Edito Septembre 2020 : La rentrée en confiance

La rentrée en confiance

Nos pays respectifs n’ont jamais été autant visités cet été par leurs concitoyens. De Berck à Cassis, de Neuf-Brisach à Ploumanac’h, de Oujda à Dakhla, de Fes à Essaouira, nous avons presque tous découvert ou redécouvert les vacances sans avion et sans passage de frontière. Une raison de plus pour se souvenir de 2020. Car trois années marqueront les deux premières décennies du XXIème siècle : 2001, 2008 et 2020. Nous nous souvenons tous où nous nous trouvions le 11 septembre 2001, les Français se souviendront tous du lieu où ils ont écouté le Président de la République annoncer le confinement le 16 mars dernier. C’était il y a déjà 6 mois.

Tout l’enjeu est donc maintenant de se projeter dans cette rentrée si particulière dont on ne sait pas vraiment où elle nous mènera hormis dans certains secteurs maintenant identifiés qui ont bénéficié de la crise (ex : retail alimentaire sur certains formats) ou au contraire dont nous savons qu’ils mettront plusieurs années à se remettre (ex : aerospace). L’incertitude est sur toutes les lèvres. Pour la plupart d’entre vous, et NC Partners On Demand n’échappe pas à la règle, il a fallu refaire les budgets tout en s’apprêtant à revoir sa copie dans quelques semaines. 

Plusieurs indépendants et clients nous appelé la semaine passée en nous demandant un état du baromètre de l’activité. Notre perception du marché se résume en quelques mots. Nous constatons une reprise des demandes de nos clients et prospects en volume sans que ces sollicitations soient au niveau de l’année dernière à la même époque, le mix de demandes à fortement évolué vers des questions de bottom line et de digitalisation des process. Enfin, le mix de volumes des demandes selon les secteurs n’a plus grand-chose à voir à ce qu’il était avant mars dernier. 

Nous sommes résolument confiants pour les douze prochains mois : NC Partners On Demand a construit un budget en croissance. Nous sommes convaincus que de nombreux drivers de croissance continueront de soutenir le marché du freelancing à haute valeur ajoutée (conseil, management de transition) et à notre humble niveau, nous avons encore de nombreux leviers à activer pour mieux vous servir. 

En U, en L ou W, les douze prochains mois seront sans nul doute une période de reprise. Il s’agit pour nous tous de nous y préparer et dans une certaine mesure, de la provoquer. C’est ce que nous indique Richard H. Thaler dans ses travaux de recherche sur l’économie comportementale qui lui ont valu le prix Nobel en 2017. Son best-seller : Nudge. Le résumé est ici. A lire si vous vous intéressez à l’économie ou plus simplement que vous recherchez à influencer les processus de décision de votre entourage et de vos clients. 

Finalement donc, les mois prochains ne sont pas totalement incertains. Nous souhaiterions tous retrouver le niveau d’activité pré-mars. Hormis dans quelques secteurs, ce ne sera pas le cas. De façon presque certaine, le PIB en France devrait perdre 10% environ cette année d’après le Ministère de l’Economie, des Finances et de la Relance et, de façon presque certaine également, il devrait croître l’année prochaine de l’ordre de 4% à 7% selon les sources. C’est ce qui nous amène à regarder le futur proche avec une confiance mesurée et à vous inviter à faire de même.

Le futur économique et social lointain, lui, est évidemment plus délicat à dessiner. Le Plan de Relance annoncé par le 1^er Ministre donne des priorités sur les deux prochaines années et sa première qualité est d’avoir obtenu un satisfecit de la plupart des acteurs qui ont contribué à son écriture. 40Md€ des 100 Md€ prévus seront financés sous forme de subvention par l’Europe et la dette qu’elle va émettre pour la première fois de son histoire. Nous avons collectivement fait un pas de plus dans l’intégration européenne cet été. Mais 100Md€ sur 2 ans pour relancer un PIB français de l’ordre de 2500 Md€, nous parlons ici d’une enveloppe d’environ 2% de PIB. Avec un tel niveau relatif, le Plan de Relance n’a pas les moyens de redéfinir structurellement le paysage économique et social en France à long terme.

Le temps long, voilà une petite musique qui commence à faire des émules. La France dispose désormais d’un Haut-Commissaire au Plan. (Le dernier datait de 2006). Le Président a choisi un homme politique, il changera donc à la prochaine alternance : c’est le paradoxe du poste alors qu’il est justement censé aider à se projeter dans le temps long. Mais le signal est bon. Le discours du nouveau-né Front Populaire s’inscrit également dans une analyse du temps long. On peut ne pas partager les idées du mouvement, mais en mettant en avant le thème du souverainisme, M. Onfray pose la question du rôle des frontières de nos pays et de l’Europe, en particulier dans les domaines économiques et sociaux. Les lois extraterritoriales des Etats-Unis leur permettent par exemple d’avoir accès à nos données par le CLOUD Act ou de s’opposer à la construction d’un gazoduc entre l’Allemagne et la Russie, Nord Stream 2. Derrière le bras de fer engagé par les Etats-Unis contre Tik-Tok et son actionnaire, il y a la prise de conscience par l’administration américaine du risque que les données de leurs citoyens soient exploitées par le gouvernement chinois. On comprend nos voisins outre Atlantique : ils craignent que les chinois n’agissent comme eux ne le font déjà en dehors de leurs frontières.

Le futur économique et social lointain sera structuré par les grandes tendances mondiales en cours : l’écologie, le digital, l’automatisation, la révolution du travail, le sens donné à l’activité et la refonte des chaînes de valeurs. Mais le temps long de nos entreprises et du travail sera également structuré par les frontières, cette ligne que nous n’avons pas traversée cet été pour profiter de vacances dans notre pays natal. Il a fallu un virus sans passeport pour en prendre pleinement conscience. 

Nous vous souhaitons une excellente rentrée : regardez-les prochains mois avec confiance, ils vous sembleront d’autant plus beaux. 

Ghita & Martin