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Passé par Hermès et Fendi, Julien Grisillon, à la fois directeur financier, contrôleur de gestion et auditeur, est aujourd’hui manager de transition. Par amour de ces grandes maisons du luxe. Un univers feutré où la plus grande des exigences est mise au service de l’élégance et de pièces d’une qualité exceptionnelle.
Connaissez-vous la différence fondamentale entre Fendi, Chanel ou encore Hermès ? Le premier est un fourreur, le deuxième est une maison de création, le troisième un maroquinier. Les détails ont leur importance et personne ne le sait mieux que Julien Grisillon. À 51 ans, le directeur financier et manager de transition peut se targuer d’une carrière caractérisée par la rigueur et l’ambition, l’amour des belles choses et le respect de certaines valeurs. “Dans ces grandes maisons, on cultive la discrétion, la courtoisie et l’idée de continuité avec une identité d’origine. C’est quelque chose qui me correspond bien”, souligne-t-il en réajustant ses grandes lunettes carrées qui mettent en valeur ses traits fins et sa raie de côté. Derrière son écran d’ordinateur, le look un poil vintage de Julien Grisillon est étudié. Ici, on ne porte pas un vieux pull trouvé en urgence au fond d’un placard. Chandail en laine fine vert olive, sur une chemise bleu clair, le tout parfaitement coupé. Il ne s’agit pas d’impressionner, mais bien de se fondre dans le décor au sens noble du terme.
Pourtant, au départ, rien ne prédestinait le jeune angevin à une carrière dans ce type d’entreprise. Issu d’une bonne famille du grand Ouest, biberonné à la voile – sa grande passion dans la vie – Julien Grisillon suit un parcours étudiant classique sans trop se poser de questions. Après une prépa HEC, il rejoint l’ISC Paris en 1995 et se spécialise en audit financier, la voie royale de l’époque. “C’est un métier transverse qui permet d’être au cœur de la compréhension des flux humains et financiers d’une entreprise. Mais il faut bien distinguer le métier en entreprise et en cabinet. En cabinet, l’organisation est pyramidale et militaire. On enchaîne les missions de court terme, ce qui permet d’acquérir rapidement une connaissance approfondie de certains secteurs de l’économie et une maturité professionnelle”, analyse le spécialiste de la finance. Il passe deux ans chez Ernst & Young Audit à Nantes, avant d’être recruté chez PricewaterhouseCoopers Audit à Paris où il passe cinq ans au pôle automobile et services comme manager.
Le monde pour horizon
En 2005, il est débauché par Hermès pour prendre en main l’audit interne du groupe. “L’idée était de renforcer l’analyse du prix de revient industriel et d’auditer l’ensemble des filiales du groupe, notamment pour s’assurer sur place des procédures d’inventaire et de la bonne gestion du cash et des stocks dans toutes les succursales.” Séduit par cette proposition qui sort des sentiers battus et qui lui permet de voyager dans le monde entier, Julien se laisse tenter par l’aventure. Deux ans plus tard, il est promu à la direction financière du groupe où il s’occupe du contrôle financier pour la zone Asie-Pacifique, le pôle de tannerie des peaux précieuses et la Montre Hermès, entre autres.
En 2010, à la faveur d’une rupture conventionnelle dans un contexte de réorganisation interne, Julien quitte Hermès pour Fendi, fraîchement racheté par LVMH, où il prend la direction financière et administrative Europe de la marque italienne en plein repositionnement. L’ambition est de faire de Fendi une référence, avec une ouverture massive de boutiques. Pendant trois ans, il enchaîne les semaines à Rome, Paris et Londres, tout en gérant un arrêté des comptes par mois. “C’était passionnant mais je reconnais que je les ai quittés fatigué”, s’amuse l’intéressé.
La transat, un rêve de gosse
Nous sommes fin 2013 et pour la première fois de sa vie, Julien a du temps pour lui. Il va en profiter pour réaliser un rêve de gosse : faire une transatlantique. Six semaines de navigation à la voile pour ramener en métropole un voilier de course au départ de la Martinique. Un voyage initiatique, “spirituel”, qui lui permet aussi de prendre du recul entre les longues heures à la barre par un froid glacial et les tempêtes où l’on a peur de perdre un coéquipier emporté par une vague submersion. Le retour à la réalité est d’autant plus difficile qu’il est recruté dans un fonds d’investissement dont les valeurs ne lui correspondent pas du tout. Les “cowboys” de la finance, très peu pour lui.
Quelques mois plus tard, il reçoit une proposition du groupe de lingerie Simone Pérèle. Il en devient le directeur administratif et financier où il reçoit pour mission de mettre en place le contrôle de gestion et la consolidation comptable. “Tout l’enjeu était de rationaliser les pratiques financières, qui étaient presque les mêmes qu’à la fondation de la société. C’est souvent le cas dans les entreprises familiales”, explique Julien. En 2019, après la crise des Gilets jaunes où les grands magasins ferment boutique pendant des mois, la marque est en difficulté et les actionnaires sont particulièrement sous pression. Le directeur financier préfère poursuivre sa route ailleurs : “C’est toujours compliqué de quitter une entreprise. Vous y créez forcément des liens, vous y avez des attaches. En tout cas, c’est toujours le cas pour moi.”
Et c’est comme ça, un peu par hasard, que Julien Grisillon devient manager de transition. “Ce n’était pas une fin en soi. Je cherchais du travail et un cabinet m’a contacté directement pour me proposer une mission. Je me suis laissé tenter.” Il assure la transition du CFO pour le groupe Lacelier – de la lingerie encore – pendant presqu’un an. L’entreprise propose d’ailleurs de l’embaucher, mais Julien préfère refuser. “Être manager de transition m’a permis de profiter d’une autonomie que je n’aurais jamais eue si j’avais été directement employé par le groupe.” Une nouvelle façon de travailler qui fait sens, à tel point que pour le moment, Julien Grisillon a décidé de poursuivre sur cette voie. Ces jours-ci en partenariat avec BlueBirds, il est directeur du contrôle de gestion chez Chanel le temps d’un congé maternité. Une opportunité en or, blanche et noire, à côté de laquelle seul un fou passerait son chemin. “Dans ces grandes maisons, l’élégance est au centre de tout. Que ce soit dans les collections de prêt-à-porter ou dans les rapports humains. On vise l’excellence et c’est tout. C’est ce qui fait sens pour moi.”