plus de compétences de gestion et d’organisation pour répondre aux exigences du marché, mais aussi beaucoup de curiosité pour les nouvelles techniques et la technologie. »
Loin des stéréotypes, David ne va pas tout plaquer pour conduire une moissonneuse-batteuse au milieu des champs de céréales (bien qu’il sache le faire). Il envisage de consacrer une partie de son temps pour s’impliquer dans ce domaine, d’autant qu’il existe de nombreuses accointances entre le secteur financier et l’agriculture. « Aujourd’hui, il faut maîtriser ses coûts, les enjeux environnementaux et comprendre les aspirations du monde paysan. Celles d’hommes conviviaux, qui font vivre la terre et défendent une tradition et des valeurs. » David veut apporter sa pierre à l’édifice. Et pour cela, il fera ce qu’il a toujours fait : fidèle à lui-même et à ses convictions. Les pieds sur terre et la tête dans les chiffres.